[13,42] οἰκίσαι δὲ Μεσσήνην δι´ ἐτῶν τριάκοντα καὶ διακοσίων, συντάξαι δὲ καὶ
συναγαγεῖν ἐς ταὐτὸν Ἀρκάδας, ἀποδοῦναι δὲ τοῖς Ἕλλησι τὴν αὐτονομίαν. καὶ
ἀφῆκαν αὐτὸν αἰδεσθέντες οἱ δικασταί. ἐπανελθόντα δὲ αὐτὸν ἐκ τοῦ
δικαστηρίου Μελιταῖον κυνίδιον ἔσαινε. διὸ πρὸς τοὺς παρόντας εἶπε ‘τοῦτο μὲν
ἀποδίδωσιν εὐεργεσίας μοι χάριν, Θηβαῖοι δὲ πολλάκις ὑπ´ ἐμοῦ εὖ παθόντες
ἔκρινάν με θανάτου.’
| [13,42] Beau trait de la vie d'Épaminondas.
ÉPAMINONDAS, à son retour de Laconie, fut cité comme méritant la mort, pour
avoir continué de commander l'armée Thébaine quatre mois de plus qu'il n'était
permis par la loi. Il commença par exiger de ceux qui avaient partagé avec lui
le commandement, qu'ils rejetassent le crime sur lui seul, comme les ayant
contraints de rester malgré eux.
Puis, entrant dans le lieu où l'on rendait la justice : "Je n'ai point, dit-il,
de meilleurs moyens de défense que mes actions; si vous ne les trouvez pas
valables, je demande la mort. Mais je demande en même temps qu'on grave sur la
colonne funèbre, qu'Épaminondas a forcé les Thébains, malgré leur résistance, de
porter le fer et le feu dans la Laconie, où, depuis cinq cents ans, aucun ennemi
n'avait osé pénétrer; de rebâtir Messène, démolie depuis deux cent trente ans;
de rassembler dans un même lieu les Arcadiens dispersés ; enfin, de rétablir
les Grecs dans le droit de vivre suivant leurs lois." Les juges, honteux, le
renvoyèrent absous. Comme il sortait du tribunal, un petit chien maltais vint le
caresser en remuant la queue.
Cet animal, dit Épaminondas, est reconnaissant du bien que je lui ai fait; et
les Thébains, à qui j'ai rendu les plus grands services, ont voulu m'ôter la vie."
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