HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, L'Iliade, chant XIX

Vers 250-299

  Vers 250-299

[19,250] ἵστατο· Ταλθύβιος δὲ θεῷ ἐναλίγκιος αὐδὴν
κάπρον ἔχων ἐν χερσὶ παρίστατο ποιμένι λαῶν.
Ἀτρεΐδης δὲ ἐρυσσάμενος χείρεσσι μάχαιραν,
οἱ πὰρ ξίφεος μέγα κουλεὸν αἰὲν ἄωρτο,
κάπρου ἀπὸ τρίχας ἀρξάμενος Διὶ χεῖρας ἀνασχὼν
255 εὔχετο· τοὶ δἄρα πάντες ἐπαὐτόφιν εἵατο σιγῇ
Ἀργεῖοι κατὰ μοῖραν ἀκούοντες βασιλῆος.
εὐξάμενος δἄρα εἶπεν ἰδὼν εἰς οὐρανὸν εὐρύν·
ἴστω νῦν Ζεὺς πρῶτα θεῶν ὕπατος καὶ ἄριστος
Γῆ τε καὶ Ἠέλιος καὶ Ἐρινύες, αἵ θὑπὸ γαῖαν
260 ἀνθρώπους τίνυνται, ὅτις κἐπίορκον ὀμόσσῃ,
μὴ μὲν ἐγὼ κούρῃ Βρισηΐδι χεῖρἐπένεικα,
οὔτεὐνῆς πρόφασιν κεχρημένος οὔτέ τευ ἄλλου.
ἀλλἔμενἀπροτίμαστος ἐνὶ κλισίῃσιν ἐμῇσιν.
εἰ δέ τι τῶνδἐπίορκον ἐμοὶ θεοὶ ἄλγεα δοῖεν
265 πολλὰ μάλ᾽, ὅσσα διδοῦσιν ὅτίς σφἀλίτηται ὀμόσσας.
, καὶ ἀπὸ στόμαχον κάπρου τάμε νηλέϊ χαλκῷ.
τὸν μὲν Ταλθύβιος πολιῆς ἁλὸς ἐς μέγα λαῖτμα
ῥῖψἐπιδινήσας βόσιν ἰχθύσιν· αὐτὰρ Ἀχιλλεὺς
ἀνστὰς Ἀργείοισι φιλοπτολέμοισι μετηύδα·
270 Ζεῦ πάτερ μεγάλας ἄτας ἄνδρεσσι διδοῖσθα·
οὐκ ἂν δή ποτε θυμὸν ἐνὶ στήθεσσιν ἐμοῖσιν
Ἀτρεΐδης ὤρινε διαμπερές, οὐδέ κε κούρην
ἦγεν ἐμεῦ ἀέκοντος ἀμήχανος· ἀλλά ποθι Ζεὺς
ἤθελἈχαιοῖσιν θάνατον πολέεσσι γενέσθαι.
275 νῦν δἔρχεσθἐπὶ δεῖπνον, ἵνα ξυνάγωμεν Ἄρηα.
ὣς ἄρἐφώνησεν, λῦσεν δἀγορὴν αἰψηρήν.
οἳ μὲν ἄρἐσκίδναντο ἑὴν ἐπὶ νῆα ἕκαστος,
δῶρα δὲ Μυρμιδόνες μεγαλήτορες ἀμφεπένοντο,
βὰν δἐπὶ νῆα φέροντες Ἀχιλλῆος θείοιο.
280 καὶ τὰ μὲν ἐν κλισίῃσι θέσαν, κάθισαν δὲ γυναῖκας,
ἵππους δεἰς ἀγέλην ἔλασαν θεράποντες ἀγαυοί.
Βρισηῒς δἄρἔπειτἰκέλη χρυσέῃ Ἀφροδίτῃ
ὡς ἴδε Πάτροκλον δεδαϊγμένον ὀξέϊ χαλκῷ,
ἀμφαὐτῷ χυμένη λίγἐκώκυε, χερσὶ δἄμυσσε
285 στήθεά τἠδἁπαλὴν δειρὴν ἰδὲ καλὰ πρόσωπα.
εἶπε δἄρα κλαίουσα γυνὴ ἐϊκυῖα θεῇσι·
Πάτροκλέ μοι δειλῇ πλεῖστον κεχαρισμένε θυμῷ
ζωὸν μέν σε ἔλειπον ἐγὼ κλισίηθεν ἰοῦσα,
νῦν δέ σε τεθνηῶτα κιχάνομαι ὄρχαμε λαῶν
290 ἂψ ἀνιοῦσ᾽· ὥς μοι δέχεται κακὸν ἐκ κακοῦ αἰεί.
ἄνδρα μὲν ἔδοσάν με πατὴρ καὶ πότνια μήτηρ
εἶδον πρὸ πτόλιος δεδαϊγμένον ὀξέϊ χαλκῷ,
τρεῖς τε κασιγνήτους, τούς μοι μία γείνατο μήτηρ,
κηδείους, οἳ πάντες ὀλέθριον ἦμαρ ἐπέσπον.
295 οὐδὲ μὲν οὐδέ μἔασκες, ὅτἄνδρἐμὸν ὠκὺς Ἀχιλλεὺς
ἔκτεινεν, πέρσεν δὲ πόλιν θείοιο Μύνητος,
κλαίειν, ἀλλά μἔφασκες Ἀχιλλῆος θείοιο
κουριδίην ἄλοχον θήσειν, ἄξειν τἐνὶ νηυσὶν
ἐς Φθίην, δαίσειν δὲ γάμον μετὰ Μυρμιδόνεσσι.
[19,250] et Agamemnon se leva. Talthybios, semblable à un dieu
pour la voix, tenant un verrat de ses mains, se dressa près du
pasteur de peuples. L'Atride, tirant le poignard toujours suspendu
le long du grand fourreau de son épée, coupa au verrat
quelques soies, comme prémices, et, les mains levées vers
Zeus, il pria. Tous les Argiens, sur place, étaient assis
