HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la permutation de biens (texte complet)

Paragraphes 160-169

  Paragraphes 160-169

[160] βουλόμενοι μετασχεῖν τῆς δόξης ταύτης· νῦν δ' ὑπὲρ τοῦ μὴ πλουτεῖν ὥσπερ τῶν μεγίστων ἀδικημάτων ἀπολογίαν δεῖ παρασκευάζεσθαι καὶ σκοπεῖν, εἰ μέλλει τις σωθήσεσθαι. Πολὺ γὰρ δεινότερον καθέστηκε τὸ δοκεῖν εὐπορεῖν τὸ φανερῶς ἀδικεῖν· οἱ μὲν γὰρ συγγνώμης ἔτυχον μικροῖς ἐζημιώθησαν, οἱ δ' ἄρδην ἀπόλλυνται, καὶ πλείους ἂν εὕροιμεν τοὺς ἐκ τῶν ὄντων ἐκπεπτωκότας τοὺς δίκην ὑπὲρ τῶν ἁμαρτημάτων δεδωκότας. (161) Καὶ τί δεῖ λέγειν περὶ τῶν κοινῶν; Αὐτὸς γὰρ οὐ μικρὸν διήμαρτον διὰ ταύτην τὴν μεταβολὴν τῶν ἐμαυτοῦ πραγμάτων. Ὅτε γὰρ ἐπαμύνειν ἠρχόμην τοῖς ἰδίοις, ἀπολομένων ἐν τῷ πολέμῳ τῷ πρὸς Λακεδαιμονίους ἁπάντων τῶν ὑπαρχόντων ἡμῖν, ἀφ' ὧν πατὴρ ἅμα τῇ τε πόλει χρήσιμον αὑτὸν παρεῖχεν, ἡμᾶς θ' οὕτως ἐπιμελῶς ἐπαίδευσεν ὥστ' ἐπιφανέστερον εἶναί με τότε καὶ γνωριμώτερον ἐν τοῖς ἡλικιώταις καὶ συμπαιδευομένοις νῦν ἐν τοῖς συμπολιτευομένοις-- (162) ὅτε δ' οὖν, ὥσπερ εἶπον, ἠρχόμην πλησιάζειν τισίν, ᾠόμην, εἰ δυνηθείην πλείω κτήσασθαι καὶ περιποιήσασθαι τῶν ἐπὶ τὸν αὐτὸν βίον ὁρμησάντων, ἀμφότερα δόξειν, καὶ περὶ τὴν φιλοσοφίαν διαφέρειν καὶ κοσμιώτερον βεβιωκέναι τῶν ἄλλων. Ἐμοὶ δὲ τοὐναντίον ἀποβέβηκεν. (163) Εἰ μὲν γὰρ μήτ' ἄξιος μηδενὸς ἐγενόμην μήτε περιεποιησάμην μηδέν, οὐδεὶς ἄν μοι πράγματα παρεῖχεν, ἀλλὰ φανερῶς ἀδικῶν ἀσφαλῶς ἂν ἔζων ἕνεκά γε τῶν συκοφαντῶν· νῦν δ' ἀντὶ τῆς δόξης ἧς προσεδόκων ἀγῶνες περί με καὶ κίνδυνοι καὶ φθόνοι καὶ διαβολαὶ γεγόνασιν. (164) Οὕτω γὰρ πόλις ἐν τῷ παρόντι χαίρει τοὺς μὲν ἐπιεικεῖς πιέζουσα καὶ ταπεινοὺς ποιοῦσα, τοῖς δὲ πονηροῖς ἐξουσίαν διδοῦσα καὶ λέγειν καὶ ποιεῖν τι ἂν βουληθῶσιν, ὥστε Λυσίμαχος μὲν προῃρημένος ζῆν ἐκ τοῦ συκοφαντεῖν καὶ κακῶς ἀεί τινα ποιεῖν τῶν πολιτῶν κατηγορήσων ἡμῶν ἀναβέβηκεν, ἐγὼ δ' ὃς οὐδὲ περὶ ἕνα πότ' ἐξήμαρτον, ἀλλὰ τῶν μὲν ἐνθένδε λημμάτων ἀπεσχόμην, παρὰ ξένων δὲ καὶ νομιζόντων εὖ πάσχειν ἐπορισάμην τὰς ὠφελίας, ὡς δεινὰ ποιῶν εἰς τηλικουτονὶ καθέστηκα κίνδυνον. (165) Καί τοι προσῆκε τοὺς εὖ φρονοῦντας εὔχεσθαι τοῖς θεοῖς ὡς πλείστοις τῶν πολιτῶν παραγενέσθαι τὴν δύναμιν ταύτην, δι' ἣν ἔμελλον παρ' ἑτέρων λαμβάνοντες χρησίμους αὑτούς, ὥσπερ ἐγώ, τῇ πόλει παρέξειν. Πολλῆς δ' ἀλογίας περί με γεγενημένης πάντων ἂν συμβαίη δεινότατον, εἰ οἱ μὲν δεδωκότες μοι χρήματα τοσαύτην ἔχοιεν χάριν, ὥστ' ἔτι καὶ νῦν με θεραπεύειν, (166) ὑμεῖς δ', εἰς οὓς ἀνήλωκα τἀμαυτοῦ, δίκην ἐπιθυμήσαιτε παρ' ἐμοῦ λαβεῖν. Ἔτι δὲ δεινότερον, εἰ Πίνδαρον μὲν τὸν ποιητὴν οἱ πρὸ ἡμῶν γεγονότες ὑπὲρ ἑνὸς μόνον ῥήματος, ὅτι τὴν πόλιν ἔρεισμα τῆς Ἑλλάδος ὠνόμασεν, οὕτως ἐτίμησαν ὥστε καὶ πρόξενον ποιήσασθαι καὶ δωρεὰν μυρίας αὐτῷ δοῦναι δραχμάς, ἐμοὶ δὲ πολὺ πλείω καὶ κάλλιον ἐγκεκωμιακότι καὶ τὴν πόλιν καὶ τοὺς προγόνους μηδ' ἀσφαλῶς ἐγγένοιτο ἐπιβιῶναι τὸν ἐπίλοιπον χρόνον. (167) Περὶ μὲν οὖν τούτων καὶ τῶν ἄλλων τῶν κατηγορηθέντων ἱκανὴν εἶναι νομίζω τὴν εἰρημένην ἀπολογίαν· οὐκ ὀκνήσω δὲ πρὸς ὑμᾶς οὔθ' ὡς ἔχω νῦν