[12,15] (518c) Διαβόητοι δ' εἰσὶν ἐπὶ τρυφῇ καὶ αἱ τῶν Σικελῶν τράπεζαι, οἵτινες
καὶ τὴν παρ' αὐτοῖς θάλατταν λέγουσιν εἷναι γλυκεῖαν, χαίροντες τοῖς ἐξ
αὐτῆς γινομένοις ἐδέσμασιν, ὥς φησι Κλέαρχος ἐν πέμπτῳ Βίων. Περὶ δὲ
Συβαριτῶν τί δεῖ καὶ λέγειν; Παρ᾽ οἷς πρώτοις εἰσήχθησαν εἰς τὰ βαλανεῖα
λουτροχόοι καὶ παραχύται πεπεδημένοι, τοῦ μὴ θᾶττον ἰέναι καὶ ὅπως μὴ
σπεύδοντες κατακαίωσι τοὺς λουομένους. Πρῶτοι δὲ Συβαρῖται καὶ τὰς
ποιούσας ψόφον τέχνας οὐκ ἐῶσιν ἐπιδημεῖν τῇ πόλει, οἷον (518d) χαλκέων
καὶ τεκτόνων καὶ τῶν ὁμοίων, ὅπως αὐτοῖς πανταχόθεν ἀθόρυβοι ὦσιν οἱ
ὕπνοι· οὐκ ἐξῆν δ' οὐδ' ἀλεκτρυόνα ἐν τῇ πόλει τρέφεσθαι.
Ἱστορεῖ δὲ περὶ αὐτῶν Τίμαιος ὅτι ἀνὴρ Συβαρίτης εἰς ἀγρόν ποτε
πορευόμενος ἔφη ἰδὼν τοὺς ἐργάτας σκάπτοντας αὐτὸς ῥῆγμα λαβεῖν· πρὸς
ὃν ἀποκρίνασθαί τινα τῶν ἀκουσάντων « Αὐτὸς δὲ σοῦ διηγουμένου
ἀκούων πεπονεκέναι τὴν πλευράν.» Ἐν Κρότωνι δὲ σκάπτοντί τινι τὴν τῶν
ἀθλούντων κόνιν ἐπιστάντες τινὲς Συβαριτῶν ἐθαύμαζον λέγοντες, εἰ
τηλικαύτην ἔχοντες πόλιν οἰκέτας μὴ κέκτηνται τοὺς σκάψοντας ἑαυτοῖς
τὴν παλαίστραν. (518e) Ἄλλος δὲ Συβαρίτης παραγενόμενος εἰς Λακεδαίμονα
καὶ κληθεὶς εἰς φιδίτιον, ἐπὶ τῶν ξύλων κατακείμενος καὶ δειπνῶν μετ'
αὐτῶν, πρότερον μὲν ἔφη καταπεπλῆχθαι τὴν τῶν Λακεδαιμονίων
πυνθανόμενος ἀνδρείαν, νῦν δὲ θεασάμενος νομίζειν μηδὲν τῶν ἄλλων
αὐτοὺς διαφέρειν. Καὶ γὰρ τὸν ἀνανδρότατον μᾶλλον ἂν ἑλέσθαι ἀποθανεῖν
ἢ τοιοῦτον βίον ζῶντα καρτερεῖν.
| [12,15] Les tables des Siciliens sont fameuses pour leur somptuosité, ces
mêmes Siciliens qui vantent la douceur maritime de leur rivages, si bien
qu'ils apprécient au plus haut point les nourritures qu'ils y pêchent ; c'est
ce que nous confie Cléarchos dans le livre V de ses Vies. Venons-en
maintenant aux Sybarites. Que dire à leur propos ? Eh bien, qu'ils sont
les premiers en titre à avoir conçu des verseurs d'eau dans les bains, et
les premiers encore à avoir créer la fonction de garçons de bains, des
individus qu'on avait pour habitude de lier les pieds afin de les empêcher
de marcher trop vite et de brûler les baigneurs en passant.
Les Sybarites furent également les promoteurs d'une loi visant à bannir
de la cité les artisans exerçant un métier trop bruyant, comme les
forgerons, les charpentiers, et autres travailleurs du même acabit : en
effet, ils désiraient que rien ne troublât le calme de leur sommeil, et ce en
toutes circonstances. Même les coqs furent proscrits à l'intérieur de la ville.
Timée nous raconte qu'un jour, un homme de Sybaris ayant aperçu des
paysans creuser la terre dans une champ, il dit à ses compagnons que
cette seule vue lui avait donné une hernie ; un autre citoyen de notre cité,
ayant entendu sa plainte, s'écria à son tour : « Moi, rien qu'à t'écouter, je
ressens déjà un point de côté ! »
À Crotone, un athlète travaillait à aplanir le sol à l'endroit où les jeux
allaient se dérouler, lorsque soudain, des Sybarites, qui se tenaient tout
près de là, montrèrent leur stupéfaction devant le fait qu'une cité aussi
prestigieuse n'avait à sa disposition aucun esclave capable de préparer
la palestre. Un autre Sybarite se rendit à Sparte où il fut invité aux
Phidities, c'est à dire aux repas en commun. Alors qu'il s'asseyait sur un
banc de bois pour partager la pitance des Spartiates, il fit la remarque
suivante : « J'étais époustouflé par les exploits prodigieux des Spartiates,
mais le spectacle que je vois m'oblige à penser qu'ils n'ont décidément
rien d'extraordinaires ! L'homme le plus poltron du monde préférerait se
tuer plutôt que de supporter de telles conditions de vie. »
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