HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre XV-1

Chapitre 59

  Chapitre 59

[15a,59] Ἄλλην δὲ διαίρεσιν ποιεῖται περὶ τῶν φιλοσόφων, δύο γένη φάσκων, ὧν τοὺς μὲν Βραχμᾶνας καλεῖ τοὺς δὲ Γαρμᾶνας. τοὺς μὲν οὖν Βραχμᾶνας εὐδοκιμεῖν {μᾶλλονμᾶλλον γὰρ καὶ ὁμολογεῖν ἐν τοῖς δόγμασιν· ἤδη δ´ εὐθὺς καὶ κυομένους ἔχειν ἐπιμελητὰς λογίους ἄνδρας, οὓς προσιόντας λόγῳ μὲν ἐπᾴδειν δοκεῖν καὶ τὴν μητέρα καὶ τὸν κυόμενον εἰς εὐτεκνίαν, τὸ δ´ ἀληθὲς σωφρονικάς τινας παραινέσεις καὶ ὑποθήκας διδόναι· τὰς δ´ ἥδιστα ἀκροωμένας μάλιστα εὐτέκνους εἶναι νομίζεσθαι. μετὰ δὲ τὴν γένεσιν ἄλλους καὶ ἄλλους διαδέχεσθαι τὴν ἐπιμέλειαν, ἀεὶ τῆς μείζονος ἡλικίας χαριεστέρων τυγχανούσης διδασκάλων. διατρίβειν δὲ τοὺς φιλοσόφους ἐν ἄλσει πρὸ τῆς πόλεως ὑπὸ περιβόλῳ συμμέτρῳ, λιτῶς ζῶντας ἐν στιβάσι καὶ δοραῖς, ἀπεχομένους ἐμψύχων καὶ ἀφροδισίων, ἀκροωμένους λόγων σπουδαίων, μεταδιδόντας καὶ τοῖς ἐθέλουσι· τὸν δ´ ἀκροώμενον οὔτε λαλῆσαι θέμις οὔτε χρέμψασθαι ἀλλ´ οὐδὲ πτύσαι, ἐκβάλλεσθαι τῆς συνουσίας τὴν ἡμέραν ἐκείνην ὡς ἀκολασταίνοντα. ἔτη δ´ ἑπτὰ καὶ τριάκοντα οὕτως ζήσαντα ἀναχωρεῖν εἰς τὴν ἑαυτοῦ κτῆσιν ἕκαστον καὶ ζῆν ἀδεῶς καὶ ἀνειμένως μᾶλλον, σινδονοφοροῦντα καὶ χρυσοφοροῦντα μετρίως ἐν τοῖς ὠσὶ καὶ ταῖς χερσί, προσφερόμενον σάρκας τῶν μὴ πρὸς τὴν χρείαν συνεργῶν ζῴων, δριμέων καὶ ἀρτυτῶν ἀπεχόμενον· γαμεῖν δ´ ὅτι πλείστας εἰς πολυτεκνίαν· ἐκ πολλῶν γὰρ καὶ τὰ σπουδαῖα πλείω γίνεσθαι ἄν, ἀδουλοῦσί τε τὴν ἐκ τέκνων ὑπηρεσίαν ἐγγυτάτω οὖσαν πλείω δεῖν παρασκευάζεσθαι. ταῖς δὲ γυναιξὶ ταῖς γαμεταῖς μὴ συμφιλοσοφεῖν τοὺς Βραχμᾶνας, εἰ μὲν μοχθηραὶ γένοιντο, ἵνα μή τι τῶν οὐ θεμιτῶν ἐκφέροιεν εἰς τοὺς βεβήλους εἰ δὲ σπουδαῖαι, μὴ καταλείποιεν αὐτούς. οὐδένα γὰρ ἡδονῆς καὶ πόνου καταφρονοῦντα, ὡς δ´ αὕτως ζωῆς καὶ θανάτου, ἐθέλειν ὑφ´ ἑτέρῳ εἶναι· τοιοῦτον δ´ εἶναι τὸν σπουδαῖον καὶ τὴν σπουδαίαν. πλείστους δ´ αὐτοῖς εἶναι λόγους περὶ τοῦ θανάτου· νομίζειν γὰρ δὴ τὸν μὲν ἐνθάδε βίον ὡς ἂν ἀκμὴν κυομένων εἶναι, τὸν δὲ θάνατον γένεσιν εἰς τὸν ὄντως βίον καὶ τὸν εὐδαίμονα τοῖς φιλοσοφήσασι· διὸ τῇ ἀσκήσει πλείστῃ χρῆσθαι πρὸς τὸ ἑτοιμοθάνατον· ἀγαθὸν δὲ κακὸν μηδὲν εἶναι τῶν συμβαινόντων ἀνθρώποις· οὐ γὰρ ἂν τοῖς αὐτοῖς τοὺς μὲν ἄχθεσθαι τοὺς δὲ χαίρειν ἐνυπνιώδεις ὑπολήψεις ἔχοντας, καὶ τοὺς αὐτοὺς τοῖς αὐτοῖς τοτὲ μὲν ἄχθεσθαι τοτὲ δ´ αὖ χαίρειν μεταβαλλομένους. τὰ δὲ περὶ φύσιν τὰ μὲν εὐήθειαν ἐμφαίνειν φησίν· ἐν ἔργοις γὰρ αὐτοὺς κρείττους λόγοις εἶναι, διὰ μύθων τὰ πολλὰ πιστουμένους· περὶ πολλῶν δὲ τοῖς Ἕλλησιν ὁμοδοξεῖν· ὅτι γὰρ γενητὸς κόσμος καὶ φθαρτὸς λέγειν κἀκείνους, καὶ ὅτι σφαιροειδὴς τε διοικῶν αὐτὸν καὶ ποιῶν θεὸς δι´ ὅλου διαπεφοίτηκεν αὐτοῦ· ἀρχαὶ δὲ τῶν μὲν συμπάντων ἕτεραι, τῆς δὲ κοσμοποιίας τὸ ὕδωρ· πρὸς δὲ τοῖς τέτταρσι στοιχείοις πέμπτη τις ἐστὶ φύσις, ἐξ ἧς οὐρανὸς καὶ τὰ ἄστρα· γῆ δ´ ἐν μέσῳ ἵδρυται τοῦ παντός· καὶ περὶ σπέρματος δὲ καὶ ψυχῆς ὅμοια λέγεται