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[5,70] Ἐν τῷ μέρεϊ δὲ ἑσσούμενος ὁ Ἰσαγόρης ἀντιτεχνᾶται τάδε· ἐπικαλέεται
Κλεομένεα τὸν Λακεδαιμόνιον γενόμενον ἑωυτῷ ξεῖνον ἀπὸ τῆς Πεισιστρατιδέων
πολιορκίης· τὸν δὲ Κλεομένεα εἶχε αἰτίη φοιτᾶν παρὰ τοῦ Ἰσαγόρεω τὴν γυναῖκα. (2)
τὰ μὲν δὴ πρῶτα πέμπων ὁ Κλεομένης ἐς τὰς Ἀθήνας κήρυκα ἐξέβαλλε Κλεισθένεα
καὶ μετ᾽ αὐτοῦ ἄλλους πολλοὺς Ἀθηναίων, τοὺς ἐναγέας ἐπιλέγων· ταῦτα δὲ πέμπων
ἔλεγε ἐκ διδαχῆς τοῦ Ἰσαγόρεω. οἱ μὲν γὰρ Ἀλκμεωνίδαι καὶ οἱ συστασιῶται αὐτῶν
εἶχον αἰτίην τοῦ φόνου τούτου, αὐτὸς δὲ οὐ μετεῖχε οὐδ᾽ οἱ φίλοι αὐτοῦ.
| [5,70] LXX. Isagoras ayant à son tour succombé, on eut recours à Cléomène, roi
de Lacédémone. Ce prince s'était lié avec lui d'une étroite amitié dans
le temps qu'on assiégeait les Pisistratides, et même on l'accusait de
rendre à sa femme de fréquentes visites. Il envoya d'abord un héraut à
Athènes, pour en faire chasser Clisthène et beaucoup d'autres
Athéniens, sous prétexte qu'ils avaient encouru l'anathème. Il suivait
en cela les instructions d'Isagoras ; car les Alcméonides et ceux de leur
parti étaient accusés d'un meurtre dont nous allons parler. Quant à
Isagoras, il n'avait eu lui-même aucune part à ce meurtre, non plus
que ses amis.
| [5,71] Οἱ δ᾽ ἐναγέες Ἀθηναίων ὧδε ὠνομάσθησαν. ἦν Κύλων τῶν Ἀθηναίων ἀνὴρ
Ὀλυμπιονίκης· οὗτος ἐπὶ τυραννίδι ἐκόμησε, προσποιησάμενος δὲ ἑταιρηίην τῶν
ἡλικιωτέων καταλαβεῖν τὴν ἀκρόπολιν ἐπειρήθη, οὐ δυνάμενος δὲ ἐπικρατῆσαι ἱκέτης
ἵζετο πρὸς τὸ ἄγαλμα. (2) τούτους ἀνιστᾶσι μὲν οἱ πρυτάνιες τῶν ναυκράρων, οἵ περ
ἔνεμον τότε τὰς Ἀθήνας, ὑπεγγύους πλὴν θανάτου· φονεῦσαι δὲ αὐτοὺς αἰτίη ἔχει
Ἀλκμεωνίδας. ταῦτα πρὸ τῆς Πεισιστράτου ἡλικίης ἐγένετο.
| [5,71] LXXI. Voici à quelle occasion on donna à cette portion des Athéniens le
nom d'Énagées (gens dévoués à l'anathème). Cylon d'Athènes, ayant
été victorieux aux jeux olympiques, porta son ambition jusqu'à
vouloir s'emparer de la tyrannie. Il se concilia l'amitié de gens de son
âge, et tâcha, avec leur secours, de se rendre maître de la
citadelle ; mais, n'ayant pu réussir dans son projet, il s'assit en
suppliant aux pieds de la statue de Minerve. Les prytanes des
naucrares, qui gouvernaient alors Athènes, les en firent sortir
après s'être engagés à ne les point punir de mort. Mais ils furent
massacrés, et l'on accusa les Alcméonides de ces meurtres. Cet
événement est antérieur à Pisistrate.
