[15a,35] ἐκδέδοται δέ τις καὶ Κρατεροῦ πρὸς τὴν μητέρα
Ἀριστοπάτραν ἐπιστολὴ πολλά τε ἄλλα παράδοξα
φράζουσα καὶ οὐχ ὁμολογοῦσα οὐδενὶ καὶ δὴ καὶ τὸ
μέχρι τοῦ Γάγγου προελθεῖν τὸν Ἀλέξανδρον· αὐτός
τέ φησιν ἰδεῖν τὸν ποταμὸν καὶ * κήτη τὰ ἐπ´ αὐτῷ καὶ
μέγεθος καὶ πλάτους καὶ βάθους πόρρω πίστεως μᾶλλον
ἢ ἐγγύς. ὅτι μὲν γὰρ μέγιστος τῶν μνημονευομένων
κατὰ τὰς τρεῖς ἠπείρους καὶ μετ´ αὐτὸν ὁ Ἰνδός,
τρίτος δὲ καὶ τέταρτος ὁ Ἴστρος καὶ ὁ Νεῖλος, ἱκανῶς
συμφωνεῖται· τὰ καθ´ ἕκαστα δ´ ἄλλοι ἄλλως περὶ
αὐτοῦ λέγουσιν, οἱ μὲν τριάκοντα σταδίων τοὐλάχιστον
πλάτος οἱ δὲ καὶ τριῶν, Μεγασθένης δέ, ὅταν ᾖ μέτριος,
καὶ εἰς ἑκατὸν εὐρύνεσθαι, βάθος δὲ εἴκοσιν ὀργυιῶν
τοὐλάχιστον.
| [15a,35] Ajoutons qu'on a publié aussi une lettre de Cratère à sa mère
Aristopatra, qui contient beaucoup d'allégations fort étranges, et en
contradiction avec tous les autres témoignages connus, celle-ci notamment
qu'Alexandre aurait poussé sa marche victorieuse jusqu'au Gange. Cratère
prétend même avoir vu ce fleuve et les cétacés ou poissons énormes qu'il
nourrit ; et il donne en outre sur la longueur de son cours, sur sa
largeur, sur sa profondeur, des détails de telle nature, qu'on se sent, en
les lisant, moins porté à croire qu'à douter. Que le Gange, en effet, soit
le plus grand des fleuves connus dans les trois continents, que l'Indus
soit le plus grand après lui, que l'Ister vienne en troisième et le Nil en
quatrième, personne n'y contredit ; mais, quand on passe aux détails que
nous indiquions tout à l'heure, on trouve que les témoignages ne
s'accordent plus du tout, les uns attribuant au fleuve 30 stades, et les
autres 3 stades seulement de largeur minimum, et Mégasthène, d'autre
part, lui prêtant, avec une largeur moyenne de 100 stades, 20 orgyes de
profondeur au minimum.
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