[18,8] Οὗτος γάρ μοι δοκεῖ πολυφωνότατος ὢν καὶ δεινὸς
ὁμοῦ τοῖς καλοῖς τὰ αἰσχρὰ ἱστορεῖν, τὰ μὲν ὅπως
ἔχωμεν, τὰ δὲ ὅπως φεύγωμεν, τὰ μὲν ἄλλα εὐήθως
πάνυ καὶ ἀρχαίως ἐκδιδάσκειν ἰδέσθαι, καὶ ἡνιοχεῖν,
καὶ τάττειν στράτευμα· ἐν νύσσῃ μὲν παραινῶν ἐγχριμφθῆναι
τὸν ἐπὶ λαιᾷ ἵππον, κυκεῶ δὲ Πραμνίου
διδοὺς τοῖς κάμνουσιν, τοὺς δὲ κακοὺς ἐν μέσῳ τάττων
τῶν ἀγαθῶν, καὶ τοὺς ἱππεῖς διακρίνων τῶν πεζῶν·
ἦ γὰρ ἂν γέλωτα ὄφλοι τὰ σοφὰ ταῦτα τοῖς νῦν
τακτικοῖς καὶ ἰατροῖς καὶ ἡνιόχοις· τὰ δὲ τοῦ ἔρωτος
πάντα ἑξῆς δίεισιν, καὶ ἔργα, καὶ ἡλικίας, καὶ εἴδη,
καὶ πάθη, τὰ καλά, τὰ αἰσχρά, τὸν σώφρονα ἔρωτα,
τὸν ἀκόλαστον, τὸν δίκαιον, τὸν ὑβριστήν, τὸν ἐπιμανῆ,
τὸν πρᾶον· καὶ ἐστὶν ἐν τοιούτοις οὐκέτι
ἀρχαῖος, ἀλλὰ τεχνίτης δεινῶς,
οἷοι νῦν βροτοί εἰσιν.
Αὐτίκα ἐν πρώτῳ λόγῳ ἐπὶ αἰχμαλώτῳ ἐρασταὶ δύο,
ὁ μὲν θρασὺς καὶ ἐπιμανής, ὁ δὲ ἥμερος καὶ ἐμπαθής·
ὁ μὲν ἀποφλογοῦται τὰ ὄμματα, καὶ λοιδορεῖται πᾶσιν
καὶ ἀπειλεῖ· ὁ δὲ ἀναχωρεῖ ἐφ´ ἡσυχίας, καὶ δακρύει
κείμενος, καὶ ἀλύει, καὶ ἀπελεύσεσθαι φησίν, καὶ οὐκ
ἄπεισιν. Ἄλλη εἰκὼν ἀκολάστου ἔρωτος· τοιοῦτος αὐτῷ
ὁ Ἀλέξανδρος, οἷος ἐκ μάχης ἐπανεῖναι εἰς τὸν θάλαμον
καὶ ἀεὶ μοιχῷ ἐοικέναι. Ἔστιν αὐτῷ καὶ δίκαιος
ἔρως παρ´ ἀμφοῖν ἴσος οἷον τῆς Ἀνδρομάχης καὶ τοῦ
Ἕκτορος· ἡ μὲν πατέρα καὶ ἀδελφὸν καλεῖ τὸν ἄνδρα
καὶ ἐραστήν, καὶ πάντα δὴ τὰ φίλτατα ὀνόματα· ὁ δὲ
οὔτε μητρὸς τοσουτονὶ αὐτῷ μέλειν, ὅσον ἐκείνης, λέγει.
