| [180] Βούλομαι δὲ περὶ τῆς τῶν λόγων παιδείας ὥσπερ οἱ γενεαλογοῦντες πρῶτον 
διελθεῖν πρὸς ὑμᾶς. Ὁμολογεῖται μὲν γὰρ τὴν φύσιν ἡμῶν ἔκ τε τοῦ σώματος συγκεῖσθαι 
καὶ τῆς ψυχῆς, αὐτοῖν δὲ τούτοιν οὐδεὶς ἔστιν ὅστις οὐκ ἂν φήσειεν ἡγεμονικωτέραν 
πεφυκέναι τὴν ψυχὴν καὶ πλέονος ἀξίαν· τῆς μὲν γὰρ ἔργον εἶναι βουλεύσασθαι καὶ 
περὶ τῶν ἰδίων καὶ περὶ τῶν κοινῶν, τοῦ δὲ σώματος ὑπηρετῆσαι τοῖς ὑπὸ τῆς ψυχῆς 
γνωσθεῖσιν. (181) Οὕτω δὲ τούτων ἐχόντων ὁρῶντές τινες τῶν πολὺ πρὸ ἡμῶν 
γεγονότων περὶ μὲν τῶν ἄλλων πολλὰς τέχνας συνεστηκυίας, περὶ δὲ τὸ σῶμα καὶ τὴν 
ψυχὴν οὐδὲν τοιοῦτον συντεταγμένον, εὑρόντες διττὰς ἐπιμελείας κατέλιπον ἡμῖν, περὶ 
μὲν τὰ σώματα τὴν παιδοτριβικήν, ἧς ἡ γυμναστικὴ μέρος ἐστί, περὶ δὲ τὰς ψυχὰς τὴν 
φιλοσοφίαν, περὶ ἧς ἐγὼ μέλλω ποιεῖσθαι τοὺς λόγους, (182) ἀντιστρόφους καὶ σύζυγας 
καὶ σφίσιν αὐταῖς ὁμολογουμένας, δι' ὧν οἱ προεστῶτες αὐτῶν τάς τε ψυχὰς 
φρονιμωτέρας καὶ τὰ σώματα χρησιμώτερα παρασκευάζουσιν, οὐ πολὺ διαστησάμενοι 
τὰς παιδείας ἀπ' ἀλλήλων, ἀλλὰ παραπλησίαις χρώμενοι καὶ ταῖς διδασκαλίαις καὶ ταῖς 
γυμνασίαις καὶ ταῖς ἄλλαις ἐπιμελείαις. (183) Ἐπειδὰν γὰρ λάβωσι μαθητάς, οἱ μὲν 
παιδοτρίβαι τὰ σχήματα τὰ πρὸς τὴν ἀγωνίαν εὑρημένα τοὺς φοιτῶντας διδάσκουσιν, οἱ 
δὲ περὶ τὴν φιλοσοφίαν ὄντες τὰς ἰδέας ἁπάσας, αἷς ὁ λόγος τυγχάνει χρώμενος, (184) 
διεξέρχονται τοῖς μαθηταῖς. Ἐμπείρους δὲ τούτων ποιήσαντες καὶ διακριβώσαντες ἐν 
τούτοις πάλιν γυμνάζουσιν αὐτούς, καὶ πονεῖν ἐθίζουσι, καὶ συνείρειν καθ' ἓν ἕκαστον 
ὧν ἔμαθον ἀναγκάζουσιν, ἵνα ταῦτα βεβαιότερον κατάσχωσι καὶ τῶν καιρῶν ἐγγυτέρω 
ταῖς δόξαις γένωνται. Τῷ μὲν γὰρ εἰδέναι περιλαβεῖν αὐτοὺς οὐχ οἷόν τ' ἐστίν· ἐπὶ γὰρ 
ἁπάντων τῶν πραγμάτων διαφεύγουσι τὰς ἐπιστήμας, οἱ δὲ μάλιστα προσέχοντες τὸν 
νοῦν καὶ δυνάμενοι θεωρεῖν τὸ συμβαῖνον ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ πλειστάκις αὐτῶν 
τυγχάνουσι. (185) Τοῦτον δὲ τὸν τρόπον ἐπιμελόμενοι καὶ παιδεύοντες μέχρι μὲν τοῦ 
γενέσθαι βελτίους αὐτοὺς αὑτῶν τοὺς μαθητὰς καὶ ἔχειν ἄμεινον, τοὺς μὲν τὰς διανοίας 
τοὺς δὲ τὰς τῶν σωμάτων ἕξεις, ἀμφότεροι δύνανται προαγαγεῖν· ἐκείνην δὲ τὴν 
ἐπιστήμην οὐδέτεροι τυγχάνουσιν ἔχοντες, δι' ἧς ἂν οἱ μὲν ἀθλητὰς οὓς βουληθεῖεν, οἱ 
δὲ ῥήτορας ἱκανοὺς ποιήσαιεν, ἀλλὰ μέρος μὲν ἄν τι συμβάλοιντο, τὸ δ' ὅλον αἱ 
δυνάμεις αὗται παραγίγνονται τοῖς καὶ τῇ φύσει καὶ ταῖς ἐπιμελείαις διενεγκοῦσιν. (186) 
Ὁ μὲν οὖν τύπος τῆς φιλοσοφίας τοιοῦτός τίς ἐστιν· 
ἡγοῦμαι δ' ὑμᾶς μᾶλλον ἂν ἔτι καταμαθεῖν τὴν δύναμιν αὐτῆς, εἰ διέλθοιμι τὰς 
ὑποσχέσεις ἃς ποιούμεθα πρὸς τοὺς πλησιάζειν ἡμῖν βουλομένους. (187) Λέγομεν γὰρ 
ὡς δεῖ τοὺς μέλλοντας διοίσειν ἢ περὶ τοὺς λόγους ἢ περὶ τὰς πράξεις ἢ περὶ τὰς ἄλλας 
ἐργασίας πρῶτον μὲν πρὸς τοῦτο πεφυκέναι καλῶς, πρὸς ὃ ἂν προῃρημένοι 
τυγχάνωσιν, ἔπειτα παιδευθῆναι καὶ λαβεῖν τὴν ἐπιστήμην, ἥτις ἂν ᾗ περὶ ἑκάστου, 
τρίτον ἐντριβεῖς γενέσθαι καὶ γυμνασθῆναι περὶ τὴν χρείαν καὶ τὴν ἐμπειρίαν αὐτῶν· ἐκ 
τούτων γὰρ ἐν ἁπάσαις ταῖς ἐργασίαις τελείους γίγνεσθαι καὶ πολὺ διαφέροντας τῶν 