καὶ ἄλλα πλείω· παραπλέκουσι δὲ καὶ μύθους, ὥσπερ καὶ Πλάτων περί τε ἀφθαρσίας ψυχῆς καὶ τῶν καθ´ ᾅδου κρίσεων καὶ ἄλλα τοιαῦτα. περὶ μὲν τῶν Βραχμάνων ταῦτα λέγει. [15a,59] {A côté, maintenant, de cette division des philosophes en philosophes de la montagne et en philosophes de la plaine}, Mégasthène en signale une autre, la division en Brachmanes et en Garmanes. Les Brachmanes, suivant lui, sont {plus} honorés que les autres : on reconnaît que leur conduite est plus en rapport avec leurs principes. Le Brachmane, à peine conçu, est déjà l'objet des soins de sages personnages, appelés en apparence uiquement pour attirer par leurs prières et incantations les faveurs du ciel sur la mère et sur l'enfant qu'elle porte dans son sein, mais qui donnent en réalité de bons conseils pratiques et d'utiles recettes de santé, d'où la croyance générale que les mères qui écoutent le plus docilement leurs avis sont destinées à être les plus heureusement partagées en enfants. Après sa naissance, le Brachmane passe successivement aux mains de plusieurs surveillants, le choix de ses maîtres étant toujours proportionné à son âge et de plus en plus épuré à mesure qu'il grandit. Mégasthène ajoute que les Brachmanes demeurent dans des bois sacrés de médiocre étendue qui partout précèdent les villes, que là ils n'ont pour lits que de simples paillasses recouvertes de peaux de bêtes, qu'ils s'y nourrissent de la façon la plus frugale, s'abstenant de rien manger qui ait eu vie, qu'ils s'abstiennent de même d'avoir aucun commerce charnel et passent tout leur temps à écouter de doctes dissertations sur les matières les plus sérieuses, admettant comme auditeur quiconque en manifeste le désir, à condition seulement qu'on écoutera sans parler, sans tousser, ni cracher, autrement on est puni de son peu d'empire sur soi-même et chassé de l'assemblée pour le reste du jour. Toutefois, après trente-sept ans d'une semblable existence, chaque Brachmane est libre de se retirer dans sa propriété et d'y vivre à sa guise et d'une vie moins austère. Il peut alors s'habiller de ces fines étoffes appelées sindonés, et, sans affecter un luxe exagéré, il peut porter des anneaux d'or à ses oreilles et à ses doigts ; il peut se faire servir de la viande à ses repas, pourvu que ce ne soit jamais de la chair d'animaux domestiques associés au travail de l'homme, pourvu aussi que le goût n'en soit pas relevé par des sauces trop piquantes et par un assaisonnement trop épicé. Il peut enfin épouser autant de femmes qu'il voudra et cela dans le but d'avoir beaucoup d'enfants, car il est persuadé que la vertu n'a qu'à gagner à ce que les familles soient nombreuses, et persuadé aussi (vu qu'à défaut d'esclaves qu'il lui est interdit d'avoir, c'est le service de ses enfants qui est le plus à sa portée) que son intérêt est d'en