[2,1264b] Ἀλλὰ μὴν εἴ γε τὰς μὲν γυναῖκας ποιήσει κοινὰς τὰς δὲ
κτήσεις ἰδίας, τίς οἰκονομήσει ὥσπερ τὰ ἐπὶ τῶν ἀγρῶν οἱ ἄνδρες αὐτῶν
κἂν εἰ κοιναὶ αἱ κτήσεις καὶ αἱ τῶν γεωργῶν γυναῖκες ...
§ 15. Ἄτοπον δὲ καὶ τὸ ἐκ τῶν θηρίων ποιεῖσθαι τὴν παραβολήν, ὅτι δεῖ
τὰ αὐτὰ ἐπιτηδεύειν τὰς γυναῖκας τοῖς ἀνδράσιν, οἷς οἰκονομίας οὐδὲν
μέτεστιν.
Ἐπισφαλὲς δὲ καὶ τοὺς ἄρχοντας ὡς καθίστησιν ὁ Σωκράτης. Ἀεὶ γὰρ
ποιεῖ τοὺς αὐτοὺς ἄρχοντας· τοῦτο δὲ στάσεως αἴτιον γίνεται καὶ παρὰ
τοῖς μηδὲν ἀξίωμα κεκτημένοις, ἦ που δῆθεν παρά γε θυμοειδέσι καὶ
πολεμικοῖς ἀνδράσιν. Ὅτι δ' ἀναγκαῖον αὐτῷ ποιεῖν τοὺς αὐτοὺς
ἄρχοντας, φανερόν· οὐ γὰρ ὁτὲ μὲν ἄλλοις ὁτὲ δὲ ἄλλοις μέμεικται ταῖς
ψυχαῖς ὁ παρὰ τοῦ θεοῦ χρυσός, ἀλλ' ἀεὶ τοῖς αὐτοῖς. Φησὶ δὲ τοῖς μὲν
εὐθὺς γινομένοις μεῖξαι χρυσόν, τοῖς δ' ἄργυρον, χαλκὸν δὲ καὶ σίδηρον
τοῖς τεχνίταις μέλλουσιν ἔσεσθαι καὶ γεωργοῖς.
§ 16. Ἔτι δὲ καὶ τὴν εὐδαιμονίαν ἀφαιρούμενος τῶν φυλάκων, ὅλην
φησὶ δεῖν εὐδαίμονα ποιεῖν τὴν πόλιν τὸν νομοθέτην. Ἀδύνατον δὲ
εὐδαιμονεῖν ὅλην, μὴ τῶν πλείστων ἢ μὴ πάντων μερῶν ἢ τινῶν
ἐχόντων τὴν εὐδαιμονίαν. Οὐ γὰρ τῶν αὐτῶν τὸ εὐδαιμονεῖν ὧνπερ τὸ
ἄρτιον· τοῦτο μὲν γὰρ ἐνδέχεται τῷ ὅλῳ ὑπάρχειν, τῶν δὲ μερῶν
μηδετέρῳ, τὸ δὲ εὐδαιμονεῖν ἀδύνατον. Ἀλλὰ μὴν εἰ οἱ φύλακες μὴ
εὐδαίμονες, τίνες ἕτεροι; Οὐ γὰρ δὴ οἵ γε τεχνῖται καὶ τὸ πλῆθος τὸ τῶν
βαναύσων.
§ 17. Ἡ μὲν οὖν πολιτεία περὶ ἧς ὁ Σωκράτης εἴρηκεν ταύτας τε τὰς
ἀπορίας ἔχει καὶ τούτων οὐκ ἐλάττους ἑτέρας.
