[6,1320b] καί, εἰ μὴ πᾶσι δυνατόν, ἀλλὰ κατὰ φυλὰς ἤ τι μέρος
ἕτερον ἐν μέρει διανέμειν, ἐν δὲ τούτῳ πρὸς τὰς ἀναγκαίας συνόδους
τοὺς εὐπόρους εἰσφέρειν τὸν μισθόν, ἀφειμένους τῶν ματαίων
λειτουργιῶν. τοιοῦτον δέ τινα τρόπον Καρχηδόνιοι πολιτευόμενοι
φίλον κέκτηνται τὸν δῆμον: ἀεὶ γάρ τινας ἐκπέμποντες τοῦ δήμου
πρὸς τὰς περιοικίδας ποιοῦσιν εὐπόρους. χαριέντων δ' ἐστὶ καὶ νοῦν
ἐχόντων γνωρίμων καὶ διαλαμβάνοντας τοὺς ἀπόρους ἀφορμὰς
διδόντας τρέπειν ἐπ' ἐργασίας. καλῶς δ' ἔχει μιμεῖσθαι καὶ τὰ
Ταραντίνων. ἐκεῖνοι γὰρ κοινὰ ποιοῦντες τὰ κτήματα τοῖς
ἀπόροις ἐπὶ τὴν χρῆσιν εὔνουν παρασκευάζουσι τὸ πλῆθος: ἔτι δὲ τὰς
ἀρχὰς πάσας ἐποίησαν διττάς, τὰς μὲν αἱρετὰς τὰς δὲ κληρωτάς, τὰς
μὲν κληρωτὰς ὅπως ὁ δῆμος αὐτῶν μετέχῃ, τὰς δ' αἱρετὰς ἵνα
πολιτεύωνται βέλτιον. ἔστι δὲ τοῦτο ποιῆσαι. καὶ τῆς αὐτῆς
ἀρχῆς μερίζοντας τοὺς μὲν κληρωτοὺς τοὺς δ' αἱρετούς. πῶς μὲν οὖν
δεῖ τὰς δημοκρατίας κατασκευάζειν, εἴρηται.
CHAPITRE IV.
σχεδὸν δὲ καὶ περὶ τὰς ὀλιγαρχίας πῶς δεῖ φανερὸν ἐκ τούτων. ἐκ
τῶν ἐναντίων γὰρ δεῖ συνάγειν ἑκάστην ὀλιγαρχίαν, πρὸς τὴν
ἐναντίαν δημοκρατίαν ἀναλογιζόμενον, τὴν μὲν εὔκρατον μάλιστα
τῶν ὀλιγαρχιῶν καὶ πρώτην - αὕτη δ' ἐστὶν ἡ σύνεγγυς τῇ καλουμένῃ
πολιτείᾳ, <ἐν> ᾗ δεῖ τὰ τιμήματα διαιρεῖν, τὰ μὲν ἐλάττω τὰ δὲ μείζω
ποιοῦντας, ἐλάττω μὲν ἀφ' ὧν τῶν ἀναγκαίων μεθέξουσιν ἀρχῶν,
μείζω δ' ἀφ' ὧν τῶν κυριωτέρων: τῷ τε κτωμένῳ τὸ τίμημα
μετέχειν ἐξεῖναι τῆς πολιτείας, τοσούτου εἰσαγομένου τοῦ δήμου
πλήθους διὰ τοῦ τιμήματος μεθ' οὗ κρείττονες ἔσονται τῶν μὴ
μετεχόντων: ἀεὶ δὲ δεῖ παραλαμβάνειν ἐκ τοῦ βελτίονος δήμου τοὺς
κοινωνούς. ὁμοίως δὲ καὶ τὴν ἐχομένην ὀλιγαρχίαν ἐπιτείνοντας
δεῖ μικρὸν κατασκευάζειν. τῇ δ' ἀντικειμένῃ τῇ τελευταίᾳ
δημοκρατίᾳ, τῇ δυναστικωτάτῃ καὶ τυραννικωτάτῃ τῶν ὀλιγαρχιῶν,
ὅσῳ περ χειρίστη, τοσούτῳ δεῖ πλείονος φυλακῆς. ὥσπερ γὰρ τὰ μὲν
εὖ σώματα διακείμενα πρὸς ὑγίειαν καὶ πλοῖα τὰ πρὸς ναυτιλίαν
καλῶς ἔχοντα τοῖς πλωτῆρσιν ἐπιδέχεται πλείους ἁμαρτίας ὥστε
μὴ φθείρεσθαι δι' αὐτάς, τὰ δὲ νοσερῶς ἔχοντα τῶν σωμάτων καὶ τὰ
τῶν πλοίων ἐκλελυμένα καὶ πλωτήρων τετυχηκότα φαύλων οὐδὲ τὰς
μικρὰς δύναται φέρειν ἁμαρτίας, οὕτω καὶ τῶν πολιτειῶν αἱ χείρισται
πλείστης δέονται φυλακῆς.
