[15a,34] Φησὶ δ´ Ὀνησίκριτος τὴν πλείστην παραλίαν τὴν
ταύτῃ πολὺ τὸ τεναγῶδες ἔχειν καὶ μάλιστα κατὰ τὰ
στόματα τῶν ποταμῶν διά τε τὴν χοῦν καὶ τὰς πλημμυρίδας
καὶ τὸ μὴ πνεῖν ἀπογαίους ἀλλ´ ὑπὸ τῶν πελαγίων ἀνέμων
κατέχεσθαι τούτους τοὺς τόπους τὸ
πλέον. λέγει δὲ καὶ περὶ τῆς Μουσικανοῦ χώρας ἐπὶ
πλέον ἐγκωμιάζων αὐτήν, ὧν τινα κοινὰ καὶ ἄλλοις
Ἰνδοῖς ἱστόρηται, ὡς τὸ μακρόβιον ὥστε καὶ τριάκοντα
ἐπὶ τοῖς ἑκατὸν προσλαμβάνειν (καὶ γὰρ τοὺς Σῆρας
ἔτι τούτων μακροβιωτέρους τινές φασι) καὶ τὸ λιτόβιον
καὶ τὸ ὑγιεινόν, καίπερ τῆς χώρας ἀφθονίαν ἁπάντων
ἐχούσης. ἴδιον δὲ τὸ συσσίτιά τινα Λακωνικὰ αὐτοῖς
εἶναι δημοσίᾳ σιτουμένων ὄψα δ´ ἐκ θήρας ἐχόντων,
καὶ τὸ χρυσῷ μὴ χρῆσθαι μηδ´ ἀργύρῳ μετάλλων ὄντων,
καὶ τὸ ἀντὶ δούλων τοῖς ἐν ἀκμῇ χρῆσθαι νέοις,
ὡς Κρῆτες μὲν τοῖς Ἀφαμιώταις Λάκωνες δὲ τοῖς Εἴλωσι·
μὴ ἀκριβοῦν δὲ τὰς ἐπιστήμας πλὴν ἰατρικῆς·
ἐπί τινων γὰρ κακουργίαν εἶναι τὴν ἐπὶ πλέον ἄσκησιν,
οἷον ἐπὶ τῆς πολεμικῆς καὶ τῶν ὁμοίων· δίκην δὲ μὴ
εἶναι πλὴν φόνου καὶ ὕβρεως· οὐκ ἐπ´ αὐτῷ γὰρ τὸ
μὴ παθεῖν ταῦτα, τὰ δ´ ἐν τοῖς συμβολαίοις ἐπ´ αὐτῷ
ἑκάστῳ, ὥστε ἀνέχεσθαι δεῖ ἐάν τις παραβῇ τὴν πίστιν,
ἀλλὰ καὶ προσέχειν ὅτῳ πιστευτέον, καὶ μὴ δικῶν πληροῦν
τὴν πόλιν.
Ταῦτα μὲν οἱ μετ´ Ἀλεξάνδρου στρατεύσαντες λέγουσιν.
| [15a,34] Onésicrite nous représente cette partie du littoral de l'Inde comme
semée de bas-fonds principalement aux embouchures des fleuves, par suite
des atterrissements de ces mêmes fleuves, du mouvement des marées et de
l'absence des vents de terre, l'action des vents de mer étant généralement
prédominante dans ces parages. Le même historien s'étend longuement et
avec complaisance sur le nome ou territoire de Musicân, mais beaucoup des
traits qu'il relève dans cette espèce de panégyrique sont communs aussi,
paraît-il, à d'autres parties de l'Inde : la longévité par exemple, car,
s'il est arrivé que des Musicâniens soient morts ayant atteint l'âge de
130 ans, on prétend cependant avoir observé chez les Sères des cas de
longévité encore plus grande ; la sobriété est dans le même cas, voire
cette hygiène soi-disant exemplaire au sein de la plus plantureuse
abondance. Ce qui, en revanche, semble appartenir en propre aux
Musicâniens, c'est cet usage des syssities ou repas publics analogues à
ceux de Lacédémone et alimentés par la mise en commun des produits de la
chasse, cet autre usage de se passer absolument d'or et d'argent malgré la
présence de mines dans le pays, l'usage aussi de n'avoir pour esclaves que
de jeunes garçons à la fleur de l'âge rappelant les Aphamiotes de Crète et
les Hilotes de Sparte, l'indifférence absolue pour toutes les sciences, la
médecine exceptée, sous prétexte que l'homme fait mal en s'appliquant trop
à certains arts, à l'art militaire par exemple et à d'autres semblables,
l'ignorance enfin des procès, si ce n'est pour meurtre et pour violence,
nul n'étant maître soi-disant de se préserver du meurtre et de la
violence, tandis que, dans les contrats et marchés, où chacun peut veiller
sur soi, on doit supporter sans mot dire les manquements de foi dont on a
été victime, mais faire bien attention à qui se fier désormais pour éviter
de remplir la ville de querelles et de procès. - Voilà ce que nous
apprennent les amis et compagnons d'armes d'Alexandre.
|