CHAPITRE III
§ 1. Σχεδὸν δὲ παραπλησίως καὶ τὰ περὶ τοὺς Νόμους ἔχει τοὺς
ὕστερον γραφέντας, διὸ καὶ περὶ τῆς ἐνταῦθα πολιτείας ἐπισκέψασθαι
μικρὰ βέλτιον. Καὶ γὰρ ἐν τῇ Πολιτείᾳ περὶ ὀλίγων πάμπαν διώρικεν ὁ
Σωκράτης, περί τε γυναικῶν καὶ τέκνων κοινωνίας, πῶς ἔχειν δεῖ, καὶ
περὶ κτήσεως, καὶ τῆς πολιτείας τὴν τάξιν (διαιρεῖται γὰρ εἰς δύο μέρη τὸ
πλῆθος τῶν οἰκούντων, τὸ μὲν εἰς τοὺς γεωργούς, τὸ δὲ εἰς τὸ
προπολεμοῦν μέρος· τρίτον δ' ἐκ τούτων τὸ βουλευόμενον καὶ κύριον
τῆς πόλεως), περὶ δὲ τῶν γεωργῶν καὶ τῶν τεχνιτῶν, πότερον οὐδεμιᾶς
μεθέξουσιν ἤ τινος ἀρχῆς, καὶ πότερον ὅπλα δεῖ κεκτῆσθαι καὶ τούτους
καὶ συμπολεμεῖν ἢ μή, περὶ τούτων οὐδὲν διώρικεν ὁ Σωκράτης, ἀλλὰ
τὰς μὲν γυναῖκας οἴεται δεῖν συμπολεμεῖν καὶ παιδείας μετέχειν τῆς
αὐτῆς τοῖς φύλαξιν, τὰ δ' ἄλλα τοῖς ἔξωθεν πεπλήρωκε τὸν λόγον καὶ
περὶ τῆς παιδείας, ποίαν τινὰ δεῖ γίνεσθαι τῶν φυλάκων.
| [2,1264b] Supposons que pour les laboureurs ait lieu la communauté
des femmes avec la division des biens ; qui sera chargé de
l'administration, comme les maris le sont de l'agriculture ? Qui en sera
chargé, en admettant pour les laboureurs l'égale communauté des femmes et
des biens ?
§ 15. Certes, il est fort étrange d'aller ici chercher une comparaison parmi les
animaux, pour soutenir que les fonctions des femmes doivent être
absolument celles des maris, auxquels on interdit du reste toute occupation
intérieure. L'établissement des autorités, tel que le propose Socrate, offre
encore bien des dangers : il les veut perpétuelles. Cela seul suffirait pour
causer des guerres civiles même chez des hommes peu jaloux de leur dignité,
à plus forte raison parmi des gens belliqueux, et pleins de coeur. Mais cette
perpétuité est indispensable dans la théorie de Socrate : « Dieu verse l'or, non
point tantôt dans l'âme des uns, tantôt dans l'âme des autres, mais toujours
dans les mêmes âmes » ; ainsi Socrate soutient qu'au moment même de la
naissance, Dieu mêle de l'or dans l'âme de ceux-ci ; de l'argent, dans l'âme de
ceux-là; de l'airain et du fer, dans l'âme de ceux qui doivent être artisans ou
laboureurs.
§ 16. Il a beau interdire tous les plaisirs à ses guerriers, il n'en prétend pas
moins que le devoir du législateur est de rendre heureux l'État tout entier ;
mais l'État tout entier ne saurait être heureux, quand la plupart ou quelques-
uns de ses membres, sinon tous, sont privés de bonheur. C'est que le bonheur
ne ressemble pas aux nombres pairs, dans lesquels la somme peut avoir telle
propriété que n'a aucune des parties. En fait de bonheur, il en est autrement ;
et si les défenseurs mêmes de la cité ne sont pas heureux, qui donc pourra
prétendre à l'être ? Ce ne sont point apparemment les artisans, ni la masse des
ouvriers attachés aux travaux mécaniques.
§ 17. voilà quelques -uns des inconvénients de la république vantée par
Socrate ; j'en pourrais indiquer encore plus d'un autre non moins sérieux.
CHAPITRE III.
§ 1. Les mêmes principes se retrouvent dans le traité des Lois, composé
postérieurement. Aussi me bornerai je à un petit nombre de remarques sur la
constitution que Platon y prépose. Dans le traité de la République, Socrate
n'approfondit que très peu de questions, telles que la communauté des
enfants et des femmes, le mode d'application de ce système, la propriété, et
l'organisation du gouvernement. Il y divise la masse des citoyens en deux
classes : les laboureurs d'une part, et de l'autre les guerriers, dont une
fraction, qui forme une troisième classe, délibère sur les affaires de l'État et les
dirige souverainement. Socrate a oublié de dire si les laboureurs et les
artisans doivent être admis au pouvoir dans une proportion quelconque, ou
en être totalement exclus; s'ils ont ou n'ont pas le droit de posséder des armes,
et de prendre part aux expéditions militaires. En revanche, il pense que les
femmes doivent accompagner les guerriers au combat, et recevoir la même
éducation qu'eux. Le reste du traité est rempli, ou par des digressions, ou par
des considérations sur l'éducation de guerriers.
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