πρὸς τὸν ἐνεστῶτα κίνδυνον κατειπεῖν τὴν ἀλήθειαν, οὔθ' ὡς τὸ πρῶτον διετέθην πρὸς αὐτόν. Ἐγὼ γὰρ ὑπὲρ μὲν τῶν ἰδίων πολλὰς ἐλπίδας εἶχον καλῶς ἀγωνιεῖσθαι· (168) καὶ γὰρ τοῖς βεβιωμένοις καὶ τοῖς πεπραγμένοις ἐπίστευον, καὶ πολλοὺς λόγους καὶ δικαίους ᾤμην ἔχειν ὑπὲρ αὐτῶν· ὁρῶν δ' οὐ μόνον δυσκόλως διακειμένους περὶ τὴν τῶν λόγων παιδείαν τοὺς εἰθισμένους ἅπασι χαλεπαίνειν, ἀλλὰ καὶ τῶν ἄλλων πολιτῶν πολλοὺς τραχέως πρὸς αὐτὴν διακειμένους, ἐφοβούμην μὴ τὰ μὲν ἴδιά μου παραμεληθῇ, τῆς δὲ κοινῆς τῆς περὶ τοὺς σοφιστὰς διαβολῆς ἀπολαύσω τι φλαῦρον. (169) Ἐπειδὴ δὲ χρόνων ἐγγιγνομένων εἰσέπεσον εἰς τὸ λογίζεσθαι καὶ σκοπεῖν τί χρήσομαι τοῖς παροῦσιν, ἐπαυσάμην τοῦ δέους καὶ τῆς ταραχῆς ταύτης, οὐκ ἀλόγως, ἀλλ' ἐκ τῶν εἰκότων λογισάμενος καὶ παραμυθησάμενος ἐμαυτόν· [160] afin d'avoir une plus grande part à la considération qui résulte de la fortune ; maintenant il faut, lorsqu'on est accusé d'être riche, préparer une apologie pour se défendre, comme on se défend des plus grands crimes, et chercher à s'assurer des moyens de salut. Il y a, en effet, beaucoup plus de dangers à paraître dans l'opulence qu'à commettre ouvertement une mauvaise action ; car les coupables sont absous, ou punis d'une peine légère ; tandis que l'homme opulent est sacrifié sans pitié et on pourrait trouver beaucoup plus de citoyens dépouillés injustement de leur fortune, que de coupables ayant subi la peine de leurs crimes. (161) Mais pourquoi m'arrêter ici à parler de faits généraux, quand moi-même, par suite de ce changement, je n'ai pas éprouvé de faibles dommages dans ma position personnelle? A l'époque où je commençais à pouvoir défendre mes intérêts, la guerre contre Lacédémone nous ayant enlevé tous les biens que nous possédions, et à l'aide desquels mon père, non content de se rendre utile à son pays, nous élevait avec un tel soin que j'étais plus connu, plus remarqué parmi les jeunes gens de mon âge et parmi mes condisciples que je ne le suis aujourd'hui parmi mes concitoyens; (162) à l'époque, dis-je, où je commençais à me mêler aux autres hommes, je pensais que, si je pouvais acquérir plus de richesses et d'aisance que ceux qui embrassaient alors la même carrière que moi, je serais considéré comme un homme distingué à la fois par ses connaissances et par sa fortune. Or le contraire m'est arrivé. Si j'eusse été dépourvu de toute valeur, si je n'eusse acquis aucune richesse, personne n'aurait cherché à me nuire ; si même j'eusse commis ouvertement quelque crime, j'aurais vécu en sécurité, grâce à l'appui des sycophantes ; tandis que maintenant, au lieu de la renommée à laquelle je m'attendais, les luttes, les périls, les jalousies, les accusations, m'ont assailli de toutes parts. (164) Notre ville trouve aujourd'hui une telle satisfaction à opprimer, à humilier les gens de bien et à donner aux méchants la liberté de tout dire et de tout faire, que Lysimaque, qui a résolu de vivre de ses calomnies et du mal qu'il ne