[4,2,1] καὶ ἦν μὲν δείλη, οἱ δ᾽ ἐκέλευον αὐτοὺς ἐμφαγόντας πορεύεσθαι. καὶ τὸν
ἡγεμόνα δήσαντες παραδιδόασιν αὐτοῖς, καὶ συντίθενται τὴν μὲν νύκτα, ἢν
λάβωσι τὸ ἄκρον, τὸ χωρίον φυλάττειν, ἅμα δὲ τῇ ἡμέρᾳ τῇ σάλπιγγι σημαίνειν·
καὶ τοὺς μὲν ἄνω ὄντας ἰέναι ἐπὶ τοὺς κατέχοντας τὴν φανερὰν ἔκβασιν, αὐτοὶ δὲ
συμβοηθήσειν ἐκβαίνοντες ὡς ἂν δύνωνται τάχιστα. (4.2.2) ταῦτα συνθέμενοι οἱ
μὲν ἐπορεύοντο πλῆθος ὡς δισχίλιοι· καὶ ὕδωρ πολὺ ἦν ἐξ οὐρανοῦ· Ξενοφῶν δὲ
ἔχων τοὺς ὀπισθοφύλακας ἡγεῖτο πρὸς τὴν φανερὰν ἔκβασιν, ὅπως ταύτῃ τῇ
ὁδῷ οἱ πολέμιοι προσέχοιεν τὸν νοῦν καὶ ὡς μάλιστα λάθοιεν οἱ περιιόντες.
(4.2.3) ἐπεὶ δὲ ἦσαν ἐπὶ χαράδρᾳ οἱ ὀπισθοφύλακες ἣν ἔδει διαβάντας πρὸς τὸ
ὄρθιον ἐκβαίνειν, τηνικαῦτα ἐκύλινδον οἱ βάρβαροι ὁλοιτρόχους ἁμαξιαίους καὶ
μείζους καὶ ἐλάττους, οἳ φερόμενοι πρὸς τὰς πέτρας παίοντες διεσφενδονῶντο·
καὶ παντάπασιν οὐδὲ πελάσαι οἷόν τ᾽ ἦν τῇ εἰσόδῳ. (4.2.4) ἔνιοι δὲ τῶν λοχαγῶν,
εἰ μὴ ταύτῃ δύναιντο, ἄλλῃ ἐπειρῶντο· καὶ ταῦτα ἐποίουν μέχρι σκότος ἐγένετο·
ἐπεὶ δὲ ᾤοντο ἀφανεῖς εἶναι ἀπιόντες, τότε ἀπῆλθον ἐπὶ τὸ δεῖπνον· ἐτύγχανον
δὲ καὶ ἀνάριστοι ὄντες αὐτῶν οἱ ὀπισθοφυλακήσαντες. οἱ μέντοι πολέμιοι οὐδὲν
ἐπαύσαντο δι᾽ ὅλης τῆς νυκτὸς κυλίνδοντες τοὺς λίθους· τεκμαίρεσθαι δ᾽ ἦν τῷ
ψόφῳ. (4.2.5) οἱ δ᾽ ἔχοντες τὸν ἡγεμόνα κύκλῳ περιιόντες καταλαμβάνουσι τοὺς
φύλακας ἀμφὶ πῦρ καθημένους· καὶ τοὺς μὲν κατακαίνοντες τοὺς δὲ
καταδιώξαντες αὐτοὶ ἐνταῦθ᾽ ἔμενον ὡς τὸ ἄκρον κατέχοντες. (4.2.6) οἱ δ᾽ οὐ
κατεῖχον, ἀλλὰ μαστὸς ἦν ὑπὲρ αὐτῶν παρ᾽ ὃν ἦν ἡ στενὴ αὕτη ὁδὸς ἐφ᾽ ᾗ
ἐκάθηντο οἱ φύλακες. ἔφοδος μέντοι αὐτόθεν ἐπὶ τοὺς πολεμίους ἦν οἳ ἐπὶ τῇ
φανερᾷ ὁδῷ ἐκάθηντο. (4.2.7) καὶ τὴν μὲν νύκτα ἐνταῦθα διήγαγον· ἐπεὶ δ᾽ ἡμέρα
ὑπέφαινεν, ἐπορεύοντο σιγῇ συντεταγμένοι ἐπὶ τοὺς πολεμίους· καὶ γὰρ ὁμίχλη
ἐγένετο, ὥστ᾽ ἔλαθον ἐγγὺς προσελθόντες. ἐπεὶ δὲ εἶδον ἀλλήλους, ἥ τε σάλπιγξ
ἐφθέγξατο καὶ ἀλαλάξαντες ἵεντο ἐπὶ τοὺς ἀνθρώπους· οἱ δὲ οὐκ ἐδέξαντο, ἀλλὰ
λιπόντες τὴν ὁδὸν φεύγοντες ὀλίγοι ἀπέθνῃσκον· εὔζωνοι γὰρ ἦσαν. (4.2.8) οἱ δὲ
ἀμφὶ Χειρίσοφον ἀκούσαντες τῆς σάλπιγγος εὐθὺς ἵεντο ἄνω κατὰ τὴν φανερὰν
ὁδόν· ἄλλοι δὲ τῶν στρατηγῶν κατὰ ἀτριβεῖς ὁδοὺς ἐπορεύοντο ᾗ ἔτυχον ἕκαστοι
ὄντες, καὶ ἀναβάντες ὡς ἐδύναντο ἀνίμων ἀλλήλους τοῖς δόρασι. (4.2.9) καὶ οὗτοι
πρῶτοι συνέμειξαν τοῖς προκαταλαβοῦσι τὸ χωρίον. Ξενοφῶν δὲ ἔχων τῶν
ὀπισθοφυλάκων τοὺς ἡμίσεις ἐπορεύετο ᾗπερ οἱ τὸν ἡγεμόνα ἔχοντες·
εὐοδωτάτη γὰρ ἦν τοῖς ὑποζυγίοις· τοὺς δὲ ἡμίσεις ὄπισθεν τῶν ὑποζυγίων ἔταξε.
