HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la permutation de biens (texte complet)

Paragraphes 170-179

  Paragraphes 170-179

[170] τούς τε γὰρ ἐπιεικεῖς ὑμῶν, πρὸς οὕς περ ἐγὼ ποιήσομαι τοὺς λόγους, ἠπιστάμην οὐκ ἐμμένοντας ταῖς δόξαις ταῖς ἀδίκως ἐγγεγενημέναις, ἀλλ' ἐπακολουθοῦντας ταῖς ἀληθείαις καὶ μεταπειθομένους ὑπὸ τῶν λεγόντων τὰ δίκαια, τήν τε φιλοσοφίαν ἐκ πολλῶν ἐνόμιζον ἐπιδείξειν ἀδίκως διαβεβλημένην, καὶ πολὺ ἂν δικαιοτέρως ἀγαπωμένην αὐτὴν μισουμένην.Ἔχω δὲ καὶ νῦν ἔτι ταύτην τὴν γνώμην. (171) Οὐκ ἄξιον δὲ θαυμάζειν εἴ τι τῶν καλῶν ἐπιτηδευμάτων ἠγνόηται καὶ διαλέληθεν, οὐδ' εἰ διεψευσμένοι τινὲς αὐτοῦ τυγχάνουσι· καὶ γὰρ περὶ ἡμῶν αὐτῶν καὶ περὶ ἄλλων πραγμάτων ἀναριθμήτων οὕτως ἔχοντες ἂν εὑρεθεῖμεν. γὰρ πόλις ἡμῶν πολλῶν ἀγαθῶν αἰτία καὶ νῦν οὖσα καὶ πρότερον γεγενημένη καὶ τοῖς πολίταις καὶ τοῖς ἄλλοις Ἕλλησι, καὶ πολλῶν ἡδονῶν γέμουσα, (172) τοῦτ' ἔχει δυσκολώτατον· διὰ γὰρ τὸ μέγεθος καὶ τὸ πλῆθος τῶν ἐνοικούντων οὐκ εὐσύνοπτός ἐστιν οὐδ' ἀκριβής, ἀλλ' ὥσπερ χειμάρρους, ὅπως ἂν ἕκαστον ὑπολαβοῦσα τύχῃ καὶ τῶν ἀνθρώπων καὶ τῶν πραγμάτων, οὕτω κατήνεγκε, καὶ δόξαν ἐνίοις τὴν ἐναντίαν τῆς προσηκούσης περιέθηκεν· ὅπερ καὶ τῇ παιδεία ταύτῃ συμβέβηκεν. (173) Ὧν ἐνθυμουμένους χρὴ μηδενὸς πράγματος ἄνευ λόγου καταγιγνώσκειν, μηδ' ὁμοίως διακεῖσθαι δικάζοντας ὥσπερ ἐν ταῖς ἰδίαις διατριβαῖς, ἀλλὰ διακριβοῦσθαι περὶ ἑκάστου καὶ τὴν ἀλήθειαν ζητεῖν, μεμνημένους τῶν ὅρκων καὶ τῶν νόμων καθ' οὓς συνεληλύθατε δικάσοντες· ἔστι δ' οὐ περὶ μικρῶν οὔθ' λόγος οὔθ' κρίσις ἐν καθέσταμεν, ἀλλὰ περὶ τῶν μεγίστων· οὐ γὰρ περὶ ἐμοῦ μέλλετε μόνον τὴν ψῆφον διοίσειν, ἀλλὰ καὶ περὶ ἐπιτηδεύματος πολλοὶ τῶν νεωτέρων προσέχουσι τὸν νοῦν. (174) Οἶμαι δ' ὑμᾶς οὐκ ἀγνοεῖν ὅτι τὰ πράγματα τῆς πόλεως τοῖς ἐπιγιγνομένοις καὶ τοῖς τοιούτοις οἱ πρεσβύτεροι παραδιδόασι. Τοιαύτης οὖν ἀεὶ τῆς περιόδου γιγνομένης ἀναγκαῖόν ἐστιν, ὅπως οἱ νεώτεροι παιδευθῶσιν, οὕτω τὴν πόλιν πράττουσαν διατελεῖν· ὥστ' σὺ ποιητέον τοὺς συκοφάντας κυρίους τηλικούτου πράγματος, οὐδὲ τοὺς μὲν μὴ διδόντας τούτοις ἀργύριον τιμωρητέον, παρ' ὧν δ' ἂν λάβωσιν ἐατέον ποιεῖν τι ἂν βουληθῶσιν, (175) ἀλλ' εἰ μὲν φιλοσοφία τοιαύτην ἔχει δύναμιν ὥστε διαφθείρειν τοὺς νεωτέρους, οὐ τοῦτον χρὴ μόνον κολάζειν ὃν ἂν γράψηταί τις τούτων, ἀλλὰ πάντας ἐκποδὼν ποιεῖσθαι τοὺς περὶ τὴν διατριβὴν ταύτην ὄντας· εἰ δὲ τοὐναντίον πέφυκεν ὥστ' ὠφελεῖν καὶ βελτίους ποιεῖν τοὺς πλησιάζοντας καὶ πλέονος ἀξίους, τοὺς μὲν διαβεβλημένους πρὸς αὐτὴν παυστέον, τοὺς δὲ συκοφαντοῦντας ἀτιμητέον, τοῖς δὲ νεωτέροις συμβουλευτέον ἐν ταύτῃ διατρίβειν μᾶλλον τοῖς ἄλλοις ἐπιτηδεύμασι. (176) Πρὸ πολλῶν δ' ἂν ἐποιησάμην, εἴπερ ἦν εἱμαρμένον μοι φεύγειν τὴν γραφὴν ταύτην, ἀκμάζοντί μοι προσπεσεῖν τὸν κίνδυνον· οὐ γὰρ ἂν ἠθύμουν, ἀλλὰ μᾶλλον οἷός τ' ἂν ἐγενόμην καὶ τὸν κατήγορον ἀμύνασθαι καὶ τῇ φιλοσοφίᾳ βοηθῆσαι· νῦν δὲ φοβοῦμαι μὴ διὰ ταύτην ὑπὲρ ἄλλων πραγμάτων ἐπιεικῶς εἰρηκώς, περὶ αὐτῆς ταύτης χεῖρον τύχω διαλεχθεὶς περὶ ὧν ἧττόν μοι σπουδάσαι προσῆκε. (177) Καίτοι δεξαίμην ἄν, εἰρήσεται γὰρ τἀληθὲς εἰ καὶ μωρὸς λόγος ἐστίν, ἤδη τελευτῆσαι τὸν βίον ἀξίως εἰπὼν τῆς ὑποθέσεως καὶ πείσας ὑμᾶς τοιαύτην νομίζειν τὴν τῶν λόγων μελέτην οἵα