[9,4,5] <74> Ἐξέβη τοίνυν τοῦτον τὸν τρόπον τὰ ὑπὸ Ἐλισσαίου προειρημένα: νόμος ἦν ἐν
Σαμαρείᾳ τοὺς λέπραν ἔχοντας καὶ μὴ καθαροὺς ἀπὸ τῶν τοιούτων τὰ σώματα μένειν
ἔξω τῆς πόλεως. ἄνδρες οὖν τὸν ἀριθμὸν τέσσαρες διὰ ταύτην τὴν αἰτίαν πρὸ τῶν
πυλῶν μένοντες μηκέτι μηδενὸς αὐτοῖς διὰ τὴν ὑπερβολὴν τοῦ λιμοῦ <75> τροφὴν
ἐκφέροντος εἰσελθεῖν μὲν εἰς τὴν πόλιν διὰ τὸν νόμον κεκωλυμένοι, κἂν ἐπιτραπῇ
δ' αὐτοῖς διαφθαρήσεσθαι κακῶς ὑπὸ τοῦ λιμοῦ λογισάμενοι, τοῦτο δὲ πείσεσθαι κἂν
αὐτόθι μείνωσιν ἀπορίᾳ τροφῆς, παραδοῦναι τοῖς πολεμίοις αὑτοὺς ἔκριναν ὡς εἰ
μὲν φείσαιντο αὐτῶν ζησόμενοι, εἰ δ' ἀναιρεθεῖεν εὐθανατήσοντες. <76> ταύτην
κυρώσαντες τὴν βουλὴν νυκτὸς ἧκον εἰς τὸ στρατόπεδον τῶν πολεμίων. ἤρχετο δ' ἤδη
τοὺς Σύρους ἐκφοβεῖν καὶ ταράττειν ὁ θεὸς καὶ κτύπον ἁρμάτων καὶ ἵππων ὡς
ἐπερχομένης στρατιᾶς ταῖς ἀκοαῖς αὐτῶν ἐνηχεῖν καὶ ταύτην ἐγγυτέρω προσφέρειν
αὐτοῖς τὴν ὑπόνοιαν. <77> ἀμέλει τοῦτον τὸν τρόπον ὑπ' αὐτῆς διετέθησαν, ὥστε
τὰς σκηνὰς ἐκλιπόντες συνέδραμον πρὸς τὸν Ἄδερα λέγοντες, ὡς Ἰώραμος ὁ τῶν
Ἰσραηλιτῶν μισθωσάμενος συμμάχους τόν τε τῶν Αἰγυπτίων βασιλέα καὶ τὸν τῶν νήσων
ἐπ' αὐτοὺς ἄγει: προσιόντων γὰρ αὐτῶν ἐπακούειν τοῦ κτύπου. <78> ταῦτα λέγουσιν
ὁ Ἄδερ, καὶ γὰρ αὐτὸς περιεψοφεῖτο ἤδη τὰς ἀκοὰς ὁμοίως τῷ πλήθει, προσέσχε καὶ
μετὰ πολλῆς ἀταξίας καὶ θορύβου καταλιπόντες ἐν τῇ παρεμβολῇ τοὺς ἵππους καὶ τὰ
ὑποζύγια καὶ πλοῦτον ἄφθονον εἰς φυγὴν ἐχώρησαν. <79> οἱ λεπροὶ δὲ οἱ ἐκ τῆς
Σαμαρείας ἀναχωρήσαντες εἰς τὸ τῶν Σύρων στρατόπεδον, ὧν μικρὸν ἔμπροσθεν
ἐπεμνήσθημεν, ὡς γενόμενοι πρὸς τῇ παρεμβολῇ πολλὴν ἡσυχίαν καὶ ἀφωνίαν ἔβλεπον
οὖσαν καὶ παρελθόντες δὲ εἴσω καὶ ὁρμήσαντες εἰς μίαν σκηνὴν οὐδένα ἑώρων,
ἐμφαγόντες καὶ πιόντες ἐβάστασαν ἐσθῆτα καὶ πολὺν χρυσὸν κομίσαντες ἔξω τῆς
παρεμβολῆς ἔκρυψαν: <80> ἔπειτ' εἰς ἑτέραν σκηνὴν παρελθόντες ὁμοίως τὰ ἐν αὐτῇ
πάλιν ἐξεκόμισαν, καὶ τοῦτ' ἐποίησαν τετράκις μηδενὸς αὐτοῖς ὅλως ἐντυγχάνοντος.