| [5,72] Κλεομένης δὲ ὡς πέμπων ἐξέβαλλε Κλεισθένεα καὶ τοὺς ἐναγέας, Κλεισθένης
μὲν αὐτὸς ὑπεξέσχε, μετὰ δὲ οὐδὲν ἧσσον παρῆν ἐς τὰς Ἀθήνας ὁ Κλεομένης οὐ σὺν
μεγάλῃ χειρί, ἀπικόμενος δὲ ἀγηλατέει ἑπτακόσια ἐπίστια Ἀθηναίων, τά οἱ ὑπέθετο ὁ
Ἰσαγόρης. ταῦτα δὲ ποιήσας δεύτερα τὴν βουλὴν καταλύειν ἐπειρᾶτο, τριηκοσίοισι δὲ
τοῖσι Ἰσαγόρεω στασιώτῃσι τὰς ἀρχὰς ἐνεχείριζε. (2) ἀντισταθείσης δὲ τῆς βουλῆς καὶ
οὐ βουλομένης πείθεσθαι, ὅ τε Κλεομένης καὶ ὁ Ἰσαγόρης καὶ οἱ στασιῶται αὐτοῦ
καταλαμβάνουσι τὴν ἀκρόπολιν. Ἀθηναίων δὲ οἱ λοιποὶ τὰ αὐτὰ φρονήσαντες
ἐπολιόρκεον αὐτοὺς ἡμέρας δύο· τῇ δὲ τρίτῃ ὑπόσπονδοι ἐξέρχονται ἐκ τῆς χώρης ὅσοι
ἦσαν αὐτῶν Λακεδαιμόνιοι. ἐπετελέετο δὲ τῷ Κλεομένεϊ ἡ φήμη. (3) ὡς γὰρ ἀνέβη ἐς
τὴν ἀκρόπολιν μέλλων δὴ αὐτὴν κατασχήσειν, ἤιε ἐς τὸ ἄδυτον τῆς θεοῦ ὡς
προσερέων· ἡ δὲ ἱρείη ἐξαναστᾶσα ἐκ τοῦ θρόνου, πρὶν ἢ τὰς θύρας αὐτὸν ἀμεῖψαι,
εἶπε “ὦ ξεῖνε Λακεδαιμόνιε, πάλιν χώρεε μηδὲ ἔσιθι ἐς τὸ ἱρόν· οὐ γὰρ θεμιτὸν
Δωριεῦσι παριέναι ἐνθαῦτα„. ὁ δὲ εἶπε “ὦ γύναι, ἀλλ᾽ οὐ Δωριεύς εἰμι ἀλλ᾽ Ἀχαιός„.
(4) ὃ μὲν δὴ τῇ κλεηδόνι οὐδὲν χρεώμενος ἐπεχείρησέ τε καὶ τότε πάλιν ἐξέπιπτε μετὰ
τῶν Λακεδαιμονίων· τοὺς δὲ ἄλλους Ἀθηναῖοι κατέδησαν τὴν ἐπὶ θανάτῳ, ἐν δὲ
αὐτοῖσι καὶ Τιμησίθεον τὸν Δελφόν, τοῦ ἔργα χειρῶν τε καὶ λήματος ἔχοιμ᾽ ἂν
μέγιστα καταλέξαι. Οὗτοι μέν νυν δεδεμένοι ἐτελεύτησαν.
| [5,72] LXXII. Cléomène ayant donc envoyé un héraut pour faire chasser
Clisthène, ainsi que les personnes dévouées à l'anathème, ce dernier
se retira de lui-même. Cléomène n'en vint pas moins, quelque temps
après, à Athènes, accompagné de peu de monde. A son arrivée, il
chassa sept cents familles athéniennes qu'Isagoras lui désigna.
