[2,1265a] § 2. Τῶν δὲ Νόμων τὸ μὲν πλεῖστον μέρος νόμοι τυγχάνουσιν
ὄντες, ὀλίγα δὲ περὶ τῆς πολιτείας εἴρηκεν, καὶ ταύτην βουλόμενος
κοινοτέραν ποιεῖν ταῖς πόλεσι κατὰ μικρὸν περιάγει πάλιν πρὸς τὴν
ἑτέραν πολιτείαν. Ἔξω γὰρ τῆς τῶν γυναικῶν κοινωνίας καὶ τῆς
κτήσεως, τὰ ἄλλα ταὐτὰ ἀποδίδωσιν ἀμφοτέραις ταῖς πολιτείαις· καὶ γὰρ
παιδείαν τὴν αὐτήν, καὶ τὸ τῶν ἔργων τῶν ἀναγκαίων ἀπεχομένους ζῆν,
καὶ περὶ συσσιτίων ὡσαύτως· πλὴν ἐν ταύτῃ φησὶ δεῖν εἶναι συσσίτια
καὶ γυναικῶν, καὶ τὴν μὲν χιλίων τῶν ὅπλα κεκτημένων, ταύτην δὲ
πεντακισχιλίων.
§ 3. Τὸ μὲν οὖν περιττὸν ἔχουσι πάντες οἱ τοῦ Σωκράτους λόγοι καὶ τὸ
κομψὸν καὶ τὸ καινοτόμον καὶ τὸ ζητητικόν, καλῶς δὲ πάντα ἴσως
χαλεπόν, ἐπεὶ καὶ τὸ νῦν εἰρημένον πλῆθος δεῖ μὴ λανθάνειν ὅτι χώρας
δεήσει τοῖς τοσούτοις Βαβυλωνίας ἤ τινος ἄλλης ἀπεράντου τὸ πλῆθος,
ἐξ ἧς ἀργοὶ πεντακισχίλιοι θρέψονται, καὶ περὶ τούτους γυναικῶν καὶ
θεραπόντων ἕτερος ὄχλος πολλαπλάσιος. Δεῖ μὲν οὖν ὑποτίθεσθαι κατ'
εὐχήν, μηδὲν μέντοι ἀδύνατον.
§ 4. Λέγεται δ' ὡς δεῖ τὸν νομοθέτην πρὸς δύο βλέποντα τιθέναι τοὺς
νόμους, πρός τε τὴν χώραν καὶ τοὺς ἀνθρώπους. Ἔτι δὲ καλῶς ἔχει
προσθεῖναι καὶ πρὸς τοὺς γειτνιῶντας τόπους, πρῶτον μὲν εἰ δεῖ τὴν
πόλιν ζῆν βίον πολιτικόν (οὐ γὰρ μόνον ἀναγκαῖόν ἐστιν αὐτὴν
τοιούτοις χρῆσθαι πρὸς τὸν πόλεμον ὅπλοις ἃ χρήσιμα κατὰ τὴν οἰκείαν
χώραν ἐστίν, ἀλλὰ καὶ πρὸς τοὺς ἔξω τόπους)· εἰ δέ τις μὴ τοιοῦτον
ἀποδέχεται βίον, μήτε τὸν ἴδιον μήτε τὸν κοινὸν τῆς πόλεως, ὅμως
οὐδὲν ἧττον δεῖ φοβεροὺς εἶναι τοῖς πολεμίοις, μὴ μόνον ἐλθοῦσιν εἰς
τὴν χώραν ἀλλὰ καὶ ἀπελθοῦσιν.
§ 5. Καὶ τὸ πλῆθος δὲ τῆς κτήσεως ὁρᾶν δεῖ, μή ποτε βέλτιον ἑτέρως
διορίσαι τῷ σαφῶς μᾶλλον. Τοσαύτην γὰρ εἶναί φησι δεῖν ὥστε ζῆν
σωφρόνως, ὥσπερ ἂν εἴ τις εἶπεν ὥστε ζῆν εὖ. Τοῦτο δ' ἄρ' ἐστι
καθόλου μᾶλλον, ἐπειδὴ ἔστι σωφρόνως μὲν ταλαιπώρως δὲ ζῆν, ἀλλὰ
βελτίων ὅρος τὸ σωφρόνως καὶ ἐλευθερίως (χωρὶς γὰρ ἑκατέρῳ τῷ μὲν
τὸ τρυφᾶν ἀκολουθήσει, τῷ δὲ τὸ ἐπιπόνως), ἐπεὶ μόναι γ' εἰσὶν ἕξεις
αἱρεταὶ περὶ τὴν τῆς οὐσίας χρῆσιν αὗται, οἷον οὐσίᾳ πράως μὲν ἢ
ἀνδρείως χρῆσθαι οὐκ ἔστιν, σωφρόνως δὲ καὶ ἐλευθερίως ἔστιν, ὥστε
καὶ τὰς ἕξεις ἀναγκαῖον περὶ αὐτὴν εἶναι ταύτας.
