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[2,31] Λόγου δ' ἄφνω ψευδοῦς ἐμπεσόντος, ὅτι τὰς Ἄλπεις ὁ Καῖσαρ
ὑπερελθὼν ἐπὶ τὴν πόλιν ἐλαύνοι, θόρυβός τε πολὺς ἦν καὶ φόβος
ἁπάντων, καὶ ὁ Κλαύδιος εἰσηγεῖτο τὴν ἐν Καπύῃ στρατιὰν
ἀπαντᾶν ὡς πολεμίῳ Καίσαρι. Ἐνισταμένου δὲ ὡς ἐπὶ ψευδέσι τοῦ
Κουρίωνος εἶπεν· « Εἰ κωλύομαι ψήφῳ κοινῇ τὰ συμφέροντα
διοικεῖν κατ' ἐμαυτὸν ὡς ὕπατος διοικήσω.» καὶ τάδε εἰπὼν
ἐξέδραμε τῆς βουλῆς ἐς τὰ προάστεια μετὰ τοῦ συνάρχου ξίφος τε
ὀρέγων τῷ Πομπηίῳ « Κελεύω σοι, ἔφη, κἀγὼ καὶ ὅδε χωρεῖν ἐπὶ
Καίσαρα ὑπὲρ τῆς πατρίδος· καὶ στρατιὰν ἐς τοῦτό σοι δίδομεν, ἥ τε
νῦν ἀμφὶ Καπύην ἢ τὴν ἄλλην Ἰταλίαν ἐστὶ καὶ ὅσην αὐτὸς ἐθέλοις
ἄλλην καταλέγειν. » Ὁ δ' ὑπήκουε μὲν ὡς κελευόμενος πρὸς
ὑπάτων, ἐπετίθει δ' ὅμως· « Εἰ μή τι κρεῖσσον », ἀπατῶν ἢ τεχνάζων
καὶ τότε ἐς εὐπρέπειαν. Κουρίωνι δ' οὐκ ἦν μὲν ὑπὲρ τὴν πόλιν
ἐξουσία τις (οὐδὲ γὰρ προϊέναι τῶν τειχῶν τοῖς δημάρχοις ἐφίεταἰ),
ὠλοφύρετο δ' ἐν τῷ δήμῳ τὰ γιγνόμενα καὶ τοὺς ὑπάτους ἠξίου
κηρύσσειν μηδένα πω καταλέγοντι πείθεσθαι Πομπηίῳ. Οὐδὲν δὲ
ἀνύων, ἐπεί οἱ καὶ ὁ τῆς δημαρχίας χρόνος ἔληγε, δείσας ὑπὲρ
ἑαυτοῦ καὶ ἀπογνοὺς ἔτι δύνασθαι βοηθεῖν τῷ Καίσαρι, κατὰ
σπουδὴν ἐχώρει πρὸς αὐτόν.
| [2,31] Le bruit mensonger se répandit soudain que César
avait franchi les Alpes et marchait sur la Ville : ce fut
alors un grand affolement et une panique générale, et
Claudius proposa d'employer toute l'armée stationnée à
Capoue contre César déclaré ennemi public. Comme
Curion s'y opposait, expliquant que cela reposait sur des
mensonges, Claudius déclara : « Si je suis empêché par
un vote de prendre les mesures conformes à l'intérêt de
la communauté, c'est en mon nom propre que je les
prendrai, en qualité de consul. » À ces mots, il se
précipita hors du Sénat pour gagner les faubourgs, en
compagnie de son collègue, et, tendant une épée à
Pompée, il lui dit : « Nous t'ordonnons, moi ainsi que lui,
de marcher contre César pour défendre la patrie ; pour
cela, nous t'attribuons comme force armée les troupes
stationnées à Capoue et dans le reste de l'Italie, et
toutes celles que tu voudras toi-même recruter. »
Pompée obéit, puisque l'ordre venait de consuls, mais il
ajouta : « À moins qu'il y ait quelque chose de mieux à
faire... », par une tromperie ou une manipulation visant à
lui donner encore une fois le beau rôle. Quant à Curion,
il n'avait aucun pouvoir au-delà de la Ville (car il n'est
pas permis aux tribuns de se rendre en dehors des
remparts), mais il déplora les événements en cours
devant le peuple et demanda que les consuls fassent
proclamer par la voix des hérauts que personne ne
réponde à la conscription de Pompée. N'obtenant aucun
résultat, comme le temps de son tribunat venait à
expiration, il prit peur pour lui-même, et désespérant de
pouvoir encore aider César, il se hâta de partir le retrouver.
