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[2,61] Καίσαρι μὲν δὴ οὐδὲν ἦν ἐκ θαλάσσης διὰ Πομπήιον
ναυκρατοῦντα· ἐλίμαινεν οὖν ὁ στρατὸς αὐτῷ καὶ τὴν πόαν
ἠρτοποίουν, αὐτόμολοί τἐ Πομπηίῳ τοιούσδε ἄρτους προσήνεγκαν
ὡς εὐφρανοῦντες ἰδόντα. ὁ δὲ οὐχ ἥσθη, ἀλλ' εἶπεν, « Οἵοις θηρίοις
μαχόμεθα. » Ὁ μὲν δὴ Καῖσαρ ὑπ' ἀνάγκης τὸν στρατὸν ἅπαντα
συνῆγεν ὡς καὶ ἄκοντα Πομπήιον βιασόμενος ἐς μάχην· ὁ δὲ αὐτοῦ
τὰ πολλὰ τῶν φρουρίων ἐκ τοῦδε κεκενωμένα προσλαβὼν
ἡσύχαζε. Καὶ τῷδε μάλιστα ἀνιαθεὶς ὁ Καίσαρ ἐπετόλμησεν ἔργῳ
δυο χερεῖ τε καὶ παραλόγῳ, πάντα Πομπήιου τὰ στρατόπεδα ἑνὶ
τείχει περιλαβὼν ἐκ θαλάσσης ἐς θάλασσαν ἀποτειχίσαι, ὡς
μεγάλην, εἰ καὶ διαμάρτοι, δόξαν οἰσόμενος ἐπὶ τῷ τολμήματι·
στάδιοι γὰρ ἦσαν διακόσιοι καὶ χίλιοι. Καὶ ὁ μὲν ἐνεχείρει τοσῷδε
ἔργῳ, Πομπήιος δ' αὐτὸν ἀνταπετάφρευε καὶ ἀντῳκοδόμει· καὶ
μάταια τὰ ἔργα ἀλλήλοις ἐποίουν. Γίγνεται δ' αὐτοῖς ἀγὼν εἷς
μέγας ἐν ᾧ Πομπήιος τρέπεταί τε τοὺς Καίσαρος πάνυ λαμπρῶς
καὶ ἐς τὸ στρατόπεδον ἐδίωκε φεύγοντας σημεῖά τε πολλὰ εἷλεν
αὐτῶν, καὶ τὸν αἰετόν, ὃ δὴ κυριώτατόν ἐστι Ῥωμαίοις, μόλις
ἔφθασεν ὁ φέρων ὑπὲρ τὸ χαράκωμα τοῖς ἔνδον ῥῖψαι.
| [2,61] César ne recevait rien par la mer, car la flotte de
Pompée en était maître ; son armée, donc, souffrait de la
faim, et fabriquait du pain avec des herbes ; des
déserteurs apportèrent à Pompée de tels pains,
comptant que ce spectacle lui ferait plaisir. Mais loin de
le ressentir ainsi, il dit : « Quels fauves nous combattons ! »
César, enfin, fut obligé de rassembler toute son
armée pour contraindre, malgré lui, Pompée à la bataille.
Mais ce dernier s'empara de la majorité des redoutes,
qui avaient été dégarnies pour la circonstance, et ne
bougea pas. Extrêmement dépité par cette situation,
César se lança dans l'entreprise difficile et extraordinaire
d'encercler toutes les positions de Pompée par un
rempart, de la mer à la mer, dans l'idée que, même s'il
échouait, il tirerait une grande gloire de ce coup
d'audace : car il s'agissait de mille deux cents stades. Et
tandis qu'il entreprenait ces énormes travaux, Pompée
faisait, en face, creuser des fossés et élever des
constructions, et leurs travaux se neutralisaient. Puis ils
se livrèrent une unique grande bataille, au cours de
laquelle Pompée mit brillamment en déroute les troupes
de César et poursuivit les fuyards jusqu'à leur camp, en
leur prenant de nombreuses enseignes ; et l'aigle, qui
est pour les Romains d'une si grande importances, fut de
justesse lancée à temps par son porteur, par-dessus le
retranchement, à ceux de l'intérieur.
