[15a,60] Τοὺς δὲ Γαρμᾶνας τοὺς μὲν ἐντιμοτάτους ὑλοβίους
φησὶν ὀνομάζεσθαι, ζῶντας ἐν ταῖς ὕλαις ἀπὸ
φύλλων καὶ καρπῶν ἀγρίων, * ἐσθῆτος φλοιῶν δενδρείων,
ἀφροδισίων χωρὶς καὶ οἴνου· τοῖς δὲ βασιλεῦσι
συνεῖναι, δι´ ἀγγέλων πυνθανομένοις περὶ τῶν αἰτίων
καὶ δι´ ἐκείνων θεραπεύουσι καὶ λιτανεύουσι τὸ θεῖον.
μετὰ δὲ τοὺς ὑλοβίους δευτερεύειν κατὰ τιμὴν τοὺς
ἰατρικοὺς καὶ ὡς περὶ τὸν ἄνθρωπον φιλοσόφους,
λιτοὺς μὲν μὴ ἀγραύλους δέ, ὀρύζῃ καὶ ἀλφίτοις τρεφομένους, ἃ παρέχειν αὐτοῖς πάντα τὸν αἰτηθέντα καὶ
ὑποδεξάμενον ξενίᾳ· δύνασθαι δὲ καὶ πολυγόνους
ποιεῖν καὶ ἀρρενογόνους καὶ θηλυγόνους διὰ φαρμακευτικῆς· τὴν δὲ ἰατρείαν διὰ σιτίων τὸ πλέον, οὐ διὰ
φαρμάκων ἐπιτελεῖσθαι· τῶν φαρμάκων δὲ μάλιστα
εὐδοκιμεῖν τὰ ἐπίχριστα καὶ τὰ καταπλάσματα, τἆλλα
δὲ κακουργίας πολὺ μετέχειν. ἀσκεῖν δὲ καὶ τούτους
κἀκείνους καρτερίαν τήν τε ἐν πόνοις καὶ τὴν ἐν ταῖς
ἐπιμοναῖς, ὥστ´ ἐφ´ ἑνὸς σχήματος ἀκίνητον διατελέσαι
τὴν ἡμέραν ὅλην. ἄλλους δ´ εἶναι τοὺς μὲν μαντικοὺς
καὶ ἐπῳδοὺς καὶ τῶν περὶ τοὺς κατοιχομένους
λόγων καὶ νομίμων ἐμπείρους, ἐπαιτοῦντας κατὰ κώμας
καὶ πόλεις, τοὺς δὲ χαριεστέρους μὲν τούτων καὶ
ἀστειοτέρους, οὐδ´ αὐτοὺς δὲ ἀπεχομένους τῶν καθ´
ᾅδην θρυλουμένων ὅσα δοκεῖ πρὸς εὐσέβειαν καὶ ὁσιότητα· συμφιλοσοφεῖν δ´ ἐνίοις καὶ γυναῖκας ἀπεχομένας καὶ αὐτὰς ἀφροδισίων.
| [15a,60] Passant aux Garmanes, le même auteur nous apprend que les plus
considérés d'entre eux sont désignés sous le nom d'Hylobii et qu'ils
vivent en effet dans les bois, se nourrissant là de feuilles et de fruits
sauvages, s'habillant avec l'écorce des arbres, et s'abstenant à la fois
des plaisirs de l'amour et de l'usage du vin. Il ajoute qu'ils n'en
correspondent pas moins régulièrement avec les Rois, que ceux-ci les
consultent par messagers sur les causes des évènements, et se servent
d'eux comme d'intermédiaires auprès de la divinité, soit pour l'adorer,
soit pour la fléchir. Le second rang dans l'estime et le respect des
populations appartient aux médecins et à ceux d'entre les philosophes qui
ont fait une étude spéciale de l'homme. Mais, bien qu'ils vivent eux aussi
avec une extrême frugalité, ils ne sont pas tenus, comme les Hylobii, de
demeurer toujours en plein air. Le riz et l'orge nécessaires à leur
nourriture leur sont fournis libéralement par la première personne à qui
ils s'adressent et qui leur a ouvert sa porte. On leur attribue le pouvoir
de rendre les femmes fécondes et de les faire accoucher à volonté de
garçons ou de filles au moyen de certaines drogues qu'ils leur
administrent. En général pourtant la médecine qu'ils pratiquent consiste
plutôt à prescrire un bon régime de nourriture qu'à appliquer des remèdes.
Les seuls médicaments qui trouvent grâce à leurs yeux sont les liniments
et les cataplasmes, tous les autres leur paraissent plus ou moins entachés
de maléfices. Du reste, médecins et Hylobii pratiquent également la
constance ; on les voit les uns et les autres s'exercer à supporter la
fatigue et la douleur, et rester par exemple tout un jour dans la même
attitude sans bouger. Les Garmanes comptent encore parmi eux des devins,
des enchanteurs, des philosophes experts dans les formules et autres rites
funéraires, qui s'en vont mendiant de ville en ville, et de village en
village, et d'autres philosophes, qui, tout en étant plus éclairés et
moins grossiers de manières, ne se font pas faute, au nom de la religion
et de la vertu d'encourager cette croyance à l'Enfer si répandue dans le
vulgaire. Quelques-uns sont accompagnés de femmes qui prennent part à tous
leurs exercices, à tous leurs entretiens philosophiques, et qui, comme
eux, ont renoncé aux plaisirs de l'amour.
|