[15a,37] Ἀρίστη δ´ ὁμολογεῖται πᾶσα ἡ τοῦ Ὑπάνιος πέραν·
οὐκ ἀκριβοῦνται δέ, ἀλλὰ διὰ τὴν ἄγνοιαν καὶ
τὸν ἐκτοπισμὸν λέγεται πάντ´ ἐπὶ τὸ μεῖζον ἢ τὸ τερατωδέστερον·
οἷα τὰ τῶν χρυσωρύχων μυρμήκων καὶ
ἄλλων θηρίων τε καὶ ἀνθρώπων ἰδιομόρφων καὶ δυνάμεσί τισιν ἐξηλλαγμένων, ὡς τοὺς Σῆρας μακροβίους φασὶ πέρα καὶ διακοσίων ἐτῶν παρατείνοντας.
λέγουσι δὲ καὶ ἀριστοκρατικήν τινα σύνταξιν πολιτείας
αὐτόθι ἐκ πεντακισχιλίων βουλευτῶν συνεστῶσαν, ὧν
ἕκαστον παρέχεσθαι τῷ κοινῷ ἐλέφαντα. καὶ τίγρεις δ´
ἐν τοῖς Πρασίοις φησὶν ὁ Μεγασθένης μεγίστους γίνεσθαι,
σχεδὸν δέ τι καὶ διπλασίους λεόντων, δυνατοὺς
δὲ ὥστε τῶν ἡμέρων τινὰ ἀγόμενον ὑπὸ τεττάρων τῷ
ὀπισθίῳ σκέλει δραξάμενον ἡμιόνου βιάσασθαι καὶ
ἑλκύσαι πρὸς ἑαυτόν. κερκοπιθήκους δὲ μείζους τῶν
μεγίστων κυνῶν, λευκοὺς πλὴν τοῦ προσώπου, τοῦτο
δ´ εἶναι μέλαν, παρ´ ἄλλοις δ´ ἀνάπαλιν· τὰς δὲ κέρκους
μείζους δυεῖν πηχέων· ἡμερωτάτους δὲ καὶ οὐ
κακοήθεις περὶ ἐπιθέσεις καὶ κλοπάς. λίθους δ´ ὀρύττεσθαι
λιβανόχρους γλυκυτέρους σύκων ἢ μέλιτος.
ἀλλαχοῦ δὲ διπήχεις ὄφεις ὑμενοπτέρους ὥσπερ αἱ
νυκτερίδες· καὶ τούτους δὲ νύκτωρ πέτεσθαι, σταλαγμοὺς
ἀφιέντας οὔρων, τοὺς δὲ ἱδρώτων, διασήποντας τὸν χρῶτα τοῦ μὴ φυλαξαμένου· καὶ σκορπίους εἶναι
πτηνούς, ὑπερβάλλοντας μεγέθεσι· φύεσθαι δὲ
καὶ ἔβενον· εἶναι δὲ καὶ κύνας ἀλκίμους, οὐ πρότερον
μεθιέντας τὸ δηχθὲν πρὶν εἰς τοὺς ῥώθωνας ὕδωρ
καταχυθῆναι· ἐνίους δ´ ὑπὸ προθυμίας ἐν τῷ δήγματι
διαστρέφεσθαι τοὺς ὀφθαλμούς, τοῖς δὲ καὶ ἐκπίπτειν,
κατασχεθῆναι δὲ καὶ λέοντα ὑπὸ κυνὸς καὶ ταῦρον, τὸν
δὲ ταῦρον καὶ ἀποθανεῖν κρατούμενον τοῦ ῥύγχους
πρότερον ἢ ἀφεθῆναι.
| [15a,37] On convient généralement que, dans tout le pays au delà de l'Hypanis,
le sol est d'une grande fertilité, mais les renseignements précis sur
cette contrée font absolument défaut. Pour suppléer à leur ignorance, les
historiens, encouragés d'ailleurs par l'extrême éloignement des lieux, ont
eu recours à l'exagération et aux plus monstrueuses fictions, témoin ce
qu'ils racontent des fourmis chercheuses d'or et de ces animaux, voire de
ces hommes, à figures étranges, doués de certaines qualités
extraordinaires, comme voilà les Sères macrobiens, qui sont censés
atteindre et dépasser deux cents ans de vie, témoin encore ce qu'ils nous
disent d'un Etat gouverné aristocratiquement par un sénat de 5000 membres
dont chaque membre est tenu de fournir un éléphant. Ajoutons que les
tigres, notamment ceux du pays des Prasii, sont décrits par Mégasthène
comme d'énormes animaux, deux fois grands comme des lions, ou peu s'en
faut, et tellement forts, qu'un jour l'un d'eux, apprivoisé et mené par
quatre hommes, aurait tiré à lui, malgré sa résistance, un mulet qu'il
avait attrapé rien qu'avec une de ses pattes de derrière. Les singes à
queue ou cercopithèques, toujours au dire de Mégasthène, sont ici plus
grands que les plus grands chiens, ils ont le corps tout blanc, sauf la
face, qui est noire (chez quelques individus, c'est l'inverse qui a lieu),
et leurs queues ont plus de deux coudées ; mais ce sont des animaux très
doux, qui n'ont aucun mauvais instinct, car ils n'attaquent pas l'homme et
ne volent jamais. Nous lisons encore dans Mégasthène que l'on tire de la
terre des pierres ayant la couleur de l'encens et une saveur plus douce
que les figues ou le miel ; - qu'il existe dans certains cantons des
serpents longs de deux coudées, pourvus d'ailes à membranes comme les
chauves-souris, et qui, comme elles, ne volent que la nuit, laissant alors
tomber des gouttes d'urine ou de sueur, qui, si l'on n'y prend garde,
peuvent faire venir sur la peau une espèce de gale ; - qu'il s'y trouve
aussi des scorpions ailés de dimensions extraordinaires ; - que la même
contrée produit l'ébène, et nourrit une race de chiens extrêmement forts
et ardents, auxquels on ne peut faire lâcher prise qu'en leur versant de
l'eau dans les narines, et qui même quelquefois font de tels efforts en
mordant et s'acharnent tellement, que leurs yeux se retournent et vont
jusqu'à saillir hors de leurs orbites. A ce propos-là même, Mégasthène
raconte comment un de ces chiens, à lui seul, arrêta un lion et un
taureau, et comment le taureau, tenu à la gorge par le chien, succomba
avant que le chien eût lâché prise.
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