Cela fait, il tenta de casser le sénat, et voulut confier l'autorité à trois
cents personnes du parti d'Isagoras. Mais le sénat s'y étant opposé et
ayant refusé d'obéir, Cléomène s'empara de la citadelle avec Isagoras
et ceux de sa faction. Le reste des Athéniens, qui était uni de
sentiments avec le sénat, les y tint assiégés pendant deux jours; le
troisième, on traita avec les Lacédémoniens renfermés dans la
citadelle, et il leur fut permis de sortir de l'Attique à de certaines
conditions : ainsi s'accomplit le présage de Cléomène. Car, étant
monté à la citadelle à dessein de s'en emparer, il voulut entrer dans le
sanctuaire de la déesse (Minerve) pour la consulter. Mais la prêtresse,
s'étant levée de son siège avant qu'il eût passé la porte, lui dit :
«Lacédémonien, retourne sur tes pas, et n'entre point dans ce temple ;
il n'est pas permis aux Doriens d'y mettre le pied. - Je ne suis pas
Dorien répondit Cléomène, mais Achéen;» et, sans s'inquiéter de
ce présage, il tenta l'entreprise, et fut alors obligé de se retirer pour la
seconde fois avec les Lacédémoniens sans avoir pu réussir. Les autres
furent mis aux fers pour être punis de mort. De ce nombre était
Timasithée de Delphes, dont je pourrais rapporter des traits de
bravoure et de grandeur d'âme. On les fit mourir dans les prisons.
| [5,73] Ἀθηναῖοι δὲ μετὰ ταῦτα Κλεισθένεα καὶ τὰ ἑπτακόσια ἐπίστια τὰ διωχθέντα ὑπὸ
Κλεομένεος μεταπεμψάμενοι πέμπουσι ἀγγέλους ἐς Σάρδις, συμμαχίην βουλόμενοι
ποιήσασθαι πρὸς Πέρσας· ἠπιστέατο γὰρ σφίσι Λακεδαιμονίους τε καὶ Κλεομένεα
ἐκπεπολεμῶσθαι.
(2) ἀπικομένων δὲ τῶν ἀγγέλων ἐς τὰς Σάρδις καὶ λεγόντων τὰ ἐντεταλμένα, Ἀρταφρένης
ὁ Ὑστάσπεος Σαρδίων ὕπαρχος ἐπειρώτα τίνες ἐόντες ἄνθρωποι καὶ κοῦ γῆς οἰκημένοι
δεοίατο Περσέων σύμμαχοι γενέσθαι, πυθόμενος δὲ πρὸς τῶν ἀγγέλων ἀπεκορύφου σφι
τάδε· εἰ μὲν διδοῦσι βασιλέι Δαρείῳ Ἀθηναῖοι γῆν τε καὶ ὕδωρ, ὁ δὲ συμμαχίην σφι
συνετίθετο, εἰ δὲ μὴ διδοῦσι, ἀπαλλάσσεσθαι αὐτοὺς ἐκέλευε. (3) οἱ δὲ ἄγγελοι ἐπὶ
σφέων αὐτῶν βαλόμενοι διδόναι ἔφασαν, βουλόμενοι τὴν συμμαχίην ποιήσασθαι.
οὗτοι μὲν δὴ ἀπελθόντες ἐς τὴν ἑωυτῶν αἰτίας μεγάλας εἶχον.
| [5,73] LXXIII. Les Athéniens, ayant ensuite rappelé Clisthène et les sept cents
familles bannies par Cléomène, envoyèrent à Sardes des
ambassadeurs pour faire alliance avec les Perses. Ils étaient, en effet,
persuadés qu'ils auraient une guerre à soutenir contre Cléomène et les
Lacédémoniens. Ces ambassadeurs ayant à leur arrivée exposé les
ordres dont ils étaient chargés, Artapherne, fils d'Hystaspes,
gouverneur de Sardes, leur demanda quelle sorte d'hommes ils
étaient, et dans quel endroit de la terre ils habitaient, pour prier les
Perses de s'allier avec eux. Les envoyés ayant satisfait à ses questions,
il leur dit en peu de mots «Si les Athéniens veulent donner au roi
Darius la terre et l'eau il fera alliance avec eux ; sinon, qu'ils se
retirent.» Comme les envoyés désiraient fort cette alliance, ils
répondirent, après en avoir délibéré entre eux, qu'ils y consentaient ;
mais, à leur retour à Athènes, on leur intenta à ce sujet une accusation
très grave.
