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| [2,127] Ἐν δὲ τῷ βουλευτηρίῳ βραχὺ μὲν ἦν τὸ καθαρεῦον σπουδῆς 
βιαίου καὶ ἀγανακτοῦν, οἱ δὲ πλέονες σὺν παρασκευῇ ποικίλῃ τοῖς 
ἀνδροφόνοις συνήργουν. Καὶ πρῶτα μὲν αὐτοὺς ἀξιοπίστως ἠξίουν 
καὶ παρεῖναι σφίσι καὶ συνεδρεύειν, ἐξ ὑπευθύνων ἐς κριτὰς 
μεταφέροντες. Καὶ ὁ Ἀντώνιος οὐκ ἐκώλυεν, εἰδὼς οὐκ 
ἐλευσομένους· οὐδὲ ἦλθον. Εἶτα ἐπὶ διαπείρᾳ τῆς βουλῆς οἱ μὲν 
αὐτῶν μάλα θρασέως τὸ πεπραγμένον ἐπῄνουν ἄντικρυς καὶ τοὺς 
ἄνδρας ἐκάλουν τυραννοκτόνους καὶ γεραίρειν ἐκέλευον, οἱ δὲ τὰ 
μὲν γέρα περιῄρουν, ὡς οὐδὲ ἐκείνων δεομένων οὐδὲ ἐπὶ τῷδε αὐτὰ 
πραξάντων. Εὐφημεῖν δὲ μόνον αὐτοὺς ἐδικαίουν ὡς εὐεργέτας· οἱ 
δὲ καὶ τὴν εὐφημίαν ὑπανῄρουν καὶ φείδεσθαι μόνον αὐτῶν ἠξίουν.  
Καὶ οἱ μὲν τάδε ἐτέχναζον καὶ περιεώρων, ὅ τι πρῶτον αὐτῶν 
ἐνδεξαμένη μάλιστα ἡ βουλὴ πρὸς τὰ λοιπὰ κατ' ὀλίγον 
εὐεπιχείρητος αὑτοῖς ἔσοιτο· οἱ δὲ καθαρώτεροι τὸ μὲν ἔργον ὡς 
ἄγος ἀπεστρέφοντο, αἰδοῖ δὲ μεγάλων οἴκων περισῴζειν αὐτοὺς 
οὐκ ἐκώλυον, ἠγανάκτουν δέ, εἰ καὶ τιμήσουσιν ὡς εὐεργέτας. Οἱ δὲ 
ἀντέλεγον μὴ χρῆναι περισῴζοντας φθονεῖν τῶν περισσῶν ἐς 
ἀσφάλειαν. Ὡς δέ τις εἶπε τὴν τούτων τιμὴν ὕβριν Καίσαρι φέρειν, 
οὐκ εἴων ἔτι τὸν τεθνεῶτα τῶν περιόντων προτιθέναι. Ἑτέρου δὲ 
ἐγκρατῶς εἰπόντος, ὅτι χρὴ δύο τῶνδε πάντως τὸ ἕτερον, ἢ Καίσαρα 
τύραννον προαποφαίνειν ἢ τούτους ἐξ ἐλέου περισῴζειν, τούτου 
μόνου δεξάμενοι τὸ λεχθὲν οἱ ἕτεροι ᾖτουν σφίσι ψῆφον 
ἀναδοθῆναι περὶ τοῦ Καίσαρος ἐπὶ ὅρκῳ, καὶ εἰ καθαρῶς ἐθέλουσι 
κρῖναι, μηδέν' αὑτοῖς ἐπιθεάσαι τὰ ἐξ ἀνάγκης ἐψηφισμένα ἄρχοντι 
ἤδη, ὧν οὐδὲν ἑκόντας οὐδὲ πρὶν ἢ δεῖσαι περὶ σφῶν αὐτῶν. 
Ἀνῃρημένου τε Πομπηίου καὶ ἐπὶ Πομπηίῳ μυρίων ἄλλων, 
ψηφίσασθαι. 
 | [2,127] Mais au Sénat, peu étaient dépourvus de fanatisme 
et indignés, la majorité voulait, par des moyens divers, 
aider les meurtriers. Et le premier désir des sénateurs fut 
que, sous de bonnes garanties, les meurtriers soient 
aussi présents à leurs côtés, et participent à la session, 
d'accusés devenant juges. Antoine ne s'y opposa pas, 
sachant qu'ils ne viendraient pas : et ils ne vinrent pas. 
