[7,10,5] (5)<250> Καὶ μεταξὺ ταῦτα λέγοντος τοῦ βασιλέως φανεὶς ὁ Ἀχιμᾶς προσκυνεῖ τὸν
βασιλέα, καὶ πυθομένῳ περὶ τῆς μάχης νίκην εὐαγγελίζεται καὶ κράτος. ἐρομένῳ δ'
εἴ τι καὶ περὶ τοῦ παιδὸς ἔχοι λέγειν αὐτὸς μὲν ἔφασκεν εὐθὺς ὁρμῆσαι πρὸς αὐτὸν
τῆς τροπῆς τῶν πολεμίων γενομένης, ἀκοῦσαι δὲ μεγάλης φωνῆς διωκόντων τὸν
Ἀψάλωμον καὶ πλεῖον τούτου μηδὲν δεδυνῆσθαι μαθεῖν διὰ τὸ πεμφθέντα ὑπὸ Ἰωάβου
δηλῶσαι τὴν νίκην ἐπείγεσθαι. <251> παραγενομένου δὲ τοῦ Χουσὶ καὶ
προσκυνήσαντος καὶ τὴν νίκην σημήναντος, περὶ τοῦ παιδὸς αὐτὸν ἀνέκρινεν. ὁ δ'
“ἐχθροῖς, εἶπε, <252> τοῖς σοῖς οἷα συμβέβηκεν Ἀψαλώμῳ γένοιτο.” οὗτος ὁ λόγος
οὐδὲ τὴν ἐπὶ τῇ νίκῃ χαρὰν εἴασεν οὔτ' αὐτῷ μεῖναι μεγίστην οὖσαν οὔτε τοῖς
στρατιώταις: αὐτὸς μὲν γὰρ ἀναβὰς ἐπὶ τὸ ὑψηλότατον τῆς πόλεως ἀπεκλαίετο τὸν
υἱὸν τυπτόμενος τὰ στέρνα καὶ τὴν κεφαλὴν σπαραττόμενος καὶ παντοίως αὑτὸν
αἰκιζόμενος καὶ “τέκνον, ἐκβοῶν, εἴθε μοι τὸν θάνατον ἐπελθεῖν ἐγένετο καὶ ἅμα
σοι τελευτῆσαι”: φύσει γὰρ ὢν φιλόστοργος πρὸς ἐκεῖνον μᾶλλον συμπαθῶς εἶχεν.
<253> ἡ στρατιὰ δὲ καὶ Ἰώαβος ἀκούσαντες, ὅτι πενθεῖ τὸν υἱὸν οὕτως ὁ βασιλεύς,
ᾐσχύνθησαν μετὰ τοῦ τῶν νενικηκότων σχήματος εἰσελθεῖν εἰς τὴν πόλιν, κατηφεῖς
δὲ καὶ δεδακρυμένοι πάντες ὡς ἀφ' ἥττης παρῆλθον. <254> κατακαλυψαμένου δὲ τοῦ
βασιλέως καὶ στένοντος τὸν υἱὸν εἴσεισι πρὸς αὐτὸν Ἰώαβος καὶ παρηγορῶν “ὦ
δέσποτα, φησί, λανθάνεις διαβάλλων σαυτὸν οἷς ποιεῖς, ὅτι τοὺς μὲν ἀγαπῶντάς σε
καὶ περὶ σοῦ κινδυνεύοντας καὶ σαυτὸν καὶ τὴν σὴν γενεὰν δοκεῖς μισεῖν, στέργειν
δὲ τοὺς ἐχθροτάτους καὶ ποθεῖν οὐκέτ' ὄντας, οἳ δίκῃ τεθνήκασιν: <255> εἰ γὰρ
Ἀψάλωμος ἐκράτησε καὶ τὴν βασιλείαν βεβαίως κατέσχεν, οὐδενὸς ἂν ἡμῶν ὑπελείφθη
λείψανον, ἀλλὰ πάντες ἂν ἀπὸ σοῦ καὶ τῶν σῶν ἀρξάμενοι τέκνων ἀπωλώλειμεν
οἰκτρῶς, οὐ κλαιόντων ἡμᾶς τῶν πολεμίων ἀλλὰ καὶ χαιρόντων καὶ τοὺς ἐλεοῦντας
ἐπὶ τοῖς κακοῖς κολαζόντων. σὺ δ' οὐκ αἰσχύνῃ ταῦτα ποιῶν ἐπὶ μᾶλλον ἐχθρῷ, ὅτι
σὸς υἱὸς ὢν ἀσεβὴς οὕτως ἐγένετο. <256> παυσάμενος οὖν τῆς ἀδίκου λύπης προελθὼν
ὄφθητι τοῖς σαυτοῦ στρατιώταις καὶ τῆς νίκης αὐτοῖς καὶ τῆς περὶ τοὺς ἀγῶνας
προθυμίας εὐχαρίστησον. ὡς ἐγὼ τήμερον, ἂν ἐπιμένῃς τοῖς ἄρτι πραττομένοις,
ἀναπείσας ἀποστῆναί σου τὸν λαὸν καὶ τὴν βασιλείαν ἑτέρῳ παραδοῦναι, τότε σοι
πικρότερον <257> καὶ ἀληθὲς ποιήσω τὸ πένθος.” ταῦτ' εἰπὼν Ἰώαβος ἀπέστρεψεν ἀπὸ
τῆς λύπης καὶ ἤγαγεν εἰς τὸν περὶ τῶν πραγμάτων λογισμὸν τὸν βασιλέα:
μετασχηματίσας γὰρ ἑαυτὸν Δαυίδης καὶ ποιήσας ἐπιτήδειον εἰς τὴν τοῦ πλήθους
θέαν πρὸς ταῖς πύλαις ἐκάθισεν, ὡς ἅπαντα τὸν λαὸν ἀκούσαντα συνδραμεῖν πρὸς
αὐτὸν καὶ κατασπάσασθαι. καὶ ταῦτα μὲν τοῦτον ἔσχε τὸν τρόπον.