| [5,74] Κλεομένης δὲ ἐπιστάμενος περιυβρίσθαι ἔπεσι καὶ ἔργοισι ὑπ᾽ Ἀθηναίων
συνέλεγε ἐκ πάσης Πελοποννήσου στρατόν, οὐ φράζων ἐς τὸ συλλέγει, τίσασθαι τε
ἐθέλων τὸν δῆμον τὸν Ἀθηναίων καὶ Ἰσαγόρην βουλόμενος τύραννον καταστῆσαι·
συνεξῆλθε γάρ οἱ οὗτος ἐκ τῆς ἀκροπόλιος. (2) Κλεομένης τε δὴ στόλῳ μεγάλῳ
ἐσέβαλε ἐς Ἐλευσῖνα, καὶ οἱ Βοιωτοὶ ἀπὸ συνθήματος Οἰνόην αἱρέουσι καὶ Ὑσιὰς
δήμους τοὺς ἐσχάτους τῆς Ἀττικῆς, Χαλκιδέες τε ἐπὶ τὰ ἕτερα ἐσίνοντο ἐπιόντες
χώρους τῆς Ἀττικῆς. Ἀθηναῖοι δέ, καίπερ ἀμφιβολίῃ ἐχόμενοι, Βοιωτῶν μὲν καὶ
Χαλκιδέων ἐς ὕστερον ἔμελλον μνήμην ποιήσεσθαι, Πελοποννησίοισι δὲ ἐοῦσι ἐν
Ἐλευσῖνι ἀντία ἔθεντο τὰ ὅπλα.
| [5,74] LXXIV. Cependant Cléomène, qui n'ignorait pas les actions et les
propos insultants des Athéniens, leva des troupes dans tout le
Péloponnèse, sans parler de leur destination ; il avait dessein de se
venger d'eux, et de leur donner pour tyran Isagoras, qui était sorti de
la citadelle avec lui. Il entra dans le territoire d'Éleusis avec des forces
considérables ; et les Béotiens, de concert avec lui, prirent Oenoé et
Hysies, bourgades à l'extrémité de l'Attique. Les Chalcidiens étaient
aussi entrés par un autre côté sur les terres de la république, et y
faisaient le dégât. Quoique ces diverses attaques causassent de
l'embarras aux Athéniens, ils remirent à un autre temps à se venger
des Béotiens et des Chalcidiens, pour aller sur-le-champ en ordre de
bataille au-devant des Péloponnésiens, qui étaient à Éleusis.
| [5,75] Μελλόντων δὲ συνάψειν τὰ στρατόπεδα ἐς μάχην, Κορίνθιοι μὲν πρῶτοι σφίσι
αὐτοῖσι δόντες λόγον ὡς οὐ ποιέοιεν δίκαια μετεβάλλοντό τε καὶ ἀπαλλάσσοντο, μετὰ
δὲ Δημάρητος ὁ Ἀρίστωνος, ἐὼν καὶ οὗτος βασιλεὺς Σπαρτιητέων καὶ συνεξαγαγών
τε τὴν στρατιὴν ἐκ Λακεδαίμονος καὶ οὐκ ἐὼν διάφορος ἐν τῷ πρόσθε χρόνῳ
Κλεομένεϊ. (2) ἀπὸ δὲ ταύτης τῆς διχοστασίης ἐτέθη νόμος ἐν Σπάρτῃ μὴ ἐξεῖναι
ἕπεσθαι ἀμφοτέρους τοὺς βασιλέας ἐξιούσης στρατιῆς· τέως γὰρ ἀμφότεροι εἵποντο·
παραλυομένου δὲ τούτων τοῦ ἑτέρου καταλείπεσθαι καὶ τῶν Τυνδαριδέων τὸν ἕτερον·
πρὸ τοῦ γὰρ δὴ καὶ οὗτοι ἀμφότεροι ἐπίκλητοί σφι ἐόντες εἵποντο. (3) τότε δὴ ἐν τῇ
Ἐλευσῖνι ὁρῶντες οἱ λοιποὶ τῶν συμμάχων τούς τε βασιλέας τῶν Λακεδαιμονίων οὐκ
ὁμολογέοντας καὶ Κορινθίους ἐκλιπόντας τὴν τάξιν, οἴχοντο καὶ αὐτοὶ
ἀπαλλασσόμενοι,
| [5,75] LXXV. Les deux armées étaient prêtes à en venir aux mains, lorsque
les Corinthiens, ayant les premiers réfléchi sur l'injustice de leur
conduite, changèrent de résolution et se retirèrent. Démarate, fils
d'Ariston, qui était aussi roi de Sparte, et qui avait amené avec
Cléomène les troupes de la république, suivit cet exemple, quoique
jusqu'à ce moment il n'eût eu aucun différend avec lui. Les deux rois
accompagnaient alors l'armée ; mais, depuis l'époque de cette division,
il leur fut défendu par une loi d'entrer ensemble tous les deux en
campagne, et il fut aussi réglé que, l'un des deux rois étant séparé
de l'autre, on laisserait aussi à Sparte l'un des deux Tyndarides : car
auparavant ils allaient tous les deux au secours des rois, et les
accompagnaient dans leurs expéditions. Le reste des alliés assemblés à
Éleusis, témoins des divisions des rois de Lacédémone et du départ des
Corinthiens, se retirèrent aussi chez eux.
