[15a,29] Μεταξὺ δὲ τοῦ Ὑδάσπου καὶ τοῦ Ἀκεσίνου ἥ τε
τοῦ Πώρου ἐστί, πολλὴ καὶ ἀγαθή, σχεδόν τι καὶ τριακοσίων πόλεων, καὶ ἡ πρὸς τοῖς Ἠμωδοῖς ὄρεσιν ὕλη,
ἐξ ἧς Ἀλέξανδρος κατήγαγε τῷ Ὑδάσπῃ κόψας ἐλάτην
τε πολλὴν καὶ πεύκην καὶ κέδρον καὶ ἄλλα παντοῖα
στελέχη ναυπηγήσιμα, ἐξ ὧν στόλον κατεσκευάσατο
ἐπὶ τῷ Ὑδάσπῃ πρὸς ταῖς ἐκτισμέναις ὑπ´ αὐτοῦ πόλεσιν
ἐφ´ ἑκάτερα τοῦ ποταμοῦ, ὅπου τὸν Πῶρον ἐνίκα
διαβάς· ὧν τὴν μὲν Βουκεφαλίαν ὠνόμασεν ἀπὸ τοῦ
πεσόντος ἵππου κατὰ τὴν μάχην τὴν πρὸς τὸν Πῶρον
(ἐκαλεῖτο δὲ Βουκεφάλας ἀπὸ τοῦ πλάτους τοῦ μετώπου·
πολεμιστὴς δ´ ἦν ἀγαθός, καὶ ἀεὶ τούτῳ ἐκέχρητο κατὰ
τοὺς ἀγῶνας), τὴν δὲ Νίκαιαν ἀπὸ τῆς νίκης ἐκάλεσεν.
ἐν δὲ τῇ λεχθείσῃ ὕλῃ καὶ τὸ τῶν κερκοπιθήκων διηγοῦνται πλῆθος ὑπερβάλλον καὶ τὸ μέγεθος ὁμοίως·
ὥστε τοὺς Μακεδόνας ποτὲ ἰδόντας ἔν
τισιν ἀκρολοφίαις ψιλαῖς ἑστῶτας ἐν τάξει κατὰ μέτωπον
πολλοὺς (καὶ γὰρ ἀνθρωπονούστατον εἶναι τὸ
ζῷον, οὐχ ἧττον τῶν ἐλεφάντων) στρατοπέδου λαβεῖν
φαντασίαν καὶ ὁρμῆσαι μὲν ἐπ´ αὐτοὺς ὡς πολεμίους,
μαθόντας δὲ παρὰ Ταξίλου συνόντος τότε τῷ βασιλεῖ
τὴν ἀλήθειαν παύσασθαι. ἡ δὲ θήρα τοῦ ζῴου διττή·
μιμητικὸν δὲ καὶ ἐπὶ τὰ δένδρα ἀναφευκτικόν· οἱ οὖν
θηρεύοντες, ἐπὰν ἴδωσιν ἐπὶ δένδρων ἱδρυμένον, ἐν
ὄψει θέντες τρύβλιον ὕδωρ ἔχον τοὺς ἑαυτῶν ὀφθαλμοὺς
ἐναλείφουσιν ἐξ αὐτοῦ· εἶτ´ ἀντὶ τοῦ ὕδατος ἰξοῦ
τρύβλιον θέντες ἀπίασι καὶ λοχῶσι πόρρωθεν· ἐπὰν
δὲ καταπηδῆσαν τὸ θηρίον ἐγχρίσηται τοῦ ἰξοῦ,
καταμύσαντος δ´ ἀποληφθῇ τὰ βλέφαρα, ἐπιόντες ζωγροῦσιν.
εἷς μὲν οὖν τρόπος οὗτος, ἄλλος δέ· ὑποδυσάμενοι θυλάκους ὡς ἀναξυρίδας ἀπίασιν, ἄλλους καταλιπόντες δασεῖς τὰ ἐντὸς κεχρισμένους ἰξῷ· ἐνδύντας δὲ εἰς αὐτοὺς ῥᾳδίως αἱροῦσι.
| [15a,29] Un autre royaume dit de Porus, grand et riche pays pouvant contenir
jusqu'à trois cents villes, s'étend entre l'Hydaspe et l'Acésine. Il en
est de même de cette forêt voisine des monts Emodes dans laquelle
Alexandre fit couper, pour les diriger ensuite sur l'Hydaspe, les sapins,
pins, cèdres et autres bois nécessaires à la construction de sa flotte.
C'est en effet sur les bords de l'Hydaspe qu'il procéda à ce grand travail
: il était là à portée de deux villes fondées par lui à droite et à gauche
du fleuve, juste à la hauteur de l'endroit où il l'avait passé pour aller
battre Porus. De ces deux villes il avait appelé l'une Bucéphalie, en
l'honneur du cheval tué sous lui dans la bataille contre Porus. Bucéphale
(on lui avait donné ce nom à cause de son large front) était un vrai
cheval de guerre, et Alexandre dans toutes les batailles qu'il avait
livrées n'en avait jamais monté d'autre. Quant à la deuxième ville, il
l'avait appelée Nicea pour rappeler sa victoire sur Porus. Cette même
forêt passe pour être habitée par des cercopithèques ou singes à queue, et
les détails que donnent les historiens tant sur le nombre que sur la
taille de ces animaux sont également extraordinaires. Ils racontent, par
exemple, qu'un jour un détachement macédonien aperçut au haut de collines
pelées et nues toute une armée de ces singes qui le regardaient venir
rangés en bon ordre (on sait que le singe est avec l'éléphant l'animal qui
se rapproche le plus de l'homme pour l'intelligence), les Macédoniens y
furent trompés et les prirent pour des ennemis, au point qu'ils allaient
les charger, quand le roi Taxilès qui accompagnait alors Alexandre les
avertit de leur erreur et les arrêta. La chasse au singe se fait de deux
manières : comme cet animal est de sa nature très imitateur, et que,
d'autre part, il est très prompt à s'enfuir au haut des arbres, les
chasseurs ont pour habitude, quand ils le voient tranquillement assis sur
les branches d'un arbre, d'apporter en vue de cet arbre un seau rempli
d'eau, dans lequel ils font mine de puiser pour se baigner ensuite et
s'humecter les yeux, après quoi, ils remplacent le seau d'eau par un pot
de même forme et tout rempli de glu et s'éloignant se tiennent aux aguets.
Le singe saute à bas de l'arbre et s'enduit les yeux de glu, et, comme la
glu s'attache à ses paupières et l'empêche d'y voir les chasseurs
accourent et le prennent vivant. C'est là le premier moyen. Voici en quoi
consiste le second : les chasseurs se passent aux jambes en guise de
chausses de grands sacs, puis s'en vont laissant à terre d'autres sacs
semblables garnis de poils et enduits de glu à l'intérieur, les singes
naturellement essayent de les chausser et sont pris ensuite le plus
facilement du monde.
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