ἄλλων. Εἶναι δὲ τούτων προσῆκον ἑκατέροις, (188) τοῖς τε διδάσκουσι καὶ τοῖς 
μανθάνουσιν, ἴδιον μὲν τοῖς μὲν εἰσενέγκασθαι τὴν φύσιν οἵαν δεῖ, τοῖς δὲ δύνασθαι 
παιδεῦσαι τοὺς τοιούτους, κοινὸν δ' ἀμφοτέρων τὸ περὶ τὴν ἐμπειρίαν γυμνάσιον· δεῖν 
γὰρ τοὺς μὲν ἐπιμελῶς ἐπιστατῆσαι τοῖς παιδευομένοις, τοὺς δ' ἐγκρατῶς ἐμμεῖναι τοῖς 
προσταττομένοις. (189) Ταῦτα μὲν οὖν ἐστιν ἃ κατὰ πασῶν λέγομεν τῶν τεχνῶν· εἰ δὲ 
δή τις ἀφέμενος τῶν ἄλλων ἔροιτό με τί τούτων μεγίστην ἔχει δύναμιν πρὸς τὴν τῶν 
λόγων παιδείαν, ἀποκριναίμην ἂν ὅτι τὸ τῆς φύσεως ἀνυπέρβλητόν ἐστι καὶ πολὺ 
πάντων διαφέρει· τὸν γὰρ ἔχοντα τὴν μὲν ψυχὴν εὑρεῖν καὶ μαθεῖν καὶ πονῆσαι καὶ 
μνημονεῦσαι δυναμένην, τὴν δὲ φωνὴν καὶ τὴν τοῦ στόματος σαφήνειαν τοιαύτην ὥστε 
μὴ μόνοις τοῖς λεγομένοις ἀλλὰ καὶ ταῖς τούτων εὐαρμοστίαις συμπείθειν τοὺς ἀκούοντας, 
 | [180] 26-13. Je veux d'abord, en vous exposant mes pensées sur l'enseignement 
de l'éloquence, suivre la méthode des généalogistes. Tout le monde reconnaît que 
notre nature est formée de la réunion de l'âme et du corps ; et entre ces deux 
éléments, il n'est personne qui n'affirme que l'âme est plus particulièrement destinée à 
commander, et qu'elle est digne de plus d'estime, parce que c'est à elle qu'il appartient 
de délibérer sur les intérêts privés, comme sur les intérêts publics, tandis que le corps 
doit obéir à ce qui a été résolu par l'âme. (181) Les choses étant ainsi établies, des 
hommes qui vivaient longtemps avant nous, et qui voyaient que pour tout le reste un 
grand nombre d'arts avaient été inventés, mais que rien de semblable n'avait été 
préparé dans l'intérêt de l'âme et du corps, imaginèrent deux sortes d'enseignements 
qu'ils nous ont transmis : pour le corps, l'art de développer ses facultés par des 
exercices, dont la gymnastique est une partie, et pour l'âme, la philosophie, dont je 
dois vous entretenir; (182) enseignements qui se correspondent, se lient, et sont dans 
un accord complet ; de sorte que les hommes qui sont à leur tête rendent les âmes 
plus intelligentes et les corps plus vigoureux, sans mettre une grande différence entre 
les deux méthodes d'enseignement, et en se servant d'instructions, d'exercices, de 
moyens à peu près semblables. (183) Et, en effet, lorsque les uns et les autres ont 
réuni des élèves, les maîtres de gymnastique enseignent à ceux qui fréquentent leurs 
écoles les poses inventées pour la lutte, et les professeurs de philosophie (184) 
expliquent à leurs disciples toutes les formes employées dans la composition du 
discours. Lorsque, ensuite, ils leur ont donné connaissance de ces premiers éléments, 
qu'ils ont perfectionné leur instruction sous ce rapport, ils les exercent de nouveau, 
leur font du travail une habitude, et les obligent à lier successivement entre elles 
chacune des choses qu'ils ont apprises, afin qu'ils les possèdent d'une manière plus 
assurée, et qu'ils puissent, par leurs conjectures, rapprocher davantage la théorie des 
