[15a,45] Ἐπεὶ δ´ ἐν τῷ περὶ τῶν θηρευτῶν λόγῳ καὶ περὶ
τῶν θηρίων ἐμνήσθημεν ὧν τε Μεγασθένης εἶπε καὶ
ἄλλοι, προσθετέον καὶ ταῦτα. ὁ μὲν γὰρ Νέαρχος τὸ
τῶν ἑρπετῶν θαυμάζει πλῆθος καὶ τὴν κακίαν· ἀναφεύγειν
γὰρ ἐκ τῶν πεδίων εἰς τὰς κατοικίας τὰς διαλανθανούσας ἐν ταῖς ἐπικλύσεσι καὶ πληροῦν τοὺς οἴκους· διὰ δὴ τοῦτο καὶ ὑψηλὰς
ποιεῖσθαι τὰς κλίνας, ἔστι δ´ ὅτε καὶ ἐξοικίζεσθαι πλεονασάντων·
εἰ δὲ μὴ τὸ πολὺ τοῦ πλήθους ὑπὸ τῶν ὑδάτων διεφθείρετο,
κἂν ἐρημωθῆναι τὴν χώραν. καὶ τὴν μικρότητα δ´ αὐτῶν εἶναι
χαλεπὴν καὶ τὴν ὑπερβολὴν τοῦ μεγέθους,
τὴν μὲν διὰ τὸ δυσφύλακτον τὴν δὲ δι´ ἰσχύν, ὅπου
καὶ ἑκκαιδεκαπήχεις ἐχίδνας ὁρᾶσθαι· ἐπῳδοὺς δὲ περιφοιτᾶν ἰᾶσθαι
πεπιστευμένους, καὶ εἶναι σχεδόν τι
μόνην ταύτην ἰατρικήν· μηδὲ γὰρ νόσους εἶναι πολλὰς
διὰ τὴν λιτότητα τῆς διαίτης καὶ τὴν ἀοινίαν· εἰ δὲ γένοιντο,
ἰᾶσθαι τοὺς σοφιστάς. Ἀριστόβουλος δὲ τῶν
θρυλουμένων μεγεθῶν οὐδὲν ἰδεῖν φησιν, ἔχιδναν δὲ
μόνον ἐννέα πηχῶν καὶ σπιθαμῆς. καὶ ἡμεῖς δ´ ἐν Αἰγύπτῳ
κομισθεῖσαν ἐκεῖθεν τηλικαύτην πως εἴδομεν.
ἔχεις δὲ πολλούς φησι πολὺ ἐλάττους καὶ ἀσπίδας,
σκορπίους δὲ μεγάλους. οὐδὲν δὲ τούτων οὕτως ὀχλεῖν
ὡς τὰ λεπτὰ ὀφείδια οὐ μείζω σπιθαμιαίων· εὑρίσκεσθαι γὰρ ἐν σκηναῖς, ἐν σκεύεσιν, ἐν θριγγοῖς ἐγκεκρυμμένα· τοὺς δὲ πληγέντας αἱμορροεῖν ἐκ παντὸς πόρου μετὰ ἐπωδυνίας, ἔπειτα ἀποθνήσκειν,
εἰ μὴ βοηθήσει τις εὐθύς· τὴν δὲ βοήθειαν ῥᾳδίαν εἶναι διὰ
τὴν ἀρετὴν τῶν Ἰνδικῶν ῥιζῶν καὶ φαρμάκων. κροκοδείλους τε οὔτε πολλοὺς οὔτε βλαπτικοὺς ἀνθρώπων ἐν τῷ Ἰνδῷ φησιν εὑρίσκεσθαι,
καὶ τὰ ἄλλα δὲ ζῷα τὰ πλεῖστα τὰ αὐτὰ ἅπερ ἐν τῷ Νείλῳ
γεννᾶσθαι πλὴν ἵππου ποταμίου· Ὀνησίκριτος δὲ καὶ τοῦτόν φησι
γεννᾶσθαι. τῶν δ´ ἐκ θαλάττης φησὶν ὁ Ἀριστόβουλος
εἰς μὲν τὸν Νεῖλον ἀνατρέχειν μηδὲν ἔξω θρίσσης καὶ
κεστρέως καὶ δελφῖνος διὰ τοὺς κροκοδείλους, ἐν δὲ τῷ
Ἰνδῷ πλῆθος· τῶν δὲ καρίδων τὰς μὲν μικρὰς μέχρι
ὄρους ἀναθεῖν, τὰς δὲ μεγάλας μέχρι τῶν συμβολῶν
τοῦ τε Ἰνδοῦ καὶ τοῦ Ἀκεσίνου. περὶ μὲν οὖν τῶν θηρίων τοσαῦτα λέγεται· ἐπανιόντες δ´ ἐπὶ τὸν Μεγασθένη λέγωμεν τὰ ἑξῆς ὧν ἀπελίπομεν.