| [6,1320b] Si l'on ne peut faire participer tout d'un coup la masse entière à ces
distributions, qu'on procède par tribu ou suivant toute autre division successive.
Les riches doivent certainement dans ce cas contribuer aux charges nécessaires de l'État;
mais qu'on renonce à exiger d'eux des dépenses sans utilité.
§ 5. A Carthage, le gouvernement a toujours su, par des moyens analogues,
gagner l'affection du peuple ; il envoie sans cesse quelques gens du peuple
s'enrichir dans les colonies. Les classes élevées, si elles sont habiles et intelligentes,
auront soin d'aider les pauvres et de les tourner constamment vers le travail, en
leur créant des ressources. Elles feront bien aussi d'imiter le gouvernement de
Tarente. En accordant aux pauvres l'usage commun des propriétés, le
gouvernement s'est acquis le dévouement de la foule. D'un autre côté, il a fait
doubles tous les emplois, mettant l'un à l'élection, l'autre au sort; prenant le sort
pour que le peuple puisse arriver aux fonctions publiques, l'élection pour qu'elles
soient mieux remplies. On peut encore obtenir le même résultat, en faisant que les,
membres d'une même magistrature soient les uns désignés par le sort, et les autres
choisis à l'élection. § 6. Tels sont les principes qu'il convient de suivre dans l'institution
de la démocratie.
CHAPITRE IV.
§ 1. On peut aisément voir, d'après les principes qui précèdent, quels sont ceux de
l'établissement oligarchique. Il faudra, pour chaque espèce d'oligarchie, prendre le
contre-pied de ce qui concerne l'espèce correspondante de démocratie. Ceci est
surtout applicable à la mieux combinée et à la première des oligarchies ; et cette
première oligarchie se rapproche beaucoup de la république proprement dite. Le
cens doit y être varié, plus fort pour les uns, plus faible pour les autres : plus faible
pour les magistratures vulgaires et d'utilité indispensable, plus fort pour les
magistratures élevées. Du moment qu'on possède le cens légal, on doit arriver aux
emplois; et le nombre des gens du peuple entrant au pouvoir en vertu du cens,
doit être combiné de telle sorte que la portion de la cité qui aura des droits
politiques soit plus forte que celle qui n'en aura pas. On aura soin, du reste, que ce
qu'il y a de plus distingué parmi le peuple soit ainsi admis à participer au pouvoir.
§ 2. Il faut resserrer un peu ces bases pour obtenir l'oligarchie qui succède à cette
première espèce. Quant à la nuance oligarchique qui répond à la dernière nuance
de la démocratie, et qui, comme elle, est la plus violente et la plus tyrannique, ce
gouvernement exige d'autant plus de prudence qu'il est plus mauvais. Les corps
sainement constitués, les navires bien construits et montés par des marins habiles,
peuvent endurer, sans crainte de périr, les fautes les plus graves ; mais les corps
maladifs, les navires déjà fatigués et abandonnés à des matelots ignorants, ne
peuvent au contraire supporter les moindres erreurs. De même pour les
constitutions politiques : plus elles sont mauvaises, plus elles exigent de précautions.
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