πέρ ἐστι, μᾶλλον ζῆν πολυπλασίω χρόνον ἐφορῶν οὕτως αὐτὴν ὥσπερ νῦν παρ' ὑμῖν φερομένην. (178) Τῆς μὲν οὖν ἐπιθυμίας οἶδ' ὅτι πολὺ καταδεέστερον ἐροῦμεν· ὅμως δ' ὅπως ἂν δύνωμαι, πειράσομαι διελθεῖν τήν τε φύσιν αὐτῆς καὶ τὴν δύναμιν ἣν ἔχει, καὶ ποίᾳ τῶν ἄλλων τεχνῶν ὁμοιοειδής ἐστι, καὶ τί τοὺς συνόντας ὠφελεῖ, καὶ ποίας τινὰς ποιούμεθα ἡμεῖς τὰς ὑποσχέσεις· οἶμαι γὰρ ὑμᾶς μαθόντας τὴν ἀλήθειαν ἄμεινον καὶ βουλεύσεσθαι καὶ διαγνώσεσθαι περὶ αὐτῆς. (179) Ἀξιῶ δ' ὑμᾶς, ἢν ἄρα φαίνωμαι λόγους διεξιὼν πολὺ τῶν εἰθισμένων λέγεσθαι παρ' ὑμῖν ἐξηλλαγμένους, μὴ δυσχεραίνειν ἀλλ' ἔχειν συγγνώμην, ἐνθυμουμένους ὅτι τοὺς περὶ πραγμάτων ἀνομοίων τοῖς ἄλλοις ἀγωνιζομένους ἀναγκαῖόν ἐστι καὶ τοῖς λόγοις τοιούτοις χρῆσθαι περὶ αὐτῶν. Ὑπομείναντες οὖν τὸν τρόπον τῶν λεγομένων καὶ τὴν παρρησίαν, καὶ τὸν χρόνον ἐάσαντες ἀναλῶσαί με τὸν δεδομένον ταῖς ἀπολογίαις, ὅπως ἂν ὑμῶν ἑκάστῳ δοκῇ δίκαιον εἶναι καὶ νόμιμον, οὕτω φέρετε τὴν ψῆφον. [170] Je savais que les hommes judicieux qui se trouvaient parmi vous et devant lesquels je devais parler ne s'arrêtaient pas à des opinions injustes, mais qu'ils s'attachaient à suivre la vérité et faisaient céder leurs préjugés devant la parole de ceux qui leur tenaient un langage d'accord avec l'équité ; en un mot, je croyais pouvoir montrer par un grand nombre de preuves que la philosophie, injustement accusée, devait être bien plutôt un objet d'amour que de haine. Je suis encore de ce sentiment. (171) Il ne faut pour tant pas s'étonner si, parmi les plus nobles études, il s'en trouve une qui soit oubliée ou ignorée, et s'il se rencontre des hommes qui se trompent dans leur jugement sur elle ; nous pourrions même nous surprendre dans de semblables erreurs sur nous et sur une infinité d'objets divers. Notre ville, qui est encore aujourd'hui, et qui a été autrefois la cause de tant de prospérités pour ses propres citoyens et pour les autres Grecs, notre ville, qui est remplie de toutes les choses qui contribuent à l'agrément de la vie, (172) a cela de funeste que, par suite de son étendue et du grand nombre de ses habitants, elle est incapable de juger les affaires dans leur ensemble, comme de les examiner avec soin, de sorte que, saisissant, à la manière des torrents, les affaires et les hommes selon qu'ils se présentent, elle les entraîne et se forme, sur plusieurs, une opinion erronée. Or, c'est ce qui est arrivé à la science philosophique. (173) Pénétrés de ces pensées, il ne faut donc rien condamner sans raison, et, quand vous rendez la justice, il ne faut pas être dans les mêmes dispositions que lorsque vous prenez part à des discussions privées ; il faut tout examiner avec soin ; il faut chercher la vérité sur chaque chose, et vous souvenir des serments et des lois d'après lesquels vous vous êtes réunis pour juger. Il ne s'agit pas dans ce discours, non plus que dans le débat auquel nous prenons part, d'objets d'une faible importance : il s'agit, au contraire, des plus grands intérêts. Car ce n'est pas seulement sur moi que vous donnerez vos suffrages, mais sur une science vers laquelle se porte une jeunesse nombreuse. (174) Vous n'ignorez pas, je