| [7,10,5] 5. Au moment où le roi parlait ainsi, Achimas apparaît, et se
prosterne devant lui. Le roi lui demande des nouvelles de la bataille ; il
lui annonce victoire et succès. Alors le roi lui demande ce qu’est devenu
son fils ; le messager répond qu’il s’est empressé d’accourir vers David,
dès que la déroute des ennemis s’est prononcée, qu’il a entendu une grande
clameur des gens à la poursuite d’Absalon, mais qu’il n’a rien pu
apprendre davantage, parce que, sur l’ordre de Joab, il s’était dépêché
d’aller lui rendre compte de la victoire. A ce moment Chousi survient à
son tour, salue le roi et lui confirme la victoire. David l’interroge au
sujet de son fils. Et lui : « Puissent tous tes ennemis, dit-il, subir le
même sort qu’Absalon ! » à ces paroles, la joie de la victoire, si grande
qu’elle fut, ne subsista ni dans l’âme du roi, ni dans celle de ses
soldats. David, ayant gravi l’endroit le plus élevé de la ville<222>, se
mit à pleurer son fils, se frappant la poitrine, s’arrachant les cheveux,
se maltraitant de toutes les façons : « Mon enfant, s’écriait-il, plût au
ciel que la mort m’eût atteint et que j’eusse péri avec toi<223> ! »
Naturellement tendre pour les siens, c’était ce fils là qu’il chérissait
le plus. L’armée et Joab, avant appris que le roi se lamentait ainsi sur
son fils, se firent scrupule de pénétrer dans la ville avec l’appareil de
vainqueurs : ils y entrèrent tous tête basse et en larmes ainsi qu’après
une défaite. Comme le roi avait la tête voilée et gémissait sur son fils,
Joab entre chez lui et cherche à le consoler : « Ô maître, dit-il, ne
vois-tu pas que tu te déconsidères toi-même en agissant de la sorte ? Tu
sembles haïr ceux qui t’aiment, qui ont affronté le danger pour toi, tu
sembles te haïr toi-même et ta famille, chérir, d’autre part, tes pires
ennemis et regretter la disparition de ceux qu’a frappés un juste trépas.
Car si Absalon avait triomphé et affermi son trône, il n’aurait pas laissé
le moindre vestige d’aucun d’entre nous : tous, à commencer par toi et tes
enfants, nous eussions péri misérablement, et nos ennemis, loin de nous
pleurer, se seraient réjouis et auraient châtié ceux qui se fussent avisés
de plaindre nos malheurs. Et toi, ne rougis-tu pas d’en user ainsi à
l’égard d’un homme d’autant plus digne de ta haine que c’est envers un
père qu’il a montré tant d’impiété ? Chasse donc ce chagrin injuste,
avance-toi, fais-toi voir à tes soldats et félicite-les de la bravoure
qu’ils ont montrée dans les combats : pour moi, si tu persistes dans ton
attitude actuelle, je persuaderai aujourd’hui même le peuple de se
détacher de toi et de donner le trône à un autre<224>, et alors je te
causerai un deuil plus amer et cette fois bien fondé. » Par ces paroles
Joab détourna le roi de son chagrin et le ramena au juste sentiment de ses
devoirs. David change de vêtements, revêt un appareil digne d’affronter la
vue du peuple et vient s’asseoir devant les portes ; toute la multitude
l’apprend, accourt vers lui et lui rend hommage.
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