Ἔδειξεν καὶ τὸν χαμαιεύνην ἔρωτα ἐπὶ τῆς Ἥρας καὶ
τοῦ Διός· καὶ τὸν ὑβριστὴν ἐπὶ τῶν μνηστήρων· καὶ
τὸν γόητα ἐπὶ τῆς Καλυψοῦς· καὶ τὸν φαρμακέα ἐπὶ
τῆς Κίρκης· καὶ τὸν ἀνδρεῖον ἐπὶ τῷ Πατρόκλῳ, τὸν
πόνῳ κτητὸν καὶ χρόνῳ, καὶ μέχρι θανάτου προερχόμενον,
νέων καὶ καλῶν ἀμφοτέρων, καὶ σωφρόνων,
τοῦ μὲν παιδεύοντος, τοῦ δὲ παιδευομένου· ὁ μὲν
ἄχθεται, ὁ δὲ παραμυθεῖται· ὁ μὲν ᾄδει, ὁ δὲ ἀκροᾶται·
ἐρωτικὸν δὲ καὶ τὸ τυχεῖν ἐθέλοντα ἐξουσίας πρὸς
μάχην δακρῦσαι ὡς οὐκ ἀνεξομένου τοῦ ἐραστοῦ· ὁ
δὲ ἐφίησιν, καὶ τοῖς αὑτοῦ ὅπλοις κοσμεῖ, καὶ βραδύνοντος
περιδεῶς ἔχει, καὶ ἀποθανόντος ἀποθανεῖν ἐρᾷ,
καὶ τὴν ὀργὴν κατατίθεται· ἐρωτικὰ δὲ καὶ τὰ ἐνύπνια,
καὶ τὰ ὀνείρατα, καὶ τὰ δάκρυα, καὶ τὸ τελευταῖον
δῶρον ἤδη θαπτομένῳ ἡ κόμη. Ταῦτα μὲν τὰ Ὁμήρου
ἐρωτικά.
| [18,8] VIII. Il me paraît que ce poète entre dans de très grands détails. Il fait
avec un talent égal, le tableau des vertus et des vices, les unes pour
nous les faire acquérir, les autres pour nous les faire éviter. D'ailleurs
il présenté exactement, tels qu'ils existaient dans l'antiquité, les
principes des arts, comme de la médecine, de la conduite des chars, de la
tactique. C'est ainsi qu'il défend, dans les courses, de faire friser de
trop près la borne au cheval gauche : qu'il fait prendre aux malades
un verre de vin de Pramnium; que, dans un jour de bataille, il place
les lâches au milieu des rangs des braves, et sépare la cavalerie de
l'infanterie, toutes choses qui paraîtraient ridicules aux cochers,
aux médecins, aux généraux, de nos jours. Quant à l'amour, il décrit
successivement tout ce qui s'y rapporte, ses effets, l'âge qui lui
convient, ses espèces, ses affections honnêtes ou honteuses, sa pudicité,
ses débordements, sa chasteté, son libertinage, son emportement, son
sang-froid. Sur ces matières, il n'est plus à l'antique. Il s'y montre
aussi habile qu'on l'est aujourd'hui. Par exemple, dans son premier chant,
il introduit deux amants de la même captive, l'un audacieux et emporté,
l'autre patient et tranquille. L'un étincelle des yeux, insulte et
menace tout le monde: l'autre se retire sans bruit ; il pleure étendu à
terre ; il ne sait quel parti prendre; il dit qu'il s'en ira, et il n'en
fait rien. Ailleurs, c'est un exemple d'amour impudique. Tel est celui de
Pâris, toujours prêt à quitter le champ de bataille pour courir dans les
bras de sa maîtresse, et se conduisant toujours comme un adultère. Ici,
est le tableau d'un amour légitime, également tendre des deux côtés, c'est
celui d'Hector et d'Andromaque. Celle-ci donne à son époux, à son amant,
les noms de père, de frère, et toutes les autres dénominations que la
tendresse peut imaginer. Hector dit à Andromaque, qu'il a plus
d'amour pour elle qu'il n'en a pour sa propre mère. Là, est la peinture
d'un amour sans cérémonie, entre Jupiter et Junon, sur le mont Ida.
Ailleurs, on avait l'amour adultère, comme chez les amants de Pénélope ;
l'amour, avec toutes ses séductions, comme chez Calypso ; l'amour, avec
tous ses enchantements, comme chez Circé. On avait aussi entre deux
hommes, entre Patrocle et Achille, un amour que les travaux et le temps
consolident, et qui dure jusques à la mort. Ils sont jeunes, et ont des
mœurs l'un et l'autre. L'un donne des leçons ; l'autre les reçoit. L'un a
du chagrin ; l'autre le console. L'un chante ; l'autre écoute. C'est aussi
un trait caractéristique d'amour, de demander, d'un côté, la permission de
combattre, et de pleurer, dans la crainte de ne pas l'obtenir; tandis que,
de l'autre, on se laisse fléchir ; on pare le suppliant de ses propres
armes; on tremble du retard de son retour; on veut mourir, en apprenant,
sa mort ; et on abjure ses ressentiments. L'amour se retrouve jusque dans
les rêves, dans les songes, dans les larmes d'Achille, et dans la dernière
offrande qu'il fait au tombeau de Patrocle, dans sa chevelure. Tels
sont les tableaux de l'amour qui nous sont présentés dans les ouvrages
d'Homère.
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