cesse de faire à ses concitoyens, est monté à la tribune pour m'accuser, et que moi, qui n'ai jamais offensé personne, qui me suis abstenu de recevoir aucun salaire de l'État, qui ai créé ma fortune avec les dons qui m'étaient offerts par les étrangers et par ceux qui croyaient avoir reçu de moi quelque service, je me suis trouvé engagé dans le même péril que si j'eusse commis des actions coupables. (165) Les hommes sages devraient plutôt adresser des prières aux dieux afin que le plus grand nombre de citoyens obtinssent de participer à une faculté à l'aide de laquelle ils pourraient, en recevant de l'argent des étrangers; se rendre, comme je l'ai fait, utiles à leur patrie. Parmi tant de choses contraires à la raison qui ont eu lieu, en ce qui me concerne, la plus révoltante serait sans doute que, d'une part, ceux qui m'ont enrichi de leurs dons éprouvassent à mon égard une telle reconnaissance que, même encore aujourd'hui, ils voulussent venir à mon secours, (166) et que de l'autre, vous, pour qui j'ai dépensé ma fortune, vous éprouvassiez l'envie de sévir à mon égard. Il y aurait pourtant encore quelque chose de plus odieux, ce serait que nos ancêtres eussent honoré le poète Pindare jusqu'à le nommer proxène, et à lui offrir un présent de dix mille drachmes pour cette seule parole qu'Athènes était le rempart de la Grèce, et que moi, qui ai célébré notre ville et nos ancêtres par des louanges beaucoup plus nobles et beaucoup plus étendues, je n'eusse pas même le pouvoir de passer en sécurité le temps qui me reste à vivre. (167) Je crois vous avoir présenté pour cet objet, comme pour les autres parties de l'accusation, une suffisante apologie. 26-11. Maintenant, je n'hésiterai pas à déclarer la vérité, et sur la manière dont j'envisage aujourd'hui le danger qui me menace, et sur le sentiment que ce danger m'avait d'abord fait éprouver. En ce qui m'était personnel, j'avais la meilleure espérance de me défendre avec avantage ; (168) je me confiais dans ma vie et dans mes actions, pour lesquelles je croyais pouvoir présenter de nombreuses et justes apologies. Voyant ensuite que l'enseignement de l'éloquence n'était pas seulement regardé avec défaveur par les hommes accoutumés à s'irriter contre tout le monde, mais qu'un grand nombre de citoyens était dans des dispositions hostiles à l'égard de cet enseignement, je craignais, d'une part, que ma cause personnelle ne fût examinée avec peu d'intérêt, et que, de l'autre, l'accusation universelle qui pèse sur les sophistes ne devînt pour moi l'occasion de quelque malheur. (169) Mais plus tard, le temps s'étant écoulé, je commençai à examiner et à calculer de quelle manière je pourrais agir utilement dans la situation où je me trouvais; je bannis alors, et non sans motif, le trouble et la crainte, cherchant dans les probabilités des raisons pour m'encourager moi-même.


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Dernière mise à jour : 2/10/2008