[2,9] (1) Κλεομένης ὁ Λεωνίδου τοῦ Κλεωνύμου παραλαβὼν τὴν βασιλείαν ἐν Σπάρτῃ Παυσανίαν
ἐμιμεῖτο τυραννίδος τε ἐπιθυμῶν καὶ νόμοις τοῖς καθεστηκόσιν οὐκ ἀρεσκόμενος. ἅτε δὲ ὄντι αὐτῷ
Παυσανίου θερμοτέρῳ καὶ οὐ φιλοψύχῳ ταχὺ τὰ πάντα ὑπὸ φρονήματος καὶ τόλμης κατείργαστο, καὶ
βασιλέα τε οἰκίας τῆς ἑτέρας Εὐρυδαμίδαν παῖδα ἔτι ἀνελὼν φαρμάκῳ διὰ τῶν ἐφορευόντων ἐς
Ἐπικλείδαν τὸν ἀδελφὸν μετέστησε τὴν ἀρχὴν καὶ τὸ κράτος τῆς γερουσίας καταλύσας πατρονόμους
τῷ λόγῳ κατέστησεν ἀντ᾽ αὐτῶν. ἐπιθυμῶν δὲ πραγμάτων μειζόνων καὶ ἀρχῆς τῶν Ἑλλήνων, ἐπέθετο
Ἀχαιοῖς πρώτοις, συμμάχους ἐλπίζων ἕξειν ἢν κρατήσῃ καὶ μάλιστα ἐμποδὼν οὐκ ἐθέλων εἶναί οἱ τοῖς
δρωμένοις. (2) συμβαλὼν δὲ περὶ Δύμην τὴν ὑπὲρ Πατρῶν, Ἀράτου καὶ τότε ἡγουμένου τῶν Ἀχαιῶν,
νικᾷ τῇ μάχῃ. τοῦτο Ἄρατον ἠνάγκασεν ὑπέρ τε Ἀχαιῶν καὶ αὐτῆς Σικυῶνος δείσαντα Ἀντίγονον
ἐπάγεσθαι. Κλεομένους δὲ παραβάντος ἣν πρὸς Ἀντίγονον συνέθετο εἰρήνην καὶ παράσπονδα ἐκ τοῦ
φανεροῦ καὶ ἄλλα δράσαντος καὶ Μεγαλοπολίτας ποιήσαντος ἀναστάτους, οὕτω διαβάντος ἐς
Πελοπόννησον Ἀντιγόνου συμβάλλουσιν Ἀχαιοὶ Κλεομένει περὶ Σελλασίαν. νικησάντων δὲ τῶν
Ἀχαιῶν Σελλασία τε ἠνδραποδίσθη καὶ αὐτὴ Λακεδαίμων ἑάλω. Λακεδαιμονίοις μὲν οὖν ἀπέδωκεν
Ἀντίγονος καὶ Ἀχαιοὶ πολιτείαν τὴν πάτριον· (3) τῶν δὲ Λεωνίδου παίδων Ἐπικλείδας μὲν ἀπέθανεν ἐν
τῇ μάχῃ, Κλεομένην δὲ φεύγοντα ἐς Αἴγυπτον καὶ τιμῆς παρὰ Πτολεμαίῳ πρῶτα ἔχοντα συνέβη
δεθῆναι, καταγνωσθέντα Αἰγυπτίων ἄνδρας ἐπὶ τὸν βασιλέα συνιστάναι. καὶ ἀπέδρα μὲν ἐκ τοῦ
δεσμωτηρίου καὶ τοῖς Ἀλεξανδρεῦσιν ἀρχὴν θορύβου παρέσχε· τέλος δέ, ὡς ἡλίσκετο, ἀπέσφαξεν
αὑτόν. Λακεδαιμόνιοι δὲ ἄσμενοι Κλεομένους ἀπαλλαγέντες βασιλεύεσθαι μὲν οὐκέτι ἠξίωσαν, τὰ δὲ
λοιπὰ καὶ ἐς τόδε διαμένει σφίσιν ἐκείνης τῆς πολιτείας. Ἀράτῳ δὲ Ἀντίγονος ἅτε ἀνδρὶ εὐεργέτῃ καὶ
συγκατειργασμένῳ λαμπρὰ οὕτω διέμεινεν εὔνους. (4) Φίλιππος δὲ ὡς παρέλαβε τὴν ἀρχήν —οὐ γὰρ
αὐτὸν Ἄρατος θυμῷ πολλὰ ἐς τοὺς ἀρχομένους χρώμενον ἐπῄνει, τὰ δὲ καὶ ὡρμημένον ἐπεῖχε μὴ
ποιεῖν—, τούτων ἕνεκεν ἀπέκτεινεν Ἄρατον, οὐδὲν προϊδομένῳ δούς οἱ φάρμακον. καὶ τὸν μὲν ἐξ
Αἰγίου —ταύτῃ γὰρ τὸ χρεὼν ἐπέλαβεν αὐτὸν— ἐς Σικυῶνα κομίσαντες θάπτουσι, καὶ τὸ ἡρῷον
Ἀράτειον ἔτι ὀνομάζεται· Φιλίππῳ δὲ καὶ ἐς Εὐρυκλείδην καὶ Μίκωνα Ἀθηναίους ὅμοια εἰργάσθη· καὶ
γὰρ τούσδε ὄντας ῥήτορας καὶ οὐκ ἀπιθάνους τῷ δήμῳ φαρμάκοις ἔκτεινεν. (5) ἔμελλε δὲ ἄρα καὶ αὐτῷ
Φιλίππῳ τὸ ἀνδροφόνον φάρμακον ἔσεσθαι συμφορά· τὸν γάρ οἱ παῖδα Δημήτριον ὁ νεώτερος τῶν
Φιλίππου παίδων Περσεὺς φαρμάκῳ διέφθειρε καὶ δι᾽ αὐτὸ καὶ τῷ πατρὶ ἀθυμήσαντι παρέσχεν αἰτίαν
ἀποθανεῖν. παρεδήλωσα δὲ τάδε ἀπιδὼν ἐς <τὸ> Ἡσιόδου σὺν θεῷ πεποιημένον, τὸν ἐπ᾽ ἄλλῳ
βουλεύοντα ἄδικα ἐς αὑτὸν πρῶτον τρέπειν.