| [5,76] Τέταρτον δὴ τοῦτο ἐπὶ τὴν Ἀττικὴν ἀπικόμενοι Δωριέες, δίς τε ἐπὶ πολέμῳ
ἐσβαλόντες καὶ δὶς ἐπ᾽ ἀγαθῷ τοῦ πλήθεος τοῦ Ἀθηναίων, πρῶτον μὲν ὅτε καὶ
Μέγαρα κατοίκισαν· οὗτος ὁ στόλος ἐπὶ Κόδρου βασιλεύοντος Ἀθηναίων ὀρθῶς ἂν
καλέοιτο· δεύτερον δὲ καὶ τρίτον ὅτε ἐπὶ Πεισιστρατιδέων ἐξέλασιν ὁρμηθέντες ἐκ
Σπάρτης ἀπίκοντο, τέταρτον δὲ τότε ὅτε ἐς Ἐλευσῖνα Κλεομένης ἄγων
Πελοποννησίους ἐσέβαλε. οὕτω τέταρτον τότε Δωριέες ἐσέβαλον ἐς Ἀθήνας.
| [5,76] LXXVI. Ce fut la quatrième fois que les Doriens entrèrent dans
l'Attique. Ils y étaient venus deux fois pour faire la guerre aux
Athéniens, et deux fois pour les intérêts de ce même peuple : la
première, quand ils menèrent une colonie à Mégare, expédition qu'on
pourrait avec raison placer sous le règne de Codrus ; la seconde et la
troisième, lorsqu'ils chassèrent les Pisistratides ; la quatrième enfin,
lorsque Cléomène conduisit les Péloponnésiens contre Éleusis.
| [5,77] Διαλυθέντος ὦν τοῦ στόλου τούτου ἀκλεῶς, ἐνθαῦτα Ἀθηναῖοι τίνυσθαι
βουλόμενοι πρῶτα στρατηίην ποιεῦνται ἐπὶ Χαλκιδέας. Βοιωτοὶ δὲ τοῖσι Χαλκιδεῦσι
βοηθέουσι ἐπὶ τὸν Εὔριπον. Ἀθηναίοισι δὲ ἰδοῦσι τοὺς Βοιωτοὺς ἔδοξε πρότερον τοῖσι
Βοιωτοῖσι ἢ τοῖσι Χαλκιδεῦσι ἐπιχειρέειν. (2) συμβάλλουσί τε δὴ τοῖσι Βοιωτοῖσι οἱ
Ἀθηναῖοι καὶ πολλῷ ἐκράτησαν, κάρτα δὲ πολλοὺς φονεύσαντες ἑπτακοσίους αὐτῶν
ἐζώγρησαν. τῆς δὲ αὐτῆς ταύτης ἡμέρης οἱ Ἀθηναῖοι διαβάντες ἐς τὴν Εὔβοιαν
συμβάλλουσι καὶ τοῖσι Χαλκιδεῦσι, νικήσαντες δὲ καὶ τούτους τετρακισχιλίους
κληρούχους ἐπὶ τῶν ἱπποβοτέων τῇ χώρῃ λείπουσι. οἱ δὲ ἱπποβόται ἐκαλέοντο οἱ
παχέες τῶν Χαλκιδέων. (3) ὅσους δὲ καὶ τούτων ἐζώγρησαν, ἅμα τοῖσι Βοιωτῶν
ἐζωγρημένοισι εἶχον ἐν φυλακῇ ἐς πέδας δήσαντες· χρόνῳ δὲ ἔλυσαν σφέας δίμνεως
ἀποτιμησάμενοι. τὰς δὲ πέδας αὐτῶν, ἐν τῇσι ἐδεδέατο, ἀνεκρέμασαν ἐς τὴν
ἀκρόπολιν· αἵ περ ἔτι καὶ ἐς ἐμὲ ἦσαν περιεοῦσαι, κρεμάμεναι ἐκ τειχέων
περιπεφλευσμένων πυρὶ ὑπὸ τοῦ Μήδου, ἀντίον δὲ τοῦ μεγάρου τοῦ πρὸς ἑσπέρην
τετραμμένου. (4) καὶ τῶν λύτρων τὴν δεκάτην ἀνέθηκαν ποιησάμενοι τέθριππον