Ensuite, pour éprouver les sentiments des sénateurs, 
certains d'entre eux eurent l'insolence de célébrer 
ouvertement l'action accomplie, en appelant les 
meurtriers « tyrannicides » et en demandant des 
récompenses pour eux, tandis que d'autres s'opposaient 
aux récompenses en alléguant que les intéressés n'en 
demandaient pas et qu'il n'avaient pas agi dans ce but ; il 
était donc, selon eux, justifié de leur accorder seulement 
le titre de « bienfaiteurs ». D'autres s'opposaient 
également à ce titre et estimaient qu'il fallait se contenter 
de les épargner. 
Par ces manoeuvres ils cherchaient à découvrir laquelle 
de leurs propositions le Sénat serait le plus disposé à 
accepter d'abord, de façon à pouvoir le manipuler pour 
obtenir graduellement le reste. Mais si les plus honnêtes 
se révoltaient contre un acte pour eux sacrilège, tout en 
acceptant, par égard pour de grandes familles, que les 
meurtriers eussent la vie sauve, ils étaient ulcérés qu'on 
envisageât de les honorer comme bienfaiteurs. Les 
autres objectaient que, si on leur laissait la vie sauve, il 
ne fallait pas leur refuser des éléments accessoires 
garantissant leur sécurité. Comme un sénateur soutenait 
qu'honorer ces hommes, c'était porter outrage à César, 
ils déclarèrent inadmissible que l'on fit passer l'intérêt 
d'un mort avant celui des vivants. Un autre affirma 
vigoureusement que, de deux choses l'une, ou il fallait 
proclamer César tyran, ou laisser la vie sauve à ses 
assassins par pitié : ses adversaires n'admirent que la 
proposition de cet orateur-là, et demandèrent qu'on 
procédât à un vote au sujet de César, sous serment ; et 
si l'on voulait que les sénateurs se prononcent en toute 
indépendance, ils demandaient aussi que personne ne 
pût invoquer les dieux contre eux pour avoir voté des 
décrets sous la contrainte, une fois César au pouvoir : 
s'ils les avaient adoptés ce n'était pas de leur plein gré, 
mais sous la menace qui pesait sur eux, après 
l'anéantissement de Pompée et de dizaines de milliers 
d'autres après lui.
 |  | [2,128] Ὁ δὲ Ἀντώνιος ἐφορῶν αὐτοὺς καὶ ἐφεδρεύων, ἐπειδὴ λόγων 
ὕλην οὐκ ἄπορον οὐδὲ ἀναμφίλογον εἶδεν ἐσφερομένην, ἔγνω τὸ 
ἐνθύμημα αὐτῶν οἰκείῳ φόβῳ καὶ φροντίδι περὶ σφῶν αὐτῶν 
διαχέαι. Εἰδὼς οὖν τῶν βουλευτῶν αὐτῶν πολὺ πλῆθος ἔς τε τὰς 
ἀρχὰς τὰς ἐν ἄστει καὶ ἐς ἱερωσύνας καὶ ἐθνῶν ἢ στρατοπέδων 
ἡγεμονίας ὑπὸ τοῦ Καίσαρος εἰς τὸ μέλλον ᾑρημένους ςὡς γὰρ ἐπὶ 
χρόνιον στρατείαν ἐξιὼν ἐπὶ πενταετὲς ᾕρητὀ, σιωπὴν ὡς ὕπατος 
ἐπικηρύξας ἔφη· « Τοῖς αἰτοῦσι περὶ Καίσαρος ψῆφον ἀνάγκη τάδε 
προειδέναι, ὅτι ἄρχοντος μὲν αὐτοῦ καὶ αἱρετοῦ προστάτου 
γενομένου τὰ πεπραγμένα καὶ δεδογμένα πάντα κύρια μενεῖ, 
δόξαντος δ' ἐπὶ βίᾳ τυραννῆσαι τό τε σῶμα ἄταφον τῆς πατρίδος 
ὑπερορίζεται καὶ τὰ πεπραγμένα πάντα ἀκυροῦται. Ἔστι δέ, ὡς 