circonstances réelles. Il n'est pas au pouvoir de la science d'embrasser toutes les 
applications ; elles échappent aux plus savantes théories, mais ceux qui savent le 
mieux fixer leur attention et observer ce qui arrive obtiennent ordinairement plus de 
succès. (185) Par ces soins et par cette éducation, les uns et les autres peuvent 
amener leurs disciples à se surpasser eux-mêmes et à développer, les uns leur 
intelligence, les autres leurs facultés corporelles ; mais ni les uns ni les autres ne 
possèdent l'art de créer à volonté des athlètes ou des orateurs parfaits ; ils y 
contribuent seulement pour une partie, et, dans la réalité, de telles facultés sont le 
partage des hommes qui se distinguent à la fois par leurs qualités naturelles et par le 
soin qu'ils mettent à les cultiver. (186) Voilà le caractère distinctif de la philosophie. 
26-14. Je crois que vous comprendrez encore mieux en quoi consiste sa 
puissance, si j'explique devant vous les promesses que nous faisons à ceux qui ont le 
désir de fréquenter nos écoles. (187) Nous disons que les hommes destinés à se 
distinguer, soit par leurs discours, soit par leurs actions, soit par leur habileté dans un 
art quelconque, doivent, avant tout, être doués heureusement par la nature pour le but 
qu'ils se proposent; qu'ensuite, ils doivent avoir reçu une éducation convenable et 
posséder les connaissances qui sont propres à chaque objet; qu'en troisième lieu, ils 
doivent les approfondir et s'exercer de manière à en acquérir l'usage et l'expérience ; 
que c'est là, dans toute espèce de travaux, le moyen d'arriver à la perfection et de 
s'élever de beaucoup au-dessus des autres. (188) Il y a, d'ailleurs, pour les maîtres et 
pour les disciples, une condition particulière, savoir, que les derniers apportent une 
nature convenable, et que les premiers soient capables de former de pareils hommes ; 
et il existe aussi une condition qui doit leur être commune, c'est de s'être exercés pour 
acquérir l'expérience nécessaire ; les maîtres étant obligés d'apporter le plus grand 
soin dans les instructions qu'ils donnent à leurs élèves, et les élèves de s'attacher 
fortement aux prescriptions qu'ils reçoivent. (189) Voilà ce que nous disons pour toute 
espèce d'art ; et si quelqu'un, laissant de côté les autres questions, me demandait 
laquelle de toutes ces choses a le plus d'influence sur l'enseignement de l'éloquence, 
je répondrais que les dons de la nature occupent incontestablement le premier rang et 
l'emportent de beaucoup sur tous les autres avantages. Comment serait-il possible 
d'ignorer que l'homme qui aurait été doué d'un esprit capable d'inventer, d'apprendre, 
de méditer, de se souvenir, qui posséderait une voix, une élocution tellement pures 
qu'il pourrait, non seulement par ses paroles mêmes, mais encore par leur harmonie, 
persuader ses auditeurs ; 
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