[3,26] ΚϚ'.
Ἀκούσωμεν δὲ αὐτοῦ, πῶς λέγει·
« Ἔργων γὰρ εὖ πραχθέντων λόγῳ, καλῶς ῥηθέντι μνήμη καὶ κόσμος τοῖς πράξασι
γίνεται παρὰ τῶν ἀκουσάντων. »
Ἐνταῦθα τοῖς μὲν ἔργοις ὁ λόγος ἀντίκειται, τῷ δὲ πραχθῆναι τὸ ῥηθῆναι.
Μετωνόμασται δὲ ἀντὶ τοῦ Εὖ τὸ Καλῶς· παρισοῦται δὲ τὰ τρία μόρια τοῦ λόγου τοῖς
τρισί. Τοῦ δὲ ἀσφαλῶς βῆναι τὴν περίοδον ἕνεκα, καὶ οὐθενὸς ἀναγκαίου, τέλος ἤδη τῆς
διανοίας ἐχούσης, προσείληπται τὸ « Παρὰ τῶν ἀκουσάντων. » Ἆρά γε ὁμοίως ἡρμήνευται
ὁ αὐτὸς νοῦς οὑτοσὶ τοῖς ποιηταῖς, οὓς περιφρονεῖ καὶ ἀπελαύνει τῆς πολιτείας ὁ
φιλόσοφος· ἢ κάλλιον καὶ γενναιότερον;
« Πρέπει δ´ἐσλοῖσιν ὑμνεῖσθαι
Καλλίσταις ἀοιδαῖς·
Τοῦτο γὰρ ἀθανάτοις
Τιμαῖσι ποτὶ ψαύει,
Μόνον ῥηθὲν.
Θνᾴσκει δ' ἐπιλαθὲν καλὸν ἔργον. »
Πίνδαρος τοῦτο πεποίηκεν εἰς Ἀλέξανδρον τὸν Μακεδόνα, περὶ τὰ μέλη καὶ τοὺς
ῥυθμοὺς μᾶλλον ἢ περὶ τὴν λέξιν ἐσπουδακώς· Πλάτων δέ, ὃς ἐπαγγέλλεται σοφίαν,
τρυφεροῖς καλλωπίζει καὶ περιέργοις σχήμασι τὴν φράσιν. Καὶ οὔπω τοῦθ´ ἱκανόν· ἀλλὰ
καὶ ἐν τῇ μετ´ αὐτὴν περιόδῳ τὰ αὐτὰ ποιῶν φανήσεται. Φησὶ γάρ·
« Δεῖ δὴ τοιούτου τινὸς λόγου, ὅστις τοὺς μὲν τετελευτηκότας ἱκανῶς ἐπαινέσει, τοῖς
δὲ ζῶσιν εὐμενῶς παραινέσει. »
Οὐκοῦν ἐπίρρημα ἐπιρρήματι ἀντιπαράκειται, καὶ ῥήματι ῥῆμα· τὸ μὲν Ἱκανῶς, τῷ
Εὐμενῶς, τῷ δ´ Ἐπαινέσει, τὸ Παραινέσει, καὶ ταῦτα πάρισα; Οὐ Λικύμνιοι ταῦτ´ εἰσὶν
οὐδ´ Ἀγάθωνες οἱ λέγοντες ὕβριν ἤ πριν μισθῷ ποθὲν ἢ μόχθον πατρίδων· ἀλλ´ ὁ
δαιμόνιος ἑρμηνεῦσαι Πλάτων. Καὶ οὐ τοῖς σχήμασιν ἐπιτιμῶ. Φέρει γάρ ποτε καὶ ταῦτα
τοῖς λόγοις ὥραν οὗ χάρ...--- οὐδ´ αὐτὴν τὴν ἐπιτήδευσιν αὐτῶν· καὶ μάλιστα ὅταν ὑπὸ
τοιούτου γίνηται ἀνδρός, ᾧ κανόνι ὀρθοεπείας χρήσασθαι ἀξιοῦμεν. Ἐν γὰρ δὴ τῷ αὐτῷ
λόγῳ τούτῳ κἀκεῖνά ἐστιν·
« Ὧν δ´ οὔτε ποιητής πω δόξαν ἀξίαν ἐπ´ ἀξίοις λαβὼν ἔχει, »
Καὶ αὖθις·
« Τειχισαμένη καὶ ναυπηγησαμένη, ἐκδεξαμένη τὸν πόλεμον. »
Καὶ ἔτι·
« Ὧν ἕνεκα καὶ πρῶτον καὶ ὕστατον, καὶ διὰ παντὸς, πᾶσαν πάντως προθυμίαν
πειρᾶσθε ἔχειν. »
Καὶ πάλιν·
« Φέροντες μὲν τὰς συμφορὰς ἀνδρείως, δόξουσι τῷ ὄντι ἀνδρείων παίδων πατέρες
εἶναι. »
Κκἀκεῖνά γε ἔτι·
« Τοὺς μὲν παιδεύοντες κοσμίως, τοὺς δὲ γηροτροφοῦντες ἀξίως.»