| [15a,45] Puisqu'à propos des chasseurs {qui composent avec les pâtres la
troisième classe des habitants de l'Inde} nous avons cru devoir rappeler
ce que Mégasthène et les autres historiens racontent des animaux
eux-mêmes, complétons notre digression par les détails que voici. Néarque
s'étonne de la quantité de reptiles que nourrit l'Inde et de tout le mal
qu'ils peuvent faire, vu qu'à l'époque des inondations ils fuient en masse
loin des plaines, et que, remontant vers les différents centres de
population que l'eau ne doit pas atteindre, ils y envahissent jusqu'aux
habitations. C'est pour cette raison, ajoute Néarque, qu'on fait partout
les lits très hauts. Il arrive même souvent qu'une fois dans les maisons
ces reptiles y pullulent au point que les habitants prennent le parti de
les évacuer. Si même les eaux n'en détruisaient une bonne partie, le pays
tout entier ne serait bientôt plus qu'une vaste solitude, d'autant que ces
animaux sont tous également redoutables, les plus petits par la difficulté
où l'on est de se garer d'eux, les plus grands par leur taille et leur
force extraordinaire (on voit en effet dans l'Inde des vipères qui ont
jusqu'à seize coudées de long). Mais dans tout le pays circulent des
charmeurs de serpents qui excellent, dit-on, à guérir les blessures faites
par leurs morsures. C'est même là l'unique genre de médecine auquel les
Indiens aient recours : car, sobres comme ils sont, et s'abstenant
toujours de vin, ils sont sujets à très peu de maladies, et, quand par
hasard ils se sentent malades, ce sont les {gymno}sophistes qu'ils
appellent auprès d'eux pour les guérir. Aristobule avoue qu'il n'a pu
vérifier par lui-même les dimensions extraordinaires que la renommée
attribue à certains reptiles, il dit seulement avoir vu une vipère femelle
qui mesurait neuf coudées une spithame de longueur. Nous-même, étant en
Egypte, avons vu de nos yeux une vipère à peu près de même taille,
apportée de l'Inde précisément. Aristobule, en revanche, vit beaucoup de
vipères mâles et beaucoup d'aspics infiniment plus petits ; beaucoup de
scorpions aussi, ceux-là très grands. Mais, s'il faut l'en croire, aucun
de ces reptiles ne serait aussi incommode, aussi dangereux, que certains
petits serpents ou ophidiens longs d'une spithame tout au plus, car on
trouve ceux-ci cachés partout, sous les tentes, au fond des vases et dans
les haies, et leur morsure détermine une hémorragie générale, accompagnée
de vives douleurs et bientôt suivie de la mort, s'il ne se trouve pas là
quelqu'un tout prêt à porter secours. Le secours, du reste, est chose
facile, l'Inde produisant beaucoup de racines et de simples d'une grande
efficacité. Aristobule a constaté aussi la présence des crocodiles dans
l'Indus, mais il nie qu'ils soient très nombreux ni très dangereux pour
l'homme. Quant aux autres animaux que nourrissent les eaux de l'Indus, ce
sont tous les mêmes, suivant lui, que l'on retrouve dans le Nil,
l'hippopotame excepté. Encore Onésicrite prétend-il qu'on y trouve aussi
l'hippopotame. Enfin Aristobule fait remarquer qu'à l'exception de
l'alose, du muge et du dauphin, aucun poisson de mer ne remonte le Nil à
cause de la présence des crocodiles, tandis que les poissons de mer qui
remontent l'Indus sont en quantité innombrable, que les squilles notamment
le remontent en foule, les plus petites jusqu'à sa sortie des montagnes,
les plus grosses jusqu'à son confluent avec l'Acésine.
Mais nous en avons assez dit sur les animaux particuliers à l'Inde,
revenons à Mégasthène et reprenons la suite du passage que nous avions
interrompu.
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