(6) μετὰ δὲ <τὸ> Ἀράτου ἡρῷον ἔστι μὲν Ποσειδῶνι Ἰσθμίῳ βωμός, ἔστι δὲ Ζεὺς Μειλίχιος καὶ
Ἄρτεμις ὀνομαζομένη Πατρῴα, σὺν τέχνῃ πεποιημένα οὐδεμιᾷ· πυραμίδι δὲ ὁ Μειλίχιος, ἡ δὲ κίονί
ἐστιν εἰκασμένη. ἐνταῦθα καὶ βουλευτήριόν σφισι πεποίηται καὶ στοὰ καλουμένη Κλεισθένειος ἀπὸ
τοῦ οἰκοδομήσαντος· ᾠκοδόμησε δὲ ἀπὸ λαφύρων ὁ Κλεισθένης αὐτὴν τὸν πρὸς Κίρρᾳ πόλεμον
συμπολεμήσας Ἀμφικτύοσι. τῆς δὲ ἀγορᾶς ἐστιν ἐν τῷ ὑπαίθρῳ Ζεὺς χαλκοῦς, τέχνη Λυσίππου, παρὰ
δὲ αὐτὸν Ἄρτεμις ἐπίχρυσος. (7) πλησίον δὲ Ἀπόλλωνός ἐστιν ἱερὸν Λυκίου, κατερρυηκός τε ἤδη καὶ
ἥκιστα θέας ἄξιον. φοιτώντων γὰρ λύκων σφίσιν ἐπὶ τὰς ποίμνας ὡς μηδένα εἶναι καρπὸν ἔτι ἀπ᾽
αὐτῶν, ὁ θεὸς τόπον τινὰ εἰπὼν ἔνθα ἔκειτο αὖον ξύλον, τούτου φλοιὸν ἔχρησε τοῦ ξύλου καὶ κρέας
ὁμοῦ προθεῖναι τοῖς θηρίοις· καὶ τοὺς μὲν αὐτίκα ὡς ἐγεύσαντο διέφθειρεν ὁ φλοιός, τὸ ξύλον δὲ ἐκεῖνο
ἔκειτο μὲν ἐν τῷ ἱερῷ τοῦ Λυκίου, ὅ τι δὲ ἦν δένδρον οὐδὲ οἱ τῶν Σικυωνίων ἐξηγηταὶ συνίεσαν. (8)
τούτου δέ εἰσιν εἰκόνες ἐφεξῆς χαλκαῖ· τὰς Προίτου θυγατέρας λέγουσιν εἶναι σφᾶς, τὸ δὲ ἐπίγραμμα
ἐς γυναῖκας ἄλλας εἶχεν. ἐνταῦθα Ἡρακλῆς χαλκοῦς ἐστι· Λύσιππος ἐποίησεν αὐτὸν Σικυώνιος, καὶ
πλησίον Ἑρμῆς ἕστηκεν Ἀγοραῖος.
| [2,9] CHAPITRE IX.
Quand Cléomène, fils de Léonidas, fils de Cléonyme, fut devenu roi de Sparte,
il prit Pausanias pour modèle en cherchant à usurper une autorité tyrannique,
et à renverser les lois établies.