| [2,62] Γενομένης δὲ τῆς τροπῆς λαμπρᾶς ὁ Καῖσαρ ἑτέρωθεν ἦγεν
ἄλλον στρατόν, οὕτω δή τι καὶ τοῦτον περίφοβον, ὡς Πομπηίου
μακρόθεν ἐπιφανέντος μήτε στῆναι περὶ τὰς πύλας ὄντας ἤδη μήτε
ἐσελθεῖν ἐν κόσμῳ μήτε πεισθῆναι τοῖς προστάγμασιν, ἀλλὰ
φεύγειν ἕκαστον, ὅπῃ τύχοιεν, ἀμεταστρεπτὶ χωρὶς αἰδοῦς καὶ
παραγγέλματος καὶ λογισμοῦ. Καίσαρος δ' αὐτοὺς περιθέοντός τε
καὶ σὺν ὀνείδει μακρὰν ἔτι τὸν Πομπήιον ὄντα ἐπεδεικνύοντος, καὶ
ἐφορῶντος τὰ σημεῖα ἀπερρίπτουν καὶ ἔφευγον, οἱ δὲ μόλις ὑπ'
αἰδοῦς κατέκυπτον ἐς τὴν γῆν ἄπρακτοι· τοσοῦτος αὐτοῖς τάραχος
ἐνεπεπτώκει. Εἷς δὲ καὶ στρέψας τὸ σημεῖον ἀνέτεινε τὸν οὐρίαχον
ἐς τὸν αὐτοκράτορα. Καὶ τόνδε μὲν οἱ Καίσαρος ὑπασπισταὶ
κατέκοπτον, οἱ δ' ἐσελθόντες οὐδ' ἐπὶ τὰς φυλακὰς ἀπήντων, ἀλλὰ
μεθειμένα πάντα ἦν καὶ τὸ χαράκωμα ἀφύλακτον, ὥστε αὐτὸ δοκεῖ
συνεσπεσὼν ἂν τότε ὁ Πομπήιος ἑλεῖν κατὰ κράτος καὶ τὸν
πόλεμον ἑνὶ τῷδε ἔργῳ πάντα ἐξεργάσασθαι, εἰ μὴ Λαβιηνὸς
αὐτόν, θεοῦ παράγοντος, ἐπὶ τοὺς φεύγοντας ἔπειθε τραπῆναι· καὶ
αὐτὸς ἅμα ὤκνησεν, ἢ τὴν ἀφυλαξίαν τοῦ χαρακώματος ὡς
ἐνέδραν ὑφορώμενος ἢ ὡς ἤδη κεκριμένου τοῦ πολέμου
καταφρονήσας. Ἐπὶ δὲ τοὺς ἔξω τραπεὶς ἑτέρους τε ἔκτεινε
πολλοὺς καὶ σημεῖα τῆς ἡμέρας ἐκείνης ἔλαβεν ἐν ταῖς δύο μάχαις
ὀκτὼ καὶ εἴκοσιν καὶ δεύτερον τόνδε καιρὸν ἐντελοῦς ἔργου
μεθῆκεν. Ὃ καὶ τὸν Καίσαρά φασιν εἰπεῖν, ὅτι σήμερον ἂν ὁ
πόλεμος ἐξείργαστο τοῖς πολεμίοις, εἰ τὸν νικᾶν ἐπιστάμενον
εἶχον.
| [2,62] Après cette cuisante déroute, César fit venir
d'ailleurs une autre armée, mais ses soldats aussi
étaient en proie à une telle panique que, voyant Pompée
apparaissant au loin, au lieu de rester à leur poste, alors
qu'ils se trouvaient déjà près des portes, de rentrer en
ordre, et d'obéir aux ordres, ils s'enfuirent tous par où ils
le pouvaient, droit devant eux, sans ressentir de honte,
sans écouter les ordres ni réfléchir. César courait parmi
eux et, d'un ton de reproche, leur montrait que Pompée
était encore loin, mais, sous ses yeux, ils jetaient les
enseignes et prenaient la fuite ; certains, tout de même
honteux, regardaient à terre sans rien faire, tel était le
trouble qui s'était emparé d'eux. Il y en eut même un
pour retourner son enseigne et diriger le bout du bâton
sur l'imperator. Mais tandis que les gardes du corps de
César le massacraient, les soldats qui rentraient ne se
rendaient même pas aux postes de garde : tout allait à
vau-l'eau et le retranchement n'était pas gardé, de sorte
que selon toute vraisemblance, Pompée, en y précipitant
ses forces, s'en serait emparé et aurait mis fin à la
guerre tout entière par cette seule opération, si
Labienus, mal inspiré par une divinité, ne l'avait
convaincu de se tourner contre les fuyards. Et lui-même,
en même temps, avait hésité, soit qu'il eût soupçonné un
piège dans l'absence de gardes sur le retranchement,
soit qu'il eût présomptueusement pensé que le sort de la
guerre était désormais fixé. S'étant donc tourné contre
les autres soldats, resté à l'extérieur, il en tua beaucoup,
et ce jour-là, il prit, lors des deux combats, vingt-huit
enseignes tout en laissant passer la deuxième occasion
d' une action décisive. Ce qui aurait fait dire à César que
ce jour-là, la guerre se serait terminée en faveur de ses
ennemis, s'ils avaient eu quelqu'un qui sût vaincre.
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