| [4,2,1] Le jour tombait. On fait manger les volontaires, puis on leur commande de
partir. On leur livre le guide lié. On convient avec eux que s'ils s'emparent du
sommet de la montagne, ils s'y maintiendront toute la nuit ; qu'à la pointe du
jour, ils feront pour signal sonner leur trompette ; qu'ensuite ils descendront
de ce poste élevé sur les ennemis qui gardent le grand chemin, et que l'armée
avancera à leur secours le plus légèrement qu'elle pourra. Cet arrangement pris,
les volontaires se mettent en marche, au nombre de deux mille environ. Il
pleuvait beaucoup. Pour couvrir leurs mouvements, et tourner toute l'attention
des ennemis sur le grand chemin qu'on voyait, Xénophon s'y porte avec les
troupes de l'arrière-garde. On arrive à un ravin qu'il fallait passer avant de
gravir sur la montagne ; alors les Barbares roulent de grosses et de petites
pierres : il y en avait de rondes et de telles qu'elles auraient fait la charge
d'une voiture. Ces pierres, en rebondissant sur les rochers se fendaient en
éclats, et acquéraient la rapidité de celles qu'on lance avec la fronde : il
était absolument impossible d'approcher du chemin. Quelques-uns des chefs de
lochos faisaient semblant de chercher des sentiers moins impraticables. On
continua cette manœuvre jusqu'à ce que la nuit fût noire. Quand on crut pouvoir
se retirer sans que les ennemis le vissent, l'armée revint souper ; car ceux des
soldats, qui avaient été le matin d'arrière-garde, n'avaient pas même dîné. Les
ennemis ne cessèrent pendant la nuit de rouler des morceaux de rocher : on le
conjectura d'après le bruit qu'on entendit. Les volontaires, qui avaient le
guide avec eux, ayant pris un détour, surprennent une grande garde de l'ennemi
assise auprès d'un feu qu'elle avait allumé ; ils en tuent une partie,
poursuivent les autres jusqu'à des précipices, et restent dans ce poste croyant
être les maîtres du sommet de la montagne. Ils se trompaient, et étaient dominés
par un autre mamelon, près duquel passait le chemin étroit qu'ils suivaient et
qu'ils avaient trouvé gardé par l'ennemi. Mais du poste qu'ils avaient forcé, on
pouvait marcher au gros des Carduques qui barraient la grande route à la vue des
Grecs. Les volontaires se tinrent où ils étaient et y passèrent la nuit.
Dès que le jour pointa, ils marchèrent en ordre et en silence à l'ennemi ; et,
comme il faisait du brouillard, ils s'en approchèrent sans être vus. Quand on
s'aperçut enfin réciproquement, la trompette donna le signal, et les Grecs ayant
jeté des cris militaires, coururent sur les Barbares. Ceux-ci ne les attendirent
pas, mais prirent la fuite et abandonnèrent la défense du chemin : on en tua
peu, car ils étaient agiles à la course. Chirisophe et ses troupes, entendant le
son de la trompette, marchèrent aussitôt par la grande route. D'autres généraux
suivirent les sentiers qu'ils trouvèrent, et montèrent comme ils purent ; les
Grecs se tirant en haut les uns les autres avec leurs piques. Ce furent ceux-là
qui joignirent les premiers les volontaires qui avaient déposté l'ennemi.
Xénophon, avec la moitié de l'arrière-garde, prit le même chemin que le guide
avait indiqué aux volontaires, car il était plus commode pour les bêtes de
somme. Ce général fit suivre l'autre moitié derrière les équipages.
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