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[10,34] τὴν δὲ δόξαν
καὶ ὑπόληψιν λέγουσιν, ἀληθῆ τέ φασι καὶ ψευδῆ· ἂν μὲν γὰρ ἐπιμαρτυρῆται ἢ
μὴ ἀντιμαρτυρῆται, ἀληθῆ εἶναι· ἐὰν δὲ μὴ ἐπιμαρτυρῆται ἢ ἀντιμαρτυρῆται,
ψευδῆ τυγχάνειν. Ὅθεν <τὸ> προσμένον εἰσήχθη· οἷον τὸ προσμεῖναι καὶ ἐγγὺς
γενέσθαι τῷ πύργῳ καὶ μαθεῖν ὁποῖος ἐγγὺς φαίνεται.
Πάθη δὲ λέγουσιν εἶναι δύο, ἡδονὴν καὶ ἀλγηδόνα, ἱστάμενα περὶ πᾶν ζῷον,
καὶ τὴν μὲν οἰκεῖον, τὴν δὲ ἀλλότριον· δι' ὧν κρίνεσθαι τὰς αἱρέσεις καὶ
φυγάς. Τῶν τε ζητήσεων εἶναι τὰς μὲν περὶ τῶν πραγμάτων, τὰς δὲ περὶ ψιλὴν
τὴν φωνήν. Καὶ ταῦτα δὴ περὶ τῆς διαιρέσεως καὶ τοῦ κριτηρίου στοιχειωδῶς.
Ἀνιτέον δὲ ἐπὶ τὴν ἐπιστολήν.
| [10,34] Les épicuriens donnent aussi à ces opinions le nom de croyance,
qu'ils distinguent en vraie et en fausse. La vraie est celle
que quelque témoignage, ou appuie, ou ne combat ; la fausse n'a aucun
témoignage en sa faveur, ou n'en a d'autre que contre elle. C'est ce qui
leur a fait introduire sur ce sujet l'expression d'attendre, comme, par
exemple, d'attendre qu'on soit proche d'une tour, pour juger de près de ce
qu'elle est.
Ils reconnaissent deux passions auxquelles tous les animaux sont sujets,
le plaisir et la douleur.
Ils disent que l'une de ces passions nous est naturelle, l'autre
étrangère, et qu'elles nous servent à nous déterminer dans ce que nous
avons à choisir et à éviter par rapport aux biens et aux maux. Ils
distinguent aussi les questions en celles qui regardent les choses mêmes,
et en d'autres qui concernent leurs noms. Voilà ce qu'il fallait dire sur
la manière dont ces philosophes partagent la philosophie, et sur ce qu'ils
envisagent comme caractère de vérité.
Revenons à présent à la lettre dont nous avons fait mention.
| [10,35] Ἐπίκουρος Ἡροδότῳ χαίρειν.
« Τοῖς μὴ δυναμένοις, ὦ Ἡρόδοτε, ἕκαστα τῶν περὶ φύσεως
ἀναγεγραμμένων ἡμῖν ἐξακριβοῦν μηδὲ τὰς μείζους τῶν συντεταγμένων βίβλους
διαθρεῖν ἐπιτομὴν τῆς ὅλης πραγματείας εἰς τὸ κατασχεῖν τῶν ὁλοσχερωτάτων
γε δοξῶν τὴν μνήμην ἱκανῶς αὐτὸς παρεσκεύασα, ἵνα παρ' ἑκάστους τῶν καιρῶν
ἐν τοῖς κυριωτάτοις βοηθεῖν αὑτοῖς δύνωνται, καθ' ὅσον ἂν ἐφάπτωνται τῆς
περὶ φύσεως θεωρίας. Καὶ τοὺς προβεβηκότας δὲ ἱκανῶς ἐν τῇ τῶν ὅλων
ἐπιβλέψει τὸν τύπον τῆς ὅλης πραγματείας τὸν κατεστοιχειωμένον δεῖ
μνημονεύειν· τῆς γὰρ ἀθρόας ἐπιβολῆς πυκνὸν δεόμεθα, τῆς δὲ κατὰ μέρος οὐχ
ὁμοίως.
| [10,35] ÉPICURE A HÉRODOTE, JOIE.
« Comme il y a des gens, savant Hérodote, qui ne peuvent absolument
se résoudre à examiner toutes les questions que nous avons traitées sur la
nature, ni à donner leur attention aux grands ouvrages que nous avons
publiés sur ce sujet, j'ai réduit toute la matière en un abrégé, afin que,
pour autant qu'il m'a paru suffire à aider leur mémoire, il leur serve de
moyen à se rappeler facilement mes opinions en général, et que, par ce
secours, ils retiennent en tout temps ce qu'il y a de plus essentiel,
selon le degré auquel ils auront porté l'étude de la nature. Ceux même qui
ont fait quelques progrès dans la contemplation de l'univers doivent avoir
présenté à l'esprit toute cette matière, qui consiste dans ses premiers
éléments, puisque nous avons plus souvent besoin d'idées générales que
d'idées particulières.
| [10,36] « Βαδιστέον μὲν οὖν καὶ ἐπ' ἐκεῖνα συνεχῶς, ἐν <δὲ> τῇ μνήμῃ τὸ
τοσοῦτο ποιητέον ἀφ' οὗ ἥ τε κυριωτάτη ἐπιβολὴ ἐπὶ τὰ πράγματα ἔσται καὶ
δὴ καὶ τὸ κατὰ μέρος ἀκρίβωμα πᾶν ἐξευρήσεται, τῶν ὁλοσχερωτάτων τύπων εὖ
περιειλημμένων καὶ μνημονευομένων·
ἐπεὶ καὶ τοῦ τετελεσιουργημένου τοῦτο κυριώτατον τοῦ παντὸς ἀκριβώματος
γίνεται, τὸ ταῖς ἐπιβολαῖς ὀξέως δύνασθαι χρῆσθαι, ἑκάστων πρὸς ἁπλᾶ
στοιχειώματα καὶ φωνὰς συναγομένων. Οὐ γὰρ οἷόν τε τὸ πύκνωμα τῆς συνεχοῦς
τῶν ὅλων περιοδείας εἰδέναι μὴ δυνάμενον διὰ βραχεῶν φωνῶν ἅπαν
ἐμπεριλαβεῖν ἐν αὑτῷ τὸ καὶ κατὰ μέρος ἂν ἐξακριβωθέν.
| [10,36] « Nous nous attacherons donc à cette matière et à ces éléments, afin
que, traitant les questions principales, on se rappelle les particulières,
et qu'on s'en fasse de justes idées par le moyen d'idées générales dont on
aura conservé le souvenir.
D'ailleurs, l'essentiel dans ce genre d'étude est de pouvoir se servir
promptement de ses idées lorsqu'il faut se rappeler les éléments simples
et les termes, parce qu'il est impossible que l'on traite abondamment les
choses générales, si on ne sait pas réduire le tout en peu de mots, et
comprendre en raccourci ce qu'on a auparavant soigneusement examiné par
parties.
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