χάλκεον· τὸ δὲ ἀριστερῆς χειρὸς ἕστηκε πρῶτον ἐσιόντι ἐς τὰ προπύλαια τὰ ἐν τῇ
ἀκροπόλι· ἐπιγέγραπται δέ οἱ τάδε.
Ἔθνεα Βοιωτῶν καὶ Χαλκιδέων δαμάσαντες
παῖδες Ἀθηναίων ἔργμασιν ἐν πολέμου,
δεσμῷ ἐν ἀχλυόεντι σιδηρέῳ ἔσβεσαν ὕβριν·
τῶν ἵππους δεκάτην Παλλάδι τάσδ᾽ ἔθεσαν.
| [5,77] LXXVII. Cette armée s'étant honteusement dissipée, les Athéniens
cherchèrent alors à se venger. Ils marchèrent d'abord contre les
Chalcidiens ; mais les Béotiens étant venus à leur secours sur les bords
de l'Euripe, les Athéniens ne les eurent pas plutôt aperçus, qu'ils
résolurent de les attaquer les premiers. En conséquence de cette
résolution, ils leur livrèrent bataille, leur tuèrent beaucoup de monde,
firent sept cents prisonniers, et remportèrent une victoire complète. Ce
même jour, ils passèrent dans l'Eubée, en vinrent aux mains avec les
Chalcidiens, et, les ayant aussi vaincus, ils laissèrent dans l’île une
colonie de quatre mille hommes, à qui ils distribuèrent au sort les
terres des Hippobotes : tel est le nom qu'on donnait aux habitants les
plus riches de cette île. Ils mirent aux fers tous les prisonniers qu'ils
firent, tant sur eux que sur les Béotiens, et les gardèrent étroitement ;
mais dans la suite ils les relâchèrent moyennant deux mines par tête,
et appendirent aux murs de la citadelle leurs ceps, qu'on voyait encore
de mon temps suspendus aux murailles, en partie brûlées par le Mède,
et vis-à-vis du temple qui est à l'ouest. Ils consacrèrent aux dieux la
dixième partie de l'argent qu'ils retirèrent de la rançon des prisonniers,
et l'on en fit un char de bronze à quatre chevaux, qu'on plaça à main
gauche tout à l'entrée des propylées de la citadelle, avec cette inscription :
LES ATHÉNIENS ONT DOMPTÉ PAR LEURS EXPLOITS LES
BÉOTIENS ET LES CHALCIDIENS, ET, LES AYANT CHARGÉS DE
CHAINES, ILS ONT ÉTEINT LEUR INSOLENCE DANS L'OBSCURITÉ
D'UNE PRISON. DE LA DIME DE LEUR RANÇON ILS ONT OFFERT A
PALLAS CES CHEVAUX.