avoir le plus possible. Les Brachmanes du reste ne font pas part aux femmes qu'ils épousent de leurs doctrines philosophiques : ils craindraient en le faisant de s'exposer à l'une ou à l'autre de ces alternatives, ou que leurs femmes, cédant à leur nature vicieuse, ne communiquassent à des profanes le secret des dieux, ou que, converties sincèrement à la vertu, elles ne se décidassent à les quitter, le vrai sage, autrement dit quiconque méprise également et le plaisir et la peine, et la vie et la mort (on sait que c'est en cela qu'ils font consister la perfection de la vertu pour la femme aussi bien que pour l'homme), le vrai sage ne pouvant plus consentir à plier sous la volonté de personne. Le sujet habituel de leurs entretiens est la mort. Ils croient que la vie d'ici-bas est quelque chose comme l'état du foetus dans les premiers moments qui suivent la conception, et que la mort au contraire est, pour les purs esprits initiés à la philosophie, la naissance à la vie réelle, à la vie heureuse. Aussi s'exercent-ils, se préparent-ils de toute manière à la mort. Ils croient encore que rien de ce qui arrive à l'homme n'est absolument bon ni mauvais, qu'autrement on ne verrait pas les hommes, au gré de leurs opinions, aussi flottantes que les trompeuses images des rêves, tantôt s'affliger, tantôt se réjouir d'un même évènement, ni surtout un même homme passer brusquement d'un état à un autre et se réjouir de l'évènement qui naguère encore l'affligeait. En matière de physique, ils ont certaines idées qui, au dire de Mégasthène, attestent une grande simplicité d'esprit, la simplicité d'hommes dont les actions valent mieux que les paroles et qui expliquent tout par des fables ; mais il reconnaît aussi que, sur beaucoup de points, leurs idées s'accordent avec celles des Grecs ; que pour eux, par exemple, comme pour les Grecs, le monde a eu un commencement, et qu'il aura une fin ; qu'il a la forme d'une sphère et que le Dieu qui l'a créé et qui le gouverne le pénètre et circule dans toutes ses parties; qu'il y a plusieurs principes ou éléments constitutifs de l'Univers, mais qu'un seul, l'Eau, a servi à la formation de notre monde ; qu'indépendamment des quatre éléments il existe une cinquième substance, avec laquelle ont été faits le Ciel et les Astres ; que la Terre, enfin, occupe le centre de l'Univers. Sur la nature du sperme, sur celle de l'âme et sur mainte autre question encore, leurs sentiments sont conformes aux nôtres. Ils ont le tort seulement de trop mêler la fable à leur philosophie. Mais n'est-ce pas là aussi ce que fait Platon, quand il traite par exemple de l'Immortalité de l'âme, des Jugements aux enfers, etc. etc. ? - Voilà ce que dit {Mégasthène} au sujet des Brachmanes.


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Dernière mise à jour : 19/03/2009