Doué d'un caractère plus ardent que Pausanias, et ne comptant les dangers
pour rien, il eut bientôt surmonté tous les obstacles par son courage et son
audace. Il empoisonna d'abord Eurydamidas, roi de l'autre branche, encore
dans l'enfance, et fit, par le moyen des Éphores, passer le trône à Euclide
son propre frère. Il dépouilla le Sénat de toute autorité, et pour en tenir lieu,
il établit un fantôme de magistrats, sous le nom de Patronomes. Il forma
alors de plus vastes projets; et, voulant soumettre toute la Grèce à sa
domination, il attaqua d'abord les Achéens, qu'il espérait avoir pour alliés,
s'il était vainqueur : il voulait surtout les empêcher de mettre obstacle à ses
desseins. Leur ayant livré bataille vers Dymé au dessus de Patras, il les défit
quoique commandés par Aratus; et celui-ci ayant conçu des craintes pour
les Achéens en général, mais plus particulièrement pour Sicyone, se vit
obligé d'avoir recours à Antigone. Cléomène venait de rompre avec ce
prince, en commettant ouvertement diverses infractions au traité de paix
qu'il avait fait avec lui, et en chassant les Megalopolitains de leur ville.
Antigone passa donc dans le Péloponnèse, et les Achéens, réunis à lui,
défirent Cléomène auprès de Sélasie, réduisirent les habitants de cette ville
en esclavage, et prirent même Lacédémone. Antigone et les Achéens
rendirent aux Lacédémoniens leur ancienne forme de gouvernement.
Quant aux fils de Léonidas, Euclide fut tué dans le combat, et Cléomène
s'enfuit vers Ptolémée, roi d'Égypte. Il y jouit d'abord de la plus haute
considération; mais ayant été convaincu d'avoir conspiré avec quelques
Égyptiens contre le roi, il fut enfermé. Échappé de la prison, il commença à
exciter quelques troubles à Alexandrie; à la fin, se voyant pris, il se tua lui-même.
Les Lacédémoniens, très satisfaits d'être délivrés de Cléomène, ne
voulurent plus avoir de rois : pour tout le reste, ils ont conservé jusqu'à ce
jour, leur ancienne forme de gouvernement. Antigone témoigna toujours
beaucoup de bienveillance à Aratus, comme à un homme qui lui avait
rendu de grands services et s'était signalé avec lui dans plusieurs occasions.
Mais Philippe étant monté sur le trône, ses emportements fréquents contre
ses sujets, ne plurent point à Aratus, qui s'opposa même quelquefois à ses
entreprises; et Philippe, pour se délivrer de lui, le fit empoisonner, sans
qu'il s'en aperçût. Les Achéens transportèrent son corps d'AEgium, où il était
mort, à Sicyone où ils lui donnèrent la sépulture, et ils lui érigèrent un
tombeau qu'on nomme encore maintenant l'Aratéum. Philippe se défit
également par le poison d'Euryclide et de Micon, orateurs Athéniens, qui
avaient quelque crédit sur le peuple. Ce poison dont l'usage lui était si
familier, devint dans la suite la cause de son malheur, Persée, le plus jeune
de ses fils, s'en étant servi pour faire périr Démétrius son frère. Le chagrin
que Philippe éprouva de cette perte fut la cause de sa mort. Cela prouve
bien la vérité de cette sentence, dictée à Hésiode par les dieux, que le mal
qu'on trame contre un autre, tourne souvent contre soi.
Après le monument héroïque d'Aratus viennent l'autel de Neptune
(Poséidon) Isthmius, la statue de Jupiter (Zeus) Milichius et celle de Diane
(Artémis) Patroa (la protectrice); elles sont faites sans aucun art, car Jupiter
(Zeus) Milichius ressemble à une pyramide, et Diane (Artémis) à une
colonne. Vous voyez dans le même endroit le Sénat, et un portique qui a
pris son nom de Clisthène, ce prince l'ayant fait bâtir du produit du butin
qu'il avait eu pour sa part dans la guerre que, de concert avec les
Amphictyons, il fit aux Cirrhéens. Il y a sur la place publique, en plein air,
un Jupiter (Zeus) en bronze, ouvrage de Lysippe, et auprès de lui, une
Diane (Artémis) dorée. Le temple d'Apollon Lycéen, qui en est voisin, tombe
en ruine, et n'offre rien de remarquable. Les Sicyoniens racontent que les
loups se jetaient sur leurs troupeaux; de sorte qu'ils n'en tiraient plus aucun
profit; le dieu leur indiqua l'endroit où était un certain tronc d'arbre sec,
leur disant d'en prendre l'écorce, de la mêler à la viande qu'ils jetteraient
aux loups : ceux-ci périrent aussitôt qu'ils eurent mangé de cette écorce. On
conserve ce tronc dans le temple d'Apollon Lycéen, mais les exégètes
sicyoniens eux-mêmes ne savent pas de quelle espèce d'arbre il est. Après
ce temple se voient plusieurs statues en bronze, qui représentent, dit-on, les
filles de Proetus; cependant l'inscription indique d'autres femmes. La même
place vous offre encore, un Hercule en bronze fait par Lysippe de Sicyone,
et, non loin de-là, un Mercure (Hermès) Agoraeus.
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