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[10,139] I. Τὸ μακάριον καὶ ἄφθαρτον οὔτε αὐτὸ πράγματα ἔχει οὔτεἄλλῳ
παρέχει, ὥστε οὔτε ὀργαῖς οὔτε χάρισι συνέχεται· ἐνἀσθενεῖ γὰρ πᾶν τὸ
τοιοῦτον. Ἐν ἄλλοις δέ φησι τοὺς θεοὺς λόγῳ θεωρητούς, οὓς μὲν κατ'
ἀριθμὸν ὑφεστῶτας, οὓς δὲ καθ' ὁμοείδειαν ἐκ τῆς συνεχοῦς ἐπιρρύσεως τῶν
ὁμοίων εἰδώλων ἐπὶ τὸ αὐτὸ ἀποτετελεσμένων, ἀνθρωποειδεῖς.
II. Ὁ θάνατος οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς· τὸ γὰρ διαλυθὲν ἀναισθητεῖ· τὸ δ'
ἀναισθητοῦν οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς.
III. Ὅρος τοῦ μεγέθους τῶν ἡδονῶν ἡ παντὸς τοῦ ἀλγοῦντος ὑπεξαίρεσις. Ὅπου
δ' ἂν τὸ ἡδόμενον ἐνῇ, καθ' ὃν ἂν χρόνον ᾖ, οὐκ ἔστι τὸ ἀλγοῦν ἢ τὸ
λυπούμενον ἢ τὸ συναμφότερον.
| [10,139] MAXIMES D'ÉPICURE.
I. Ce qui est bienheureux et immortel ne s'embarrasse de rien, il ne fatigue
point les autres ; la colère est indigne de sa grandeur, et les bienfaits
ne sont point du caractère de sa majesté, parce que toutes ces choses ne
sont que le propre de la faiblesse.
II. La mort n'est rien à notre égard ; ce qui est une fois dissolu n'a point
de sentiment, et cette privation de sentiment fait que nous ne sommes plus
rien.
III. Tout ce que le plaisir a de plus charmant n'est autre chose que la
privation de la douleur ; partout où il se trouve, il n'y a jamais de mal
ni de tristesse.
| [10,140] IV. Οὐ χρονίζει τὸ ἀλγοῦν συνεχῶς ἐν τῇ σαρκί, ἀλλὰ τὸ μὲν ἄκρον τὸν
ἐλάχιστον χρόνον πάρεστι, τὸ δὲ μόνον ὑπερτεῖνον τὸ ἡδόμενον κατὰ σάρκα οὐ
πολλὰς ἡμέρας συμμένει. Αἱ δὲ πολυχρόνιοι τῶν ἀρρωστιῶν πλεονάζον ἔχουσι
τὸ ἡδόμενον ἐν τῇ σαρκὶ ἤπερ τὸ ἀλγοῦν.
V. Οὐκ ἔστιν ἡδέως ζῆν ἄνευ τοῦ φρονίμως καὶ καλῶς καὶ δικαίως, <οὐδὲ
φρονίμως καὶ καλῶς καὶ δικαίως> ἄνευ τοῦ ἡδέως. Ὅτῳ δὲ τοῦτο μὴ ὑπάρχει ἐξ
οὗ ζῆν φρονίμως, καὶ καλῶς καὶ δικαίως ὑπάρχει, οὐκ ἔστι τοῦτον ἡδέως ζῆν.
VI. Ἕνεκα τοῦ θαρρεῖν ἐξ ἀνθρώπων, ἦν κατὰ φύσιν {ἀρχῆς καὶ βασιλείας}
ἀγαθόν, ἐξ ὧν ἄν ποτε τοῦτο οἷός τ' ᾖ παρασκευάζεσθαι.
| [10,140] IV. Si le corps est attaqué d'une douleur violente, le mal cesse bientôt ; si
au contraire elle devient languissante par le temps de sa durée, il en
reçoit sans doute quelque plaisir ; aussi la plupart des maladies qui sont
longues ont des intervalles qui nous flattent plus que les maux que nous
endurons ne nous inquiètent.
V. Il est impossible de vivre agréablement sans la prudence, sans l'honnêteté
et sans la justice. La vie de celui qui pratique l'excellence de ces
vertus se passe toujours dans le plaisir, de sorte que l'homme qui est
assez malheureux pour n'être ni prudent, ni honnête, ni juste, est privé
de tout ce qui pouvait faire la félicité de ses jours.
VI. En tant que le commandement et la royauté mettent à l'abri des mauvais
desseins des hommes, c'est un bien selon la nature, de quelque manière
qu'on y parvienne.
| [10,141] VII. Ἔνδοξοι καὶ περίβλεπτοί τινες ἐβουλήθησαν γενέσθαι, τὴν ἐξ
ἀνθρώπων ἀσφάλειαν οὕτω νομίζοντες περιποιήσεσθαι. Ὥστ' εἰ μὲν ἀσφαλὴς ὁ
τῶν τοιούτων βίος, ἀπέλαβον τὸ τῆς φύσεως ἀγαθόν· εἰ δὲ μὴ ἀσφαλής, οὐκ
ἔχουσιν οὗ ἕνεκα ἐξ ἀρχῆς κατὰ τὸ τῆς φύσεως οἰκεῖον ὠρέχθησαν.
VIII. Οὐδεμία ἡδονὴ καθ' ἑαυτὸ κακόν· ἀλλὰ τὰ τινῶν ἡδονῶν ποιητικὰ
πολλαπλασίους ἐπιφέρει τὰς ὀχλήσεις τῶν ἡδονῶν.
| [10,141] VII.
Plusieurs se sont imaginé que la royauté et le commandement pouvaient leur
assurer des amis ; s'ils ont trouvé par cette route le calme et la sûreté
de leur vie, ils sont sans doute parvenus à ce véritable bien que la
nature nous enseigne; mais si au contraire ils ont toujours été dans
l'agitation et dans la peine, ils ont été déchus de ce même bien, qui lui
est si conforme, et qu'ils s'imaginaient trouver dans la suprême autorité.
VIII. Toute sorte de volupté n'est point un mal en soi ; celle-là seulement est
un mal qui est suivie de douleurs beaucoup plus violentes que ses plaisirs
n'ont d'agrément.
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