HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, L'Iliade, chant XIX

Vers 300-349

  Vers 300-349

[19,300] τώ σἄμοτον κλαίω τεθνηότα μείλιχον αἰεί.
ὣς ἔφατο κλαίουσ᾽, ἐπὶ δὲ στενάχοντο γυναῖκες
Πάτροκλον πρόφασιν, σφῶν δαὐτῶν κήδεἑκάστη.
αὐτὸν δἀμφὶ γέροντες Ἀχαιῶν ἠγερέθοντο
λισσόμενοι δειπνῆσαι· δἠρνεῖτο στεναχίζων·
305 λίσσομαι, εἴ τις ἔμοιγε φίλων ἐπιπείθεθἑταίρων,
μή με πρὶν σίτοιο κελεύετε μηδὲ ποτῆτος
ἄσασθαι φίλον ἦτορ, ἐπεί μἄχος αἰνὸν ἱκάνει·
δύντα δἐς ἠέλιον μενέω καὶ τλήσομαι ἔμπης.
ὣς εἰπὼν ἄλλους μὲν ἀπεσκέδασεν βασιλῆας,
310 δοιὼ δἈτρεΐδα μενέτην καὶ δῖος Ὀδυσσεὺς
Νέστωρ Ἰδομενεύς τε γέρων θἱππηλάτα Φοῖνιξ
τέρποντες πυκινῶς ἀκαχήμενον· οὐδέ τι θυμῷ
τέρπετο, πρὶν πολέμου στόμα δύμεναι αἱματόεντος.
μνησάμενος δἁδινῶς ἀνενείκατο φώνησέν τε·
315 ῥά νύ μοί ποτε καὶ σὺ δυσάμμορε φίλταθἑταίρων
αὐτὸς ἐνὶ κλισίῃ λαρὸν παρὰ δεῖπνον ἔθηκας
αἶψα καὶ ὀτραλέως, ὁπότε σπερχοίατἈχαιοὶ
Τρωσὶν ἐφἱπποδάμοισι φέρειν πολύδακρυν Ἄρηα.
νῦν δὲ σὺ μὲν κεῖσαι δεδαϊγμένος, αὐτὰρ ἐμὸν κῆρ
320 ἄκμηνον πόσιος καὶ ἐδητύος ἔνδον ἐόντων
σῇ ποθῇ· οὐ μὲν γάρ τι κακώτερον ἄλλο πάθοιμι,
οὐδεἴ κεν τοῦ πατρὸς ἀποφθιμένοιο πυθοίμην,
ὅς που νῦν Φθίηφι τέρεν κατὰ δάκρυον εἴβει
χήτεϊ τοιοῦδυἷος· δἀλλοδαπῷ ἐνὶ δήμῳ
325 εἵνεκα ῥιγεδανῆς Ἑλένης Τρωσὶν πολεμίζω·
ἠὲ τὸν ὃς Σκύρῳ μοι ἔνι τρέφεται φίλος υἱός,
εἴ που ἔτι ζώει γε Νεοπτόλεμος θεοειδής.
πρὶν μὲν γάρ μοι θυμὸς ἐνὶ στήθεσσιν ἐώλπει
οἶον ἐμὲ φθίσεσθαι ἀπἌργεος ἱπποβότοιο
330 αὐτοῦ ἐνὶ Τροίῃ, σὲ δέ τε Φθίην δὲ νέεσθαι,
ὡς ἄν μοι τὸν παῖδα θοῇ ἐνὶ νηῒ μελαίνῃ
Σκυρόθεν ἐξαγάγοις καί οἱ δείξειας ἕκαστα
κτῆσιν ἐμὴν δμῶάς τε καὶ ὑψερεφὲς μέγα δῶμα.
ἤδη γὰρ Πηλῆά γὀΐομαι κατὰ πάμπαν
335 τεθνάμεν, που τυτθὸν ἔτι ζώοντἀκάχησθαι
γήραΐ τε στυγερῷ καὶ ἐμὴν ποτιδέγμενον αἰεὶ
λυγρὴν ἀγγελίην, ὅτἀποφθιμένοιο πύθηται.
ὣς ἔφατο κλαίων, ἐπὶ δὲ στενάχοντο γέροντες,
μνησάμενοι τὰ ἕκαστος ἐνὶ μεγάροισιν ἔλειπον·
340 μυρομένους δἄρα τούς γε ἰδὼν ἐλέησε Κρονίων,
αἶψα δἈθηναίην ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
τέκνον ἐμόν, δὴ πάμπαν ἀποίχεαι ἀνδρὸς ἑῆος.
νύ τοι οὐκέτι πάγχυ μετὰ φρεσὶ μέμβλετἈχιλλεύς;
κεῖνος γε προπάροιθε νεῶν ὀρθοκραιράων
345 ἧσται ὀδυρόμενος ἕταρον φίλον· οἳ δὲ δὴ ἄλλοι
οἴχονται μετὰ δεῖπνον, δἄκμηνος καὶ ἄπαστος.
ἀλλἴθι οἱ νέκτάρ τε καὶ ἀμβροσίην ἐρατεινὴν
στάξον ἐνὶ στήθεσσ᾽, ἵνα μή μιν λιμὸς ἵκηται.
ὣς εἰπὼν ὄτρυνε πάρος μεμαυῖαν Ἀθήνην·
[19,300] Aussi, avec des sanglots, je pleure ta mort,
ami toujours doux.»
Ainsi parlait-elle en pleurant, et là-dessus gémissaient
les femmes, en prenant pour prétexte Patrocle, mais
chacune sur ses propres malheurs.
Autour d'Achille, les anciens des Achéens s'étaient réunis,
le suppliant de manger; mais il refusait, gémissant:
« Je vous en supplie, si quelqu'un de vous, compagnons,
m'en croit, ne m'invitez pas, avec des aliments et de la
boisson, à satisfaire mon besoin de nourriture, car une
douleur terrible m'atteint. Jusqu'au coucher du soleil
j'attendrai, et tiendrai bon en tout cas."
A ces paroles, les rois se dispersèrent, sauf les deux
Atrides qui restèrent, avec le divin Ulysse, Nestor, Idoménée
et le vieil écuyer Phénix, pour charmer sa forte
affliction; mais rien, en son âme, ne le charmait, avant
qu'il se plongeât dans la gueule de la guerre sanglante.
Il se souvenait, et s'arracha avec peine ces mots
« Ainsi donc, naguère, c'était toi, infortuné, mon plus
cher compagnon, toi-même qui, dans ma baraque, me
servais un repas agréable, en t'empressant, rapidement,
quand les Achéens, en hâte, aux Troyens dompteurs de
chevaux portaient le déplorable Arès. Maintenant, tu
gis transpercé, et mon coeur repousse les boissons, les
aliments qui sont dans ma baraque, par regret de toi. Car
je ne souffrirais pas mal plus cruel, même si j'apprenais la
mort de mon père, (qui peut-être maintenant, à Phthie
verse de tendres larmes, privé d'un fils tel que moi; et moi
en pays étranger, pour l'odieuse Hélène, je combats les
Troyens), ou la mort de celui qu'on élève pour moi à
Scyros, de mon fils chéri, si du moins il vit encore, Néoptolème,
semblable à un dieu. Avant, en effet, mon coeur
en ma poitrine, espérait que seul, je périrais loin d'Argos
nourricière de chevaux, ici, dans la Troade, et que toi tu
retournerais en Phthie pour ramener mon fils, sur un rapide
vaisseau noir, de Scyros, et lui montrer chaque chose,
mes biens, mes esclaves, et ma grande maison au toit
élevé. Car, pour Pélée, je pense ou qu'il est déjà mort, ou
que, pour quelque temps vivant encore, il est affligé par
l'affreuse vieillesse, et attend sans cesse un message
funeste, l'annonce de ma mort."
Ainsi il parlait en pleurant; et avec lui gémissaient les anciens,
se rappelant chacun ce qu'ils avaient laissé dans leur palais.
Les voyant se lamenter, le fils de Cronos s'apitoya, et
aussitôt à Athénè adressa ces paroles ailées :
« Mon enfant, tu délaisses donc entièrement cet homme
excellent? Il n'y a donc plus en ton âme aucun souci
d'Achille? Lui, devant son vaisseau cornu, est assis, pleurant
son compagnon; les autres vont prendre leur repas;
lui reste à jeun, sans manger. Va donc, et le nectar,
l'ambroisie agréable, verse-les goutte à goutte en sa
poitrine, pour que la faim ne le gagne pas. »
Ce disant, il excita Athénè, déjà pleine d'ardeur.


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Dernière mise à jour : 26/05/2006