| [5,78] Ἀθηναῖοι μέν νυν ηὔξηντο. δηλοῖ δὲ οὐ κατ᾽ ἓν μοῦνον ἀλλὰ πανταχῇ ἡ
ἰσηγορίη ὡς ἔστι χρῆμα σπουδαῖον, εἰ καὶ Ἀθηναῖοι τυραννευόμενοι μὲν οὐδαμῶν τῶν
σφέας περιοικεόντων ἦσαν τὰ πολέμια ἀμείνους, ἀπαλλαχθέντες δὲ τυράννων μακρῷ
πρῶτοι ἐγένοντο. δηλοῖ ὦν ταῦτα ὅτι κατεχόμενοι μὲν ἐθελοκάκεον ὡς δεσπότῃ
ἐργαζόμενοι, ἐλευθερωθέντων δὲ αὐτὸς ἕκαστος ἑωυτῷ προεθυμέετο κατεργάζεσθαι.
| [5,78] LXXVIII. Les forces des Athéniens allaient toujours en croissant. On
pourrait prouver de mille manières que l'égalité entre les citoyens est
le gouvernement le plus avantageux ; cet exemple seul le démontre.
Tant que les Athéniens restèrent sous la puissance de leurs tyrans, ils
ne se distinguèrent pas plus à la guerre que leurs voisins ; mais, ayant
une fois secoué le joug, ils acquirent sur eux une très grande
supériorité. Cela prouve que, dans le temps qu'ils étaient détenus dans
l'esclavage, ils se comportaient lâchement de propos délibéré, parce
qu'ils travaillaient pour un maître ; au lieu qu'ayant recouvré la liberté,
chacun s'empressa avec ardeur à travailler pour soi.
| [5,79] Οὗτοι μέν νυν ταῦτα ἔπρησσον. Θῃβαῖοι δὲ μετὰ ταῦτα ἐς θεὸν ἔπεμπον,
βουλόμενοι τίσασθαι Ἀθηναίους. ἡ δὲ Πυθίη ἀπὸ σφέων μὲν αὐτῶν οὐκ ἔφη αὐτοῖσι
εἶναι τίσιν, ἐς πολύφημον δὲ ἐξενείκαντας ἐκέλευε τῶν ἄγχιστα δέεσθαι. (2)
ἀπελθόντων ὦν τῶν θεοπρόπων, ἐξέφερον τὸ χρηστήριον ἁλίην ποιησάμενοι· ὡς
ἐπυνθάνοντο δὲ λεγόντων αὐτῶν τῶν ἄγχιστα δέεσθαι, εἶπαν οἱ Θηβαῖοι ἀκούσαντες
τούτων “οὐκ ὦν ἄγχιστα ἡμέων οἰκέουσι Ταναγραῖοί τε καὶ Κορωναῖοι καὶ Θεσπιέες;
καὶ οὗτοί γε ἅμα ἡμῖν αἰεὶ μαχόμενοι προθύμως συνδιαφέρουσι τὸν πόλεμον· τί δεῖ
τούτων γε δέεσθαι; ἀλλὰ μᾶλλον μὴ οὐ τοῦτο ᾖ τὸ χρηστήριον„.
| [5,79] LXXIX. Tel était l'état actuel des Athéniens.
Les Thébains, cherchant depuis cette victoire a se venger des
Athéniens, envoyèrent consulter le dieu de Delphes ; la Pythie leur
répondit qu'ils ne pourraient pas se venger par eux-mêmes, et leur
conseilla de faire leur rapport à l'assemblée du peuple, et de
s'adresser à leurs plus proches. Les envoyés convoquèrent, à leur
retour, l'assemblée du peuple, et lui communiquèrent la réponse de
l'oracle. Les Thébains, apprenant que le dieu leur ordonnait de
s'adresser à leurs plus proches, se disaient les uns aux autres : «Les
Tanagréens, les Coronéens et les Thespiens ne sont-ils pas nos plus
proches voisins ? ne font-ils pas la guerre de concert avec nous, et ne
se battent-ils pas avec ardeur pour nos intérêts ? qu'est-il besoin de
les prier ? Il y a bien plutôt apparence que ce n'est pas là le sens de l'oracle.»
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