§ 6. Ἄτοπον δὲ καὶ τὸ τὰς κτήσεις ἰσάζοντα τὸ περὶ τὸ πλῆθος τῶν
πολιτῶν μὴ κατασκευάζειν, ἀλλ' ἀφεῖναι τὴν τεκνοποιίαν ἀόριστον ὡς
ἱκανῶς ἀνομαλισθησομένην εἰς τὸ αὐτὸ πλῆθος διὰ τὰς ἀτεκνίας
ὁσωνοῦν γεννωμένων,
| [2,1265a] § 2. Dans les Lois au contraire, on ne trouve à peu près que des
dispositions législatives. Socrate y est fort concis sur la constitution ; mais
toutefois, voulant rendre celle qu'il propose applicable aux États en général, il
revient pas à pas à son premier projet. Si j'en excepte la communauté des femmes
et des biens, tout se ressemble dans ses deux républiques; éducation,
affranchissement pour les guerriers des gros ouvrages de la société, repas
communs, tout y est pareil. Seulement il étend dans la seconde les repas
communs jusqu'aux femmes, et porte de mille à cinq mille le nombre des
citoyens armés.
§ 3. Sans aucun doute, les dialogues de Socrate sont éminemment
remarquables, pleins d'élégance, d'originalité, d'imagination ; mais il était
peut-être difficile que tout y fût également juste. Ainsi, qu'on ne s'y trompe
pas, il ne faudrait pas moins que la campagne de Babylone, ou toute autre
plaine immense, pour cette multitude qui doit nourrir cinq mille oisifs sortis
de son sein, sans compter cette autre foule de femmes et de serviteurs de
toute espèce. Sans doute on est bien libre de créer des hypothèses à son gré ;
mais il ne faut pas les pousser jusqu'à l'impossible.
§ 4. Socrate affirme qu'en fait de législation, deux objets surtout ne doivent
jamais être perdus de vue le sol et les hommes. Il aurait pu ajouter encore, les
États voisins, à moins qu'on ne refuse à l'État toute existence politique
extérieure. En cas de guerre, il faut que la force militaire soit organisée, non
pas seulement pour défendre le pays, mais aussi pour agir au dehors. En
admettant que la vie guerrière ne soit ni celle des individus, ni celle de l'État,
encore faut-il savoir se rendre redoutable aux ennemis, non pas seulement
quand ils envahissent le sol, mais encore lorsqu'ils l'ont évacué.
§ 5. Quant aux limites assignables à la propriété, on pourrait demander
qu'elles fussent autres que celles qu'indique Socrate, et surtout qu'elles
fussent plus précises et plus claires. « La propriété, dit-il, doit aller jusqu'à
satisfaire les besoins d'une vie sobre », voulant exprimer par là ce qu'on
entend ordinairement par une existence aisée, expression qui a certainement
un sens beaucoup plus large. Une vie sobre peut être fort pénible. « Sobre et
libérale » eût été une définition beaucoup meilleure. Si l'une de ces deux
conditions vient à manquer, on tombe ou dans le luxe ou dans la souffrance.
L'emploi de la propriété ne comporte pas d'autres qualités ; on ne saurait y
apporter ni douceur ni courage ; mais on peut y apporter modération et
libéralité ; et ce sont là, nécessairement les vertus qu'on peut montrer dans
l'usage de la fortune.
§ 6. C'est aussi un grand tort, quand on va jusqu'à diviser les biens en parties
égales, de ne rien statuer sur le nombre des citoyens, et de les laisser procréer
sans limites, s'en remettant au hasard pour que le nombre des unions stériles
compense celui des naissances quel qu'il soit,
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