ὅθεν εἰκάσαντες ἀνακεχωρηκέναι τοὺς πολεμίους κατεγίνωσκον αὑτῶν μὴ ταῦτα
δηλούντων τῷ Ἰωράμῳ καὶ τοῖς πολίταις. <81> καὶ οἱ μὲν ἐλθόντες πρὸς τὸ τῆς
Σαμαρείας τεῖχος καὶ ἀναβοήσαντες πρὸς τοὺς φύλακας ἐμήνυον αὐτοῖς τὰ περὶ τοὺς
πολεμίους, ἐκεῖνοι δὲ ταῦτ' ἀπήγγειλαν τοῖς τοῦ βασιλέως φύλαξι, παρ' ὧν μαθὼν
Ἰώραμος μεταπέμπεται τοὺς φίλους καὶ τοὺς ἡγεμόνας. <82> πρὸς οὓς ἐλθόντας
ἐνέδραν καὶ τέχνην ὑπονοεῖν ἔλεγε τὴν ἀναχώρησιν τοῦ τῶν Σύρων βασιλέως
ἀπογνόντος ἡμᾶς τῷ λιμῷ διαφθαρήσεσθαι, ἵνα ὡς πεφευγότων εἰς διαρπαγὴν
ἐξελθόντων τῆς παρεμβολῆς αἰφνιδίως ἐπιπέσῃ καὶ κτείνῃ μὲν αὐτούς, ἀμαχητὶ δὲ
ἕλῃ τὴν πόλιν: ὅθεν ὑμῖν παραινῶ διὰ φυλακῆς ἔχειν αὐτὴν μὴ καταφρονήσαντας τῷ
τοὺς πολεμίους ἀνακεχωρηκέναι: <83> φήσαντος δέ τινος, ὡς ἄριστα μὲν καὶ
συνετώτατα ὑπονοήσειε, πέμψαι γε μὴν συμβουλεύσαντος δύο τῶν ἱππέων τοὺς τὴν
ἄχρι Ἰορδάνου πᾶσαν ἐξερευνήσοντας, ἵν' εἰ ληφθέντες ὑπὸ λοχώντων τῶν πολεμίων
διαφθαρεῖεν φυλακὴ τῇ στρατιᾷ γένωνται τοῦ μηδὲν ὅμοιον παθεῖν αὐτὴν ἀνυπόπτως
προελθοῦσαν: “προσαριθμήσεις δέ, φησί, τοῖς ὑπὸ τοῦ λιμοῦ τεθνηκόσι τοὺς ἱππεῖς,
κἂν <84> ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ληφθέντες ἀπόλωνται.” ἀρεσθεὶς δὲ τῇ γνώμῃ τότε τοὺς
κατοψομένους ἐξέπεμψεν: οἱ δὲ κενὴν μὲν πολεμίων τὴν ὁδὸν ἤνυσαν, μεστὴν δὲ
σιτίων καὶ ὅπλων εὗρον, ἃ διὰ τὸ κοῦφοι πρὸς τὸ φεύγειν εἶναι ῥίπτοντες
κατέλιπον. ταῦτ' ἀκούσας ὁ βασιλεὺς ἐπὶ διαρπαγὴν τῶν ἐν τῷ στρατοπέδῳ τὸ πλῆθος
ἐξαφῆκεν. <85> εὐτελὲς δὲ οὐδὲν οὐδ' ὀλίγον ὠφελοῦντο, ἀλλὰ πολὺν μὲν χρυσόν,
πολὺν δὲ ἄργυρον, ἀγέλας δὲ παντοδαπῶν κτηνῶν, ἔτι γε μὴν σίτου μυριάσι καὶ
κριθῆς αἷς οὐδ' ὄναρ ἤλπισαν ἐπιτυχόντες τῶν μὲν προτέρων κακῶν ἀπηλλάγησαν,
ἀφθονίαν δ' εἶχον, ὡς ὠνεῖσθαι δύο μὲν σάτα κριθῆς σίκλου σεμιδάλεως δὲ σάτον
σίκλου κατὰ τὴν Ἐλισσαίου προφητείαν: ἰσχύει δὲ τὸ σάτον μόδιον καὶ ἥμισυ
Ἰταλικόν. <86> μόνος δὲ τούτων οὐκ ὤνατο τῶν ἀγαθῶν ὁ τῆς τρίτης μοίρας ἡγεμών:
κατασταθεὶς γὰρ ἐπὶ τῆς πύλης ὑπὸ τοῦ βασιλέως, ἵνα τὸ πλῆθος ἐπέχῃ τῆς πολλῆς
ὁρμῆς καὶ μὴ κινδυνεύσωσιν ὑπ' ἀλλήλων ὠθούμενοι συμπατηθέντες ἀπολέσθαι, τοῦτ'
αὐτὸς ἔπαθε καὶ τοῦτον ἀποθνήσκει τὸν τρόπον τὴν τελευτὴν αὐτῷ προφητεύσαντος
Ἐλισσαίου, ὅτε τοῖς ὑπ' αὐτοῦ περὶ τῆς ἐσομένης εὐπορίας τῶν ἐπιτηδείων
λεγομένοις μόνος ἐξ ἁπάντων οὐκ ἐπίστευσεν.
