[15a,58] Περὶ δὲ τῶν φιλοσόφων λέγων τοὺς μὲν ὀρεινοὺς
αὐτῶν φησὶν ὑμνητὰς εἶναι τοῦ Διονύσου, δεικνύντας
τεκμήρια τὴν ἀγρίαν ἄμπελον παρὰ μόνοις φυομένην
καὶ κιττὸν καὶ δάφνην καὶ μυρρίνην καὶ πύξον
καὶ ἄλλα τῶν ἀειθαλῶν, ὧν μηδὲν εἶναι πέραν Εὐφράτου
πλὴν ἐν παραδείσοις σπάνια καὶ μετὰ πολλῆς
ἐπιμελείας σωζόμενα. Διονυσιακὸν δὲ καὶ τὸ σινδονοφορεῖν
καὶ τὸ μιτροῦσθαι καὶ μυροῦσθαι καὶ βάπτεσθαι
ἄνθινα καὶ τοὺς βασιλέας κωδωνοφορεῖσθαι καὶ
τυμπανίζεσθαι κατὰ τὰς ἐξόδους. τοὺς δὲ πεδιασίους
τὸν Ἡρακλέα τιμᾶν. ταῦτα μὲν οὖν μυθώδη καὶ ὑπὸ
πολλῶν ἐλεγχόμενα, καὶ μάλιστα {τὰ} περὶ τῆς ἀμπέλου
καὶ τοῦ οἴνου· πέραν γὰρ τοῦ Εὐφράτου καὶ τῆς Ἀρμενίας
ἐστὶ πολλὴ καὶ ἡ Μεσοποταμία ὅλη καὶ ἡ Μηδία
ἑξῆς μέχρι καὶ Περσίδος καὶ Καρμανίας· τούτων δὲ τῶν ἐθνῶν
ἑκάστου πολὺ μέρος εὐάμπελον καὶ εὔοινον λέγεται.
| [15a,58] En revanche, quand Mégasthène prétend, à propos des philosophes
indiens, que ceux de la montagne sont des adeptes inspirés du culte de
Dionysos, qui même invoquent, comme autant de preuves de l'origine
indienne de ce culte, la présence en leur pays de la vigne sauvage
inconnue soi-disant partout ailleurs, la présence aussi du lierre, du
laurier, du myrte, du buis et d'autres arbustes au feuillage persistant,
dont pas un ne croît au delà de l'Euphrate si ce n'est à l'état de rareté
dans des parcs ou jardins d'agrément et à grand renfort de précautions et
de soins ; quand il cite, toujours comme pratiques dionysiaques, l'usage
de porter la sindoné et la mitre, de se parfumer tout le corps et de s'en
teindre certaines parties avec des essences de fleurs, l'usage aussi de
faire marcher des tambours et des trompettes en tête du cortége dans les
sorties solennelles des rois ; quand il nous montre, {en regard des
philosophes de la montagne adorateurs de Bacchus,} ceux de la plaine voués
au culte exclusif d'Hercule, il retombe là dans la pure fiction et
s'expose à de trop faciles démentis, notamment en ce qui concerne la vigne
et le vin : quels pays trouve-t-on, en effet, par delà l'Euphrate ? Une
bonne partie de l'Arménie, la Mésopotamie tout entière, voire, à la suite
de la Mésopotamie, la Médie jusqu'aux confins de la Perse et de la
Carmanie ; or tout le monde sait que chacun de ces pays est à peu près
partout couvert de vignes, et de vignes excellentes donnant les meilleurs vins.
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