[4,61] Φησὶ δ´ ὅτι καὶ ὕλης ἔκγονον οὐδὲν ἀθάνατον. Καὶ
πρὸς τοῦτο λελέξεται ὅτι, εἴπερ ὕλης οὐδὲν ἔκγονον ἀθάνατον,
ἤτοι ἀθάνατος ὅλος ὁ κόσμος καὶ οὐχ ὡς ὕλης ἐστὶν ἔκγονον
ἢ οὐδ´ αὐτὸς χρῆμά ἐστιν ἀθάνατον. Εἰ μὲν οὖν ἀθάνατος ὁ
κόσμος, ὅπερ ἀρέσκει καὶ τοῖς θεοῦ ἔργον εἰποῦσι μόνην τὴν
ψυχὴν καὶ ἀπό τινος αὐτὴν κρατῆρος γεγονέναι λέγουσι,
δεικνύτω ὁ Κέλσος οὐκ ἐξ ὕλης ἀποίου αὐτὸν γεγονέναι,
τηρῶν τὸ ὕλης ἔκγονον οὐδὲν ἀθάνατον· εἰ δ´ ἐπεὶ ὕλης
ἔκγονόν ἐστιν ὁ κόσμος, οὐκ ἔστιν ἀθάνατον ὁ κόσμος·
θνητὸν ὁ κόσμος ἆρ´ οὖν καὶ φθειρόμενον ἢ μή; Εἰ μὲν γὰρ
φθειρόμενον, ὡς θεοῦ ἔργον ἔσται φθειρόμενον· εἶτ´ ἐν τῇ
φθορᾷ τοῦ κόσμου τὸ ἔργον τοῦ θεοῦ ἡ ψυχὴ τί ποιήσει,
λεγέτω ὁ Κέλσος· εἰ δὲ διαστρέφων τὴν ἔννοιαν τοῦ ἀθανάτου
φήσει τῷ φθαρτῷ μὲν οὐ φθειρομένῳ δὲ ἀθάνατον αὐτὸν
εἶναι, ὡς δεκτικὸν μὲν θανάτου οὐ μὴν δὲ καὶ ἀποθνῄσκοντα,
δῆλον ὅτι ἔσται τι κατ´ ἐκεῖνον θνητὸν ἅμα καὶ ἀθάνατον τῷ
ἀμφοτέρων εἶναι δεκτικόν, καὶ ἔσται θνητὸν οὐκ ἀποθνῇσκον,
καὶ τὸ οὐ τῇ φύσει ἀθάνατον παρὰ τὸ μὴ ἀποθνῄσκειν
ἰδίως λεγόμενον ἀθάνατον. Κατὰ ποῖον οὖν σημαινόμενον
διαστελλόμενος φήσει ὕλης ἔκγονον οὐδὲν ἀθάνατον; Καὶ
ὁρᾷς ὅτι πιεζόμενα αὐτὰ καὶ βασανιζόμενα τὰ ἐν τοῖς
γράμμασι νοήματα διελέγχεται οὐκ ἐπιδεχόμενα τὸ γενναῖον
καὶ ἀναντίρρητον.
Εἰπὼν δὲ ταῦτ´ ἐπιφέρει ὅτι τοῦδε μὲν πέρι ἀπόχρη
τοσαῦτα· καὶ εἴ τις ἐπὶ πλεῖον ἀκούειν δύναιτο καὶ ζητεῖν,
εἴσεται. Ἴδωμεν οὖν ἡμεῖς οἱ κατ´ αὐτὸν ἀνόητοι, τί ἠκολούθησε
τῷ κἂν ἐπ´ ὀλίγον ἡμᾶς αὐτοῦ ἀκούειν δυνηθῆναι καὶ ζητεῖν.
| [4,61] Il dit ensuite que de tout ce qui est formé de matière, il n'y a rien
d'immortel. A quoi je réponds que s'il est vrai que de tout ce qui est
formé de matière, il n'y ait rien d'immortel, il faut ou que le monde,
l'univers, soit immortel, et qu'ainsi il ne soit pas formé de matière, ou
que le monde même ne soit pas un être immortel. Si le monde est immortel,
comme c'est la créance de ceux-là mêmes qui disent qu'il n'y a que l'âme
qui soit l'ouvrage de Dieu, et qu'elle sort d'une grande cuve; que Celse
se tenant à son principe, que de tout ce qui est formé de matière, il n'y
a rien d'immortel, nous prouve que le monde n'est pas formé d'une matière
qui auparavant n'avait aucune qualité. Mais si le monde étant formé de
matière n'est pas un être immortel, c'est nécessairement un être mortel.
Sera-t-il donc sujet à la corruption, ou s'il ne le sera pas ? S'il est
sujet à la corruption, il y sera sujet comme n'étant pas l'ouvrage de
Dieu. Mais l'âme, qui est l'ouvrage de Dieu, que deviendra-t-elle dans
cette corruption du monde? Je voudrais que Celse nous le dît. Si,
détournant la signification du mot d'immortel, il dit que le monde est
immortel, en ce qu'encore qu'il soit corruptible, il n'est pas pourtant
sujet à une réelle corruption, en ce qu'il est bien capable de mort, mais
qu'il ne meurt pas pourtant, il est évident que, selon lui, une chose sera
en même temps mortelle et immortelle, en ce qu'elle sera capable des deux
contraires : ce sera un être mortel qui ne mourra point; un être qui, bien
qu'il ne soit pas immortel de sa nature, porte néanmoins le nom d'immortel
dans une signification qui lui est propre, parce qu'il ne meurt pas en
effet. En quel sens donc voudra-t-il que l'on entende, après cette
distinction, que de tout ce qui est formé de matière, il n'y a rien
d'immortel? Vous voyez qu'à examiner de près et qu'à discuter avec soin
les termes de la proposition de Celse, on trouve qu'il s'en faut beaucoup
qu'elle ne mérite de passer pour incontestable.
Après cela, il ajoute : En voilà assez sur ce sujet. Qui en voudra savoir
davantage, qu'il se donne le loisir de nous écouter jusqu'au bout, et de
chercher la vérité avec nous. On a vu ce qui en est déjà arrivé, lorsque
nous, qu'il traite d'ignorants et de grossiers, nous sommes donné le
loisir de l'écouter tant soit peu, et de chercher la vérité avec lui.
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