| [9,4,5] Or, voici comment se réalisèrent les prédictions d’Élisée. La loi voulait à Samarie que les gens affligés de la lèpre et qui n’avaient pas le corps purifié de cette maladie demeurassent hors de la ville. Quatre individus, que leur lèpre obligeait ainsi à demeurer devant les portes, n’ayant plus personne pour leur apporter à manger, tant la famine était grande, et se voyant l’accès de la ville interdit par la loi, réfléchirent que, même admis, ils périraient misérablement de faim, et qu’ils auraient d’ailleurs le même sort en restant où ils étaient, faute de nourriture ; ils décidèrent donc de se rendre aux ennemis : ou on les épargnerait et ils vivraient, ou en les mettrait à mort, et ils auraient une fin plus douce. Cette résolution prise, ils pénétrèrent de nuit dans le camp ennemi. Or, Dieu avait déjà commencé d’inquiéter et de troubler les Syriens, de remplir leurs oreilles du fracas des chars et des chevaux, comme si une armée marchait contre eux et, de plus en plus, il semait l’alarme dans leurs rangs. Bref, ils furent tellement troublés par cette inquiétude qu’ils quittèrent leurs tentes et accoururent chez Ader, s’écriant que Joram, le roi des Israélites, avait acheté le concours du roi des Égyptiens et de celui des Îles et marchait contre eux ; déjà ils percevaient le bruit de leur approche. Ces paroles trouvèrent créance chez Ader, à qui déjà aussi les oreilles tintaient ainsi qu’à la foule. Et tous prirent la fuite en plein désordre et désarroi, après avoir abandonné dans le camp chevaux et bêtes de somme et d’immenses richesses. Quant aux lépreux qui étaient montés de Samarie au camp des Syriens, et dont nous avons parlé un peu plus haut, quand ils s’aperçurent, en parvenant au camp, qu’il y régnait un calme et un silence parfaits, ils y pénétrèrent et se précipitèrent dans une tente sans y voir âme qui vive ; alors ils mangèrent et burent, prirent des vêtements et quantité d’or, qu’ils portèrent hors du camp et cachèrent. Ils entrèrent ensuite dans une autre tente, dont ils déménagèrent également le contenu. Et ils répétèrent l’opération quatre fois, sans rencontrer personne. Conjecturant dès lors que les ennemis s’étaient retirés, ils se reprochèrent de ne pas aller annoncer ces faits à Joram et à leurs concitoyens. Ils se rapprochent donc des remparts de Samarie, appellent les gardes à grands cris et les avisent de ce qui se passe chez les ennemis. Ceux-ci en informèrent les gardes du roi. Instruit par eux, Joram mande ses amis et les chefs, à qui il déclara à leur arrivée qu’il soupçonnait un piège et une feinte dans la retraite du roi des Syriens : « sans doute, désespérant de nous détruire par la famine, il espère qu’à la faveur de leur prétendue fuite nous sortirons pour piller leur camp, et alors il tombera sur nous à l’improviste et nous taillera en pièces, puis prendra la ville sans coup férir. C’est pourquoi je vous conseille de bien veiller, et de n’en pas sortir du tout, trop confiants dans la retraite des ennemis ». Un des assistants déclara que ces soupçons étaient très justes et très avisés, mais conseilla cependant d’envoyer deux cavaliers pour explorer toute la région jusqu’au Jourdain ; s’ils périssaient, surpris par les ennemis en embuscade, leur mort permettrait à l’armée de se garder d’un sort semblable en évitant une sortie téméraire : « Tu ajouteras ces cavaliers, dit-il, au nombre de ceux qui sont morts de faim, s’ils sont pris par les ennemis et viennent à périr. » Approuvant cet avis, Joram commanda alors les éclaireurs. Ceux-ci rapportèrent que le chemin qu’ils
parcoururent était évacué par les ennemis, mais qu’ils l’avaient trouvé plein de vivres et d’armes que ceux-ci avaient abandonnés en les jetant afin de s’alléger dans leur fuite. A cette nouvelle, le roi lança le peuple au pillage des objets contenus dans le camp. Le butin ne fut ni de qualité ni de quantité médiocre ; ils prirent beaucoup d’or et d’argent, des troupeaux de bêtes de toutes sottes ; en outre, ils tombèrent sur une quantité énorme de froment et d’orge qu’ils n’eussent point espérée même en songe. Ainsi ils furent délivrés, d’une part, de leurs maux antérieurs, et de l’autre, l’abondance de leurs ressources leur permit d’acheter deux satons d’orge pour un sicle et une mesure de fine farine pour un sicle, selon la prophétie d’Élisée. Le saton vaut un muids italique et demi. Seul ne put acheter de ces bonnes choses le commandant du tiers de l’armée, car le roi l’avait placé à la porte, afin de contenir l’élan excessif de la foule et d’empêcher les gens, en se pressant mutuellement, d’être foulés aux pieds et de périr ; or, il subit lui-même ce sort et mourut ainsi, selon la fin que lui avait annoncée Élisée, lorsque seul il avait refusé d’ajouter foi à sa prédiction d’une prochaine abondance de vivres.
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