|
[10,37] « Ὅθεν δὴ πᾶσι χρησίμης οὔσης τοῖς ᾠκειωμένοις φυσιολογίᾳ τῆς
τοιαύτης ὁδοῦ, παρεγγυῶν τὸ συνεχὲς ἐνέργημα ἐν φυσιολογίᾳ καὶ τοιούτῳ
μάλιστα ἐγγαληνίζων τῷ βίῳ ἐποίησά σοι καὶ τοιαύτην τινὰ ἐπιτομὴν καὶ
στοιχείωσιν τῶν ὅλων δοξῶν.
« Πρῶτον μὲν οὖν τὰ ὑποτεταγμένα τοῖς φθόγγοις, ὦ Ἡρόδοτε, δεῖ εἰληφέναι,
ὅπως ἂν τὰ δοξαζόμενα ἢ ζητούμενα ἢ ἀπορούμενα ἔχωμεν εἰς ταῦτα
ἀναγαγόντες ἐπικρίνειν, καὶ μὴ ἄκριτα πάντα ἡμῖν ᾖ εἰς ἄπειρον
ἀποδεικνύουσιν ἢ κενοὺς φθόγγους ἔχωμεν.
| [10,37] « Ainsi cette méthode sera utile à tous ceux qui se seront appliqués
à l'étude de la nature ; et comme cette étude contribue à divers égards à
la tranquillité de la vie, il est nécessaire que je fasse un pareil abrége,
dans lequel je traite de tous les dogmes par leurs premiers éléments.
« Pour cela, il faut premièrement, Hérodote, acquérir la connaissance des
choses qui dépendent de la signification des mots, afin de pouvoir juger
de celles dont nous concevons quelque opinion ou quelque doute, ou que
nous cherchons à connaître, et afin qu'on ne nous mène pas jusqu'a
l'infini, ou que nous-mêmes ne nous bornions point à des mots vides de
sens :
| [10,38] ἀνάγκη γὰρ τὸ πρῶτον ἐννόημα καθ' ἕκαστον φθόγγον βλέπεσθαι καὶ
μηθὲν ἀποδείξεως προσδεῖσθαι, εἴπερ ἕξομεν τὸ ζητούμενον ἢ ἀπορούμενον καὶ
δοξαζόμενον ἐφ' ὃ ἀνάξομεν.
"Ἔτι τε κατὰ τὰς αἰσθήσεις δεῖ πάντα τηρεῖν καὶ ἁπλῶς τὰς παρούσας
ἐπιβολὰς εἴτε διανοίας εἴθ' ὅτου δήποτε τῶν κριτηρίων, ὁμοίως δὲ καὶ τὰ
ὑπάρχοντα πάθη, ὅπως ἂν καὶ τὸ προσμένον καὶ τὸ ἄδηλον ἔχωμεν οἷς
σημειωσόμεθα.
« Ταῦτα δεῖ διαλαβόντας συνορᾶν ἤδη περὶ τῶν ἀδήλων· πρῶτον μὲν ὅτι οὐθὲν
γίνεται ἐκ τοῦ μὴ ὄντος. Πᾶν γὰρ ἐκ παντὸς ἐγίνετ' ἂν σπερμάτων γε οὐθὲν
προσδεόμενον.
| [10,38] car il est nécessaire que nous soyons au fait de tous les
termes qui entrent dans une notion antécédente, et que nous n'ayons besoin
de la démontrer à aucun égard. Par ce moyen, nous pourrons l'appliquer, ou
à la question que nous agitons, ou au doute que nous avons, ou à l'opinion
que nous concevons.
« La même méthode est nécessaire par rapport aux jugements qui se font par
les sens, et par les idées qui viennent tant de l'esprit que de tel autre
caractère de vérité que ce soit, Enfin, il faut agir de la même manière
touchant les passions de l'âme, afin que l'on puisse distinguer les choses
sur lesquelles il faut suspendre son jugement et celles qui ne sont pas
évidentes.
« Cela étant distinctement compris, voyons ce qui regarde les choses qui
ne sont pas connues. Premièrement, il faut croire que rien ne se naît de
rien; car si cela était, tout se ferait de tout et rien ne manquerait de
semence.
| [10,39] Καὶ εἰ ἐφθείρετο δὲ τὸ ἀφανιζόμενον εἰς τὸ μὴ ὄν, πάντα
ἂν ἀπωλώλει τὰ πράγματα, οὐκ ὄντων εἰς ἃ διελύετο. Καὶ μὴν καὶ τὸ πᾶν ἀεὶ
τοιοῦτον ἦν οἷον νῦν ἐστι, καὶ ἀεὶ τοιοῦτον ἔσται. Οὐθὲν γάρ ἐστιν εἰς ὃ
μεταβάλλει. Παρὰ γὰρ τὸ πᾶν οὐθέν ἐστιν ὃ ἂν εἰσελθὸν εἰς αὐτὸ τὴν
μεταβολὴν ποιήσαιτο.
« Ἀλλὰ μὴν καὶ τοῦτο καὶ ἐν τῇ Μεγάλῃ ἐπιτομῇ φησι κατ' ἀρχὴν καὶ ἐν τῇ αʹ
Περὶ φύσεως τὸ πᾶν ἐστι <σώματα καὶ κενόν>· σώματα μὲν γὰρ ὡς ἔστιν, αὐτὴ
ἡ αἴσθησις ἐπὶ πάντων μαρτυρεῖ, καθ' ἣν ἀναγκαῖον τὸ ἄδηλον τῷ λογισμῷ
τεκμαίρεσθαι, ὥσπερ προεῖπον τὸ πρόσθεν.
| [10,39] De plus, si les choses qui disparaissent se réduisaient à
rien, il y a longtemps que toutes choses seraient détruites, puisqu'elles
n'auraient pu se résoudre dans celles que l'on suppose n'avoir pas eu
d'existence. Or l'univers fut toujours tel qu'il est et sera toujours dans
le même état, n'y ayant rien en quoi il puisse se changer. En effet, outre
l'univers, il n'existe rien en quoi il puisse se convertir et subir un
changement.
« Épicure soutient aussi cette opinion dès le commencement de son grand
Abrégé; et voici ce qu'il dit dans le premier livre de son ouvrage sur la Nature:
« L'univers est corporel. Qu'il y ait des corps, c'est ce qui tombe sous
les sens, selon lesquels nous formons des conjectures, en raisonnant sur
les choses qui nous sont cachées, comme on l'a dit plus haut.
| | |