[15a,28] Μεταξὺ δὲ τοῦ Ἰνδοῦ καὶ τοῦ Ὑδάσπου Τάξιλα
ἔστι πόλις μεγάλη καὶ εὐνομωτάτη, καὶ ἡ περικειμένη
χώρα συχνὴ καὶ σφόδρα εὐδαίμων, ἤδη συνάπτουσα
καὶ τοῖς πεδίοις. ἐδέξαντό τε δὴ φιλανθρώπως τὸν
Ἀλέξανδρον οἱ ἄνθρωποι καὶ ὁ βασιλεὺς αὐτῶν Ταξίλης·
ἔτυχόν τε πλειόνων ἢ αὐτοὶ παρέσχον, ὥστε φθονεῖν τοὺς Μακεδόνας καὶ λέγειν ὡς οὐκ εἶχεν, ὡς ἔοικεν, Ἀλέξανδρος οὓς εὐεργετήσει
πρὶν ἢ διέβη τὸν Ἰνδόν. φασὶ δ´ εἶναί τινες τὴν χώραν ταύτην Αἰγύπτου
μείζονα. ὑπὲρ δὲ ταύτης ἐν τοῖς ὄρεσιν ἡ τοῦ Ἀβισάρου χώρα, παρ´ ᾧ δύο
δράκοντας ἀπήγγελλον οἱ παρ´ αὐτοῦ πρέσβεις τρέφεσθαι, τὸν μὲν ὀγδοήκοντα πηχῶν τὸν δὲ τετταράκοντα πρὸς τοῖς ἑκατόν, ὡς εἴρηκεν Ὀνησίκριτος, ὃν οὐκ Ἀλεξάνδρου μᾶλλον ἢ τῶν παραδόξων ἀρχικυβερνήτην προσείποι τις ἄν. πάντες μὲν γὰρ οἱ περὶ Ἀλέξανδρον τὸ θαυμαστὸν ἀντὶ τἀληθοῦς ἀπεδέχοντο μᾶλλον, ὑπερβάλλεσθαι δὲ δοκεῖ τοὺς τοσούτους ἐκεῖνος τῇ τερατολογίᾳ· λέγει δ´ οὖν
τινα καὶ πιθανὰ καὶ μνήμης ἄξια ὥστε καὶ ἀπιστοῦντα
μὴ παρελθεῖν αὐτά. περὶ δ´ οὖν τῶν δρακόντων καὶ
ἄλλοι λέγουσιν ὅτι ἐν τοῖς Ἠμωδοῖς ὄρεσι θηρεύουσι
καὶ τρέφουσιν ἐν σπηλαίοις.
| [15a,28] Entre l'Indus et l'Hydaspe est la ville de Taxila, cité aussi
spacieuse que bien administrée, autour de laquelle s'étend une contrée
populeuse d'une extrême richesse qui déjà touche aux plaines. C'est avec
le plus grand empressement que les Taxiliens et leur roi Taxilès
accueillirent Alexandre, mais, comme ils reçurent de lui plus encore
qu'ils ne lui avaient donné, les Macédoniens jaloux en prirent occasion de
dire que leur roi, apparemment, avant d'avoir passé l'Indus, n'avait
trouvé personne qui fût digne de ses bienfaits. Quelques auteurs font ce
royaume plus grand que l'Egypte. Au-dessus, en pleine montagne, est le
royaume dit d'Abisar en souvenir du prince de ce nom, le même qui, au dire
de ses ambassadeurs, nourrissait deux énormes serpents, mesurant de
longueur l'un 80 coudées, l'autre 140. Mais c'est Onésicrite qui rapporte
le fait, et l'on peut dire que l'archikybernète de la flotte d'Alexandre
était avant tout un archi-menteur, et que, si les amis et compagnons du
conquérant, en général, ont dans leurs récits accueilli plus volontiers ce
qui était de nature à étonner que ce qui était exact et vrai, Onésicrite
par son goût du merveilleux semble les surpasser tous. Il lui arrive
pourtant, quelquefois, disons-le, de relater des faits intéressants et qui
ont un air de vraisemblance, et qu'à cause de cela celui-là même qui
n'aurait pas en lui l'ombre de confiance ne saurait passer sous silence.
Il n'est pas seul du reste à avoir parlé des serpents d'Abisar, et
d'autres historiens nous apprennent que c'est dans les monts Emodes qu'on
prend ces serpents monstrueux et qu'une fois pris on les nourrit dans des
cavernes.
|