en silence, comme c'est dans l'ordre, écoutant le roi. Il
pria donc ainsi, en regardant le vaste ciel :
«Sachent maintenant Zeus d'abord, le plus élevé, le
meilleur des dieux, et la Terre, et le Soleil, et les Erinyes
qui, sous la terre, punissent les hommes — quiconque
s'est parjuré — que jamais sur la jeune Briséis je n'ai
porté la main, sous le prétexte de ma couche ni sous aucun
autre, mais qu'elle est restée intacte dans ma baraque.
S'il y a là quelque parjure, que les dieux me donnent des
douleurs innombrables, toutes celles qu'ils donnent à
qui les offense dans ses serments."
Il dit, et trancha la gorge du verrat avec le bronze impitoyable.
Talthybios, dans l'immense abîme de la mer blanchissante, le jeta,
l'ayant fait tournoyer, nourriture pour les poissons.
Alors Achille, se levant, dit aux Argiens belliqueux :
"Zeus père, bien grands sont les égarements que tu
donnes aux hommes. Jamais mon coeur, dans ma poitrine,
l'Atride ne l'aurait bouleversé, jamais, cette femme, il ne
l'aurait emmenée malgré moi, d'un coeur Inflexible. Mais
Zeus voulait alors la mort de beaucoup d'Achéens. Maintenant
allez manger, pour que nous engagions la bataille d'Arès. »
Il parla ainsi, et leva l'assemblée aussitôt. Les hommes
se dispersèrent, chacun vers son vaisseau; les présents, les
Myrmidons au grand coeur s'en occupèrent, et allèrent les
porter au vaisseau du divin Achille : les objets, on les mit
dans la baraque; on installa les femmes; et les chevaux
furent menés au troupeau par les brillants serviteurs.
— Alors Briséis, semblable à Aphrodite d'or, quand elle
vit Patrocle déchiré par le bronze aigu, se jeta en l'embrassant
sur son corps, poussa des cris perçants, égratigna
de ses mains sa poitrine, son cou tendre, son beau visage.
Et elle dit en pleurant, cette femme semblable aux déesses :
«O Patrocle, dans mon malheur ami le plus cher à mon
coeur ! Vivant je te laissai en partant de cette baraque;
maintenant je te trouve mort, chef de troupes, en y revenant !
Ainsi, pour moi, le malheur succède au malheur, toujours.
L'homme à qui me donnèrent mon père et ma
mère vénérable, je l'ai vu, devant sa ville, déchiré par le
bronze aigu, comme les trois frères qu'une seule et même
mère me donna, que j'aimais, et qui tous ont atteint le
jour fatal. Même ainsi, même moi, tu ne me laissas pas —
(quand mon mari, par le rapide Achille, fut tué, et saccagée
la ville du divin Mynès) — me lamenter; tu assurais
que du divin Achille tu me ferais la femme légitime,
qu'il m'emmènerait sur ses vaisseaux à Phthie, et célébrerait
la noce parmi les Myrmidons.


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Dernière mise à jour : 26/05/2006