Καὶ πάλιν που·
« Καὶ αὐτὸς δέομαι ὑπὲρ ἐκείνων, τῶν μὲν, μιμεῖσθαι τοὺς ἑαυτῶν, τῶν δ' καρτερεῖν
ὑπὲρ ἑαυτῶν. »
Καὶ ταυτί·
« Πολιτεία γὰρ, ἀνθρώπων τροφή ἐστι· καὶ ἡ μὲν ἀγαθὴ, ἀγαθῶν· μὴ καλὴ δὲ, κακῶν. »
Κἀκεῖνα δ´ ἔτι·
« Νικήσαντες μὲν τοὺς πολεμίους, λυσάμενοι δὲ τοὺς φιλίους, ἀναξίου τύχης
τυχόντες. »
Πολύς ἐστι τῶν τοιούτων σχημάτων ὄχλος δι´ ὅλου τοῦ ἐπιταφίου. Ἀλλ´ ἐάσας τὸ περὶ
τούτων ἀκριβολογεῖν, ἐπ´ ἐκεῖνά τ´ ἐλεύσομαι, καί μοι πάνυ μὲν αἰδουμένῳ καὶ ὀκνοῦντι
εἰπεῖν, ὅμως δ´ εἰρήσεται, ὅτι παχύτητος καὶ ἀδυνασίας ἔδοξεν εἶναι μηνύματα τοιαῦτα.
| [3,26] XXVI. Écoutons ses propres paroles : «{uerba graeca}. Les grandes
actions reçoivent d'un éloge convenable un éclat qui les fait vivre à jamais dans la
mémmoire de ceux qui les ont entendu célébrer. » Dans ce passage, g-logos est opposé à
g-ergois, g-prachthehnai à g-rehthehnai, et l'adverbe g-kalohs tient la place de l'adverbe g-eu;
les membres de la période se correspondent trois à trois et sont d'une égalité parfaite. Pour donner à la
période une chute ferme, sans la moindre nécessité et quoique la pensée présentât un sens
complet, il ajoute : «g-para g-tohn g-akousantohn.» N'est-ce pas la manière des poètes, pour
lesquels Platon affectait un souverain mépris et qu'il a même bannis de sa république ? N'y
a-t-il pas dans ce tour plus de pompe que dans cette strophe du Pindare :
« Ô lyre, pour chanter les héros, leur courage
Et rendre à leurs exploits un immortel hommage,
Le poète a besoin de tes nobles accents !
Sans toi, le triste oubli dévore leur mémoire;
Et la plus belle gloire
Voit s'éteindre bientôt ses rayons languissants! »
Dans cette ode, en l'honneur d'Alexandre, roi de Macédoine, le poète dut s'occuper de
la coupe et de l'harmonie du vers bien plus que de l'expression; mais Platon, lui qui
enseignait la sagesse, a-t-il bien pu parer son style de figures d'une douceur affectée ? Bien
loin de s'arrêter dans la période suivante il tombe dans le même défaut, lorsqu'il dit : «{uerba
graeca}. Le discours, qui leur est consacré, doit renfermer tout à
la fois un éloge digne des morts, et une douce consolation pour les parents qui leur
ont survécu. » Ici, l'adverbe n'est
il pas opposé à l'adverbe, et le verbe au verbe; g-hikanohs à g-eumenohs et g-epainesai à
g-pareinesei.
Les divers membres de la période n'ont-ils pas la même longueur ? Et ce n'est point un
Licymnius, un Agathon; qui ont recours à de pareils moyens; c'est Platon, cet écrivain dont
on compare le style au langage des dieux. Je suis loin de blâmer l'emploi des figures;
souvent elles donnent au style de la noblesse et de la grâce je ne reproche point à Platon de
les aimer, mais de les employer mal à propos ; lui surtout, qu'on regarde comme le meilleur
modèle de l'harmonie convenable à la prose. Dans le même dialogue, on trouve
successivement les passages suivants : «{uerba graeca}. Quant aux actions qu'aucun poète
n'a encore dignement célébrée et qui sont restées dans l'oubli, je crois devoir en faire
l'éloge et les rappeler au souvenir de tous les hommes. » - «{uerba graeca}. Entourée de remparts, pourvue de vaisseaux, elle se préparait à la
guerre.» - «{uerba graeca}. Ainsi, pour premier, pour dernier effort, et dans les
circonstances de la vie, mettez votre zèle à eclipser notre gloire et celle de nos
ancêtres. » - «{uerba graeca}. En supportant ce malheur avec courage, ils se montreront
les dignes pères d'enfants généreux. » - «{uerba graeca}.
D'élever les uns pour la vertu et de nourir honorablement la
vieillesse des autres. » - «{uerba graeca}. En leur nom, je vous conjure, vous jeunes
gens, de les imiter; et vous vieillards, de ne rien craindre pour votre avenir. »
- «{uerba graeca}.
Les gouvernements sont les instituteurs des peuples : sages, ils ont de bons
citoyens; vicieux, ils n'en forment que de mauvais. » - «{uerba graeca}. Vainqueurs des
ennemis, libérateurs de leurs amis, ils n'ont pas joui d'une destinée digne de leur
courage. » Cet éloge funèbre renferme une foule de passages semblables ; mais je ne dois
pas m'occuper sérieusement de ces minuties. Je passe à d'autres observations; et quoique
j'éprouve une certaine honte et une certaine crainte à le déclarer, je dirai néanmoins que les
ornements dont Platon fait usage, annoncent peu de goût, et même une sorte de faiblesse.
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