| [2,32] V. Ὁ δ' ἄρτι τὸν ὠκεανὸν ἐκ Βρεττανῶν διεπεπλεύκει καὶ ἀπὸ
Κελτῶν τῶν ἀμφὶ τὸν Ῥῆνον τὰ ὄρη τὰ Ἄλπεια διελθὼν σὺν
πεντακισχιλίοις πεζοῖς καὶ ἱππεῦσι τριακοσίοις κατέβαινεν ἐπὶ
Ῥαβέννης, ἣ συναφής τε ἦν τῇ Ἰταλίᾳ καὶ τῆς Καίσαρος ἀρχῆς
τελευταία. Φιλοφρονησάμενος δὲ τὸν Κουρίωνα καὶ χάριν ὑπὲρ τῶν
γεγονότων ὁμολογήσας ἐσκόπει περὶ τῶν παρόντων. Κουρίωνι μὲν
δὴ συγκαλεῖν ἐδόκει τὸν στρατὸν ἅπαντα ἤδη καὶ ἄγειν ἐπὶ Ῥώμης,
Καίσαρι δ' ἔτι πειρᾶσθαι διαλύσεων. Τοὺς οὖν φίλους ἐκέλευεν
ὑπὲρ αὑτοῦ συμβῆναι, τὰ μὲν ἄλλα αὐτὸν ἔθνη καὶ στρατόπεδα
ἀποθήσεσθαι, μόνα δ' ἕξειν δύο τέλη καὶ τὴν Ἰλλυρίδα μετὰ τῆς
ἐντὸς Ἄλπεων Γαλατίας, ἕως ὕπατος ἀποδειχθείη. Καὶ Πομπηίῳ
μὲν ἀρκεῖν ἐδόκει, κατακωλυόντων δὲ τῶν ὑπάτων ὁ Καῖσαρ
ἐπέστελλε τῇ βουλῇ, καὶ τὴν ἐπιστολὴν ὁ Κουρίων, τρισὶν ἡμέραις
τριακοσίους ἐπὶ δισχιλίοις σταδίους διαδραμών, ἐπέδωκε τοῖς νέοις
ὑπάτοις ἐσιοῦσιν ἐς τὸ βουλευτήριον τῇ νουμηνίᾳ τοῦ ἔτους.
Περιεῖχε δ' ἡ γραφὴ κατάλογόν τε σεμνὸν ὧν ἐξ ἀρχῆς ὁ Καῖσαρ
ἐπεπράχει, καὶ πρόκλησιν, ὅτι θέλοι Πομπηίῳ συναποθέσθαι,
ἄρχοντος δ' ἔτι ἐκείνου οὔτε ἀποθήσεσθαι καὶ τιμωρὸς αὐτίκα τῇ τε
πατρίδι καὶ ἑαυτῷ κατὰ τάχος ἀφίξεσθαι. Ἐφ' ᾧ δὴ σφόδρα πάντες
ἀνέκραγον, ὡς ἐπὶ πολέμου καταγγελίᾳ, διάδοχον εἶναι Λεύκιον
Δομίτιον. Καὶ ὁ Δομίτιος εὐθὺς ἐξῄει μετὰ τετρακισχιλίων ἐκ
καταλόγου.
| [2,32] Ce dernier était récemment revenu de Bretagne en
repassant l'Océan, avait traversé les régions de Gaule
proches du Rhin, franchi les Alpes avec cinq mille
fantassins et trois cents cavaliers, et était descendu
jusqu'à Ravenne, qui, se trouvant à la frontière de l'Italie,
était la dernière ville de son gouvernement. Il accueillit
chaleureusement Curion et, après lui avoir exprimé sa
gratitude pour le passé, entreprit d'analyser la situation
présente. En bref, Curion préconisait de rassembler
désormais l'armée tout entière et de la mener sur Rome,
tandis que César voulait encore tenter des compromis. Il
chargea donc ses amis d'intervenir en sa faveur, en
disant qu'il laisserait ses provinces et ses armées, et qu'il
ne garderait que deux légions et l'Illyrie avec la Gaule
cisalpine, jusqu'à ce qu'il soit déclaré consul. Pompée
s'en jugea satisfait, mais les consuls s'y opposèrent
totalement : César écrivit alors au Sénat, et Curion,
après avoir parcouru 2300 stades en trois jours, remit la
lettre aux nouveaux consuls au moment où ils entraient
au Sénat le premier jour de l'année. Cet écrit contenait
un rappel hautain de toutes les actions accomplies
depuis le début par César, et proclamait qu'il consentait
à déposer ses fonctions en même temps que Pompée,
mais que si celui-ci gardait ses fonctions, il ne déposerait
pas les siennes et se hâterait de venir dans les plus
brefs délais venger sa patrie et sa personne. Après quoi
ce fut évidemment un tollé général où tous hurlèrent
qu'après cette déclaration de guerre Lucius Domitius
succédait à César. Et Domitius partit immédiatement
avec quatre mille hommes recrutés parmi les mobilisables.
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