pense, qu'un jour les vieillards remettront aux mains des jeunes gens, qui doivent les remplacer, le soin des intérêts publics. Ce cercle se renouvelant toujours, il s'ensuit nécessairement que l'avenir de la République dépend de la manière dont les jeunes gens sont élevés : il ne faut donc pas rendre les sycophantes arbitres d'un tel intérêt ; il ne faut pas punir les hommes qui se refusent à leur donner de l'argent ; il ne faut pas permettre à ceux dont ils reçoivent les dons de faire impunément ce qu'ils veulent; mais, si la philosophie possède une puissance capable de corrompre la jeunesse, il ne faut pas se contenter de châtier celui qu'un de ces hommes accuse, il faut purger la société de tous ceux qui s'attachent à cette étude; (175) si, au contraire, il est dans la nature de la philosophie d'être utile aux hommes, de rendre meilleurs et plus dignes d'estime ceux qui en font l'objet de leurs travaux, il faut imposer silence à ses détracteurs, couvrir d'opprobre les sycophantes, et conseiller aux jeunes gens de se consacrer à cette étude plus qu'à toute autre. (176) 26-12. J'aurais préféré, puisque le destin voulait que j'eusse à me défendre contre cette accusation, que le danger se fût présenté à l'époque de ma jeunesse ; je ne me serais pas senti découragé et j'aurais eu plus de force pour réfuter mon accusateur et pour venir au secours de la philosophie. Maintenant, lorsque j'ai pu, avec son aide, parler convenablement sur d'autres sujets, je crains de m'exprimer, en parlant d'elle, moins bien que sur des choses qui devaient m'inspirer moins d'intérêt. (177) Aussi je consentirais, car la vérité sera dite, encore que l'expression puisse en paraître insensée, oui, je consentirais à mourir tout à l'heure, en vous parlant d'une manière digne du sujet, et après vous avoir persuadés de considérer l'étude de l'éloquence comme aussi importante qu'elle l'est en réalité, plutôt que de vivre encore longtemps, pour la voir jugée par vous comme elle l'est aujourd'hui. (178) Mes paroles, je le sais, resteront fort au-dessous de mon désir ; mais, autant que je le pourrai, j'essayerai d'exposer la nature de l'éloquence et sa puissance, le genre d'étude auquel on peut l'assimiler, enfin l'utilité qu'elle offre et les promesses que nous faisons : car je crois que vous délibérerez et que vous prononcerez avec plus de sagesse sur ce qui la concerne, du moment où la vérité vous sera connue. (179) Je vous demande, si mes discours vous semblent trop s'éloigner de ceux que l'on a coutume de prononcer devant vous, de ne pas vous irriter, mais d'avoir quelque indulgence, en considérant que ceux qui discutent sur des affaires différentes des affaires habituelles, sont obligés de se servir d'arguments analogues aux choses dont ils parlent. C'est donc après avoir supporté et la nature de mes discours et la liberté de mes paroles, et après m'avoir permis d'épuiser le temps accordé à ma justification, que vous donnerez vos suffrages selon ce que chacun de vous jugera conforme à la justice et aux lois.


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Dernière mise à jour : 2/10/2008