[18,4] Εἶεν· ἐπεὶ ταύτῃ βασανιστέον τὲ καὶ ἀθρητέον τὸν
ἐρωτικὸν καὶ λόγον καὶ ἄνδρα, ἐπιτολμητόν τοι καὶ
περὶ Σωκράτους ἐκλογίσασθαι, τί ἦν αὐτῷ ταυτὶ τὰ
θρυλούμενα ἐν τοῖς λόγοις; ὁποῖα ἄττα φησὶν περὶ
αὑτοῦ ἐκεῖνος, ὅτι ἐστὶν θεράπων τοῦ ἔρωτος, καὶ
λευκὴ στάθμη πρὸς τοὺς καλούς, καὶ τὴν τέχνην δεινός.
Ἀλλὰ καὶ διδασκάλους ἐπιγέγραπται τῆς τέχνης,
Ἀσπασίαν τὴν Μιλησίαν, καὶ Διοτίμαν τὴν Μαντινικήν·
καὶ μαθητὰς λαμβάνει τῆς τέχνης, Ἀλκιβιάδην
τὸν γαυρότατον, καὶ Κριτόβουλον τὸν ὡραιότατον, καὶ
Ἀγάθωνα τὸν ἁβρότατον, καὶ Φαῖδρον τὴν θείαν κεφαλήν,
καὶ Λῦσιν τὸ μειράκιον, καὶ Χαρμίδην τὸν
καλόν. Ἀποκρύπτεται δὲ οὐδὲν τῶν τοῦ ἔρωτος, οὔτε
ἔργον, οὔτε πάθος, ἀλλὰ ἔοικεν πάντα ἑξῆς παρρησιαζομένῳ·
πηδᾶν μὲν αὐτῷ τὴν καρδίαν ἐπὶ Χαρμίδῃ
καὶ ἥδειν τὸ σῶμα, ἐπτοῆσθαι δὲ καὶ ἐνθουσιᾶν,
καθάπερ τὰς βάκχας, ἐπὶ Ἀλκιβιάδῃ· ἐπεστρέφθαι δὲ
ἐπ´ Αὐτόλυκον τὰ ὄμματα, ὥσπερ ἐν νυκτὶ ἐπὶ φέγγος.
Πόλιν δὲ οἰκίζων ἀγαθῶν ἀνδρῶν, τιθεὶς νόμους τοῖς
ἀριστεῦσιν οὐ στέφανον οὐδὲ εἰκόνας, τὰς Ἑλληνικὰς
φλυαρίας, δωρεῖται· ἀλλ´ ἐξεῖναι φιλεῖν τῷ ἀρίστῳ,
εἰ δή τινα ἂν θέλῃ, τῶν καλῶν· ὢ τοῦ θαυμαστοῦ
γέρως. Αὐτὸς δὲ δὴ τὸν ἔρωτα, ἀναπλάττων ἐπ´ αὐτῷ
μῦθον, οἷον καὶ εἶναι λέγει, αἰσχρὸν ἰδεῖν, καὶ πένητα,
ἐγγυτάτω τῆς ἑαυτοῦ τύχης, ἀνυπόδητον, χαμαιεύνην,
ἐπίβουλον, θηρευτικόν, φαρμακέα, σοφιστήν, γόητα·
ἀτεχνῶς οἷα εἰς αὐτὸν Σωκράτην ἔσκωπτον ἐν Διονυσίοις
οἱ κωμῳδοί. Ἔλεγε δὲ ταῦτα μόνον οὐκ ἐν
μέσοις τοῖς Ἕλλησιν, ἀλλὰ καὶ οἴκοι καὶ δημοσίᾳ, ἐν
συμποσίοις, ἐν Ἀκαδημίᾳ, ἐν Πειραιεῖ, ἐν ὁδῷ ὑπὸ
πλατάνῳ, ἐν Λυκίῳ. Καὶ τὰ μὲν ἄλλα ἅπαντα ἀποποιεῖται
εἰδέναι, καὶ τοὺς περὶ ἀρετῆς λόγους, καὶ τὰς
περὶ θεῶν δόξας, καὶ τὰ ἄλλα ἅπαντα, ἐφ´ οἷς οἱ σοφισταὶ
ἐκόμων· τὴν δὲ ἐρωτικὴν τέχνην ὑποδύς, ταύτης
καὶ ἐπιστήμων εἶναι, καὶ πραγματεύεσθαι περὶ
αὐτὴν ἔλεγεν.
| [18,4] IV. Mettons de même l'amour à l'épreuve, au creuset, en ce qui concerne
l'homme et la raison. Osons demander à Socrate quelque compte de sa
conduite. Qu'il nous apprenne ce qu'il disait de lui-même dans ses
discours. Qu'entendait-il, lorsqu'il disait en parlant de lui, « qu'il
était le serviteur de l'amour ; qu'il était la règle blanche pour les
beaux garçons, qu'il était habile dans son art : qu'Aspasie de Milet,
et Diotime de Mantinée, en tenaient école ; qu'il avait pour disciples,
Alcibiade, le plus pimpant des Athéniens; Critobule, l'Athénien le plus à
la fleur de l'âge ; Agathon, le plus abandonné à la mollesse ;
Phaedre, à la divine tête ; Lysis, le Ganymède, et Charmide, le beau
garçon? Il ne cache aucun des actes, aucune des impressions de l'amour. Il
en parle avec la liberté la plus entière. Il dit que son cœur tressaille,
que son corps s'allume quand il pense à Charmide : qu'il se livre à
des transports d'enthousiasme, comme une bacchante, auprès d'Alcibiade ;
et qu'il tourne les yeux sur Autolicus avec la même avidité qu'on les
jette sur la lumière pendant la nuit. Il organise une République. Il
la compose de gens de bien. Il en est le Législateur.; et pour récompenser
les plus belles actions, il ne décerne pas des couronnes et des images,
selon le frivole usage des Grecs ; mais il veut qu'il soit permis au
citoyen qui fait l'action la plus louable, d'aimer, parmi les beaux,
garçons celui qui lui plaît le plus. O l’admirable récompense ! Mais,
lorsqu'il parle de l'amour, en forme d'apologue, qu'en dit-il? quelle
description en fait-il ? Il le représente honteux à voir, pauvre, à
peu près, autant que lui, pieds nus, couchant à terre, dressant des
embûches, toujours à l'affût du butin, empoisonnant, faisant le sophiste
et le magicien. C'est le même portrait que faisaient de Socrate lui-même
les auteurs comiques qui le jouaient aux fêtes de Bacchus. Et il
s'exprimait ainsi, non seulement au milieu des divers peuples de la Grèce,
mais à Athènes, dans sa maison comme en public, dans les repas, à
l'Académie, au Pyrée, dans ses voyages, sous les platanes, au Lycée. Il
disait qu'il ne savait rien d'ailleurs, ni des discours sur la vertu, ni
des opinions touchant les Dieux, ni des autres matières dont
s'enorgueillissaient les sophistes. Mais sur le chapitre de l'art de
l'amour, il se vantait d'y être habile, et de travailler à s'y perfectionner.
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