ὅρῳ περιλαβεῖν, ἐπὶ πᾶσαν ἀφικνούμενα γῆν καὶ θάλασσαν, καὶ τὰ 
πολλὰ αὐτῶν οὐδὲ βουλομένοις ἡμῖν ὑπακούσεται· καὶ δείξω μετ' 
ὀλίγον. Ὃ δέ ἐστι μόνον ἐφ' ἡμῖν, ὅτι καὶ περὶ μόνων ἐστὶν ἡμῶν, 
τοῦτο ὑμῖν προθήσω πρὸ τῶν ἄλλων, ὡς ἂν ἐν τῷ εὐμαρεῖ τὴν 
εἰκόνα τῶν δυσχερεστέρων προλάβοιτε. Ἡμεῖς γὰρ αὐτοὶ σχεδὸν 
ἅπαντες οἱ μὲν ἤρξαμεν ὑπὸ τῷ Καίσαρι, οἱ δὲ ἔτι ἄρχομεν αἱρετοὶ 
πρὸς ἐκείνου γενόμενοι, οἱ δὲ ἐς τὸ μέλλον ἄρχειν 
κεχειροτονήμεθα· ἐς γὰρ πενταετες, ὡς ἴστε, καὶ τὰ ἀστικὰ ἡμῖν καὶ 
τὰ ἐτήσια τὰς τῶν ἐθνῶν ἢ στρατοπέδων ἡγεμονίας διετάξατο. Εἰ 
δὴ ταῦτα ὑμεῖς ἑκόντες ἀποθήσεσθε εἐστὲ γὰρ ὑμεῖς τοῦδε μάλιστα 
κύριοἰ, τόδε πρῶτον ὑμᾶς ἀξιῶ κρῖναι· καὶ τὰ λοιπὰ ἐποίσω. »
 | [2,128] Antoine, qui les observait et cherchait à les piéger, 
vit qu'une argumentation sans faille et sans ambiguïté 
était en train de se développer, et il décida aussitôt de 
perturber leur pensée en jouant de leurs craintes 
particulières et du souci qu'ils avaient de leur propre 
situation. Sachant donc qu'un grand nombre des 
sénateurs eux-mêmes avaient été nommés par César 
pour exercer dans le futur les magistratures urbaines, les 
prêtrises et les commandements de provinces ou 
d'armées — car, partant pour une longue campagne, il 
avait distribué les charges pour cinq années —, Antoine 
fit, en tant que consul, demander le silence et déclara : 
« Ceux qui réclament un vote à propos de César doivent 
savoir d'abord que, s'il était un magistrat et un chef élu, 
tous ses actes et décrets demeurent valides, mais que 
s'il exerçait, selon votre jugement, la tyrannie par la 
violence, son cadavre est banni de la patrie, laissé sans 
sépulture, et tous ses actes annulés. Or les décisions 
qu'il a prises concernent, pour être bref, la terre entière 
et toutes les mers, et la plupart, que nous le voulions ou 
non, seront exécutées, et je vous le montrerai bientôt. 
Mais ce qui seul dépend de nous, parce que cela ne 
regarde aussi que nous, je vais vous le soumettre avant 
toute autre chose, afin qu'en traitant les questions 
aisées, vous vous forgiez une idée des plus difficiles. 
Nous, sénateurs, par exemple, nous avons presque tous 
exercé des magistratures sous César, nous les exerçons 
parfois encore, en tenant de lui notre nomination, ou bien 
nous avons été choisis pour les exercer dans l'avenir, 
puisque c'est pour cinq ans, vous le savez, qu'il nous a 
distribué les magistratures urbaines, les magistratures 
annuelles, et les commandements de provinces ou 
d'armées. Mais vous voulez peut-être déposer vous-mêmes 
ces fonctions — et vous êtes effectivement les 
maîtres absolus en la matière : c'est la première 
question que je vous demanderai de trancher, et 
j'aborderai le reste ensuite. »
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