[15a,24] Τοῦτο δ´ οἱ μὲν περὶ Ἀριστόβουλον οὐκ ἂν συγχωροῖεν
οἱ φάσκοντες μὴ ὕεσθαι τὰ πεδία. Ὀνησικρίτῳ
δὲ δοκεῖ τόδε τὸ ὕδωρ αἴτιον εἶναι τῶν ἐν τοῖς ζῴοις
ἰδιωμάτων, καὶ φέρει σημεῖον τὸ καὶ τὰς χρόας τῶν
πινόντων βοσκημάτων ξενικῶν ἀλλάττεσθαι πρὸς τὸ
ἐπιχώριον. τοῦτο μὲν οὖν εὖ, οὐκέτι δὲ καὶ {τὸ} τοῦ
μέλανας εἶναι καὶ οὐλότριχας τοὺς Αἰθίοπας ἐν ψιλοῖς
τοῖς ὕδασι τὴν αἰτίαν τιθέναι, μέμφεσθαι δὲ τὸν Θεοδέκτην
εἰς αὐτὸν τὸν ἥλιον ἀναφέροντα τὸ αἴτιον, ὅς
φησιν οὕτως „οἷς ἀγχιτέρμων ἥλιος διφρηλατῶν σκοτεινὸν
ἄνθος ἐξέχρωσε λιγνύος εἰς σώματ´ ἀνδρῶν,
„καὶ συνέστρεψεν κόμας μορφαῖς ἀναυξήτοισι συν„τήξας πυρός.“
ἔχοι δ´ ἄν τινα λόγον· φησὶ γὰρ μήτε
ἐγγυτέρω τοῖς Αἰθίοψιν εἶναι τὸν ἥλιον ἢ τοῖς ἄλλοις,
ἀλλὰ μᾶλλον κατὰ κάθετον εἶναι, καὶ διὰ τοῦτο ἐπικαίεσθαι πλέον, ὥστ´ οὐκ εὖ λέγεσθαι ἀγχιτέρμονα αὐτοῖς τὸν ἥλιον ἴσον πάντων διέχοντα· μήτε τὸ θάλπος
εἶναι τοῦ τοιούτου πάθους αἴτιον· μηδὲ γὰρ τοῖς ἐν
γαστρί, ὧν οὐχ ἅπτεται ἥλιος. βελτίους δὲ οἱ τὸν ἥλιον
αἰτιώμενοι καὶ τὴν ἐξ αὐτοῦ ἐπίκαυσιν κατ´ ἐπίλειψιν
σφοδρὰν τῆς ἐπιπολῆς ἰκμάδος· καθ´ ὃ καὶ τοὺς Ἰνδοὺς
μὴ οὐλοτριχεῖν φαμεν, μηδ´ οὕτως ἀπεφεισμένως ἐπικεκαῦσθαι
τὴν χρόαν, ὅτι ὑγροῦ κοινωνοῦσιν
ἀέρος. ἐν δὲ τῇ γαστρὶ ἤδη κατὰ σπερματικὴν διάδοσιν
τοιαῦτα γίνεται οἷα τὰ γεννῶντα· καὶ γὰρ πάθη συγγενικὰ
οὕτω λέγεται καὶ ἄλλαι ὁμοιότητες. καὶ τὸ πάντων δ´ ἴσον
ἀπέχειν τὸν ἥλιον πρὸς αἴσθησιν λέγεται,
οὐ πρὸς λόγον· καὶ πρὸς αἴσθησιν, οὐχ ὡς ἔτυχεν ἀλλ´
ὥς φαμεν σημείου λόγον ἔχειν τὴν γῆν πρὸς τὴν τοῦ
ἡλίου σφαῖραν· ἐπεὶ πρός γε τὴν τοιαύτην αἴσθησιν
καθ´ ἣν θάλπους ἀντιλαμβανόμεθα, ἐγγύθεν μὲν
μᾶλλον πόρρωθεν δὲ ἧττον, οὐκ ἴσον· οὕτω δ´ ἀγχιτέρμων
ὁ ἥλιος λέγεται τοῖς Αἰθίοψιν, οὐχ ὡς Ὀνησικρίτῳ δέδοκται.
| [15a,24] Aristobule, lui, n'accorderait point cette dernière circonstance,
puisqu'il nie qu'il pleuve jamais dans les plaines de l'Inde. Mais, pour
Onésicrite, c'est l'eau, et l'eau des pluies notamment, qui paraît être la
cause des caractères particuliers qui distinguent les animaux de cette
contrée, et la preuve qu'il en donne, c'est que le bétail étranger qui en
boit ne tarde pas à perdre sa couleur propre pour prendre celle du bétail
indigène.
Certes l'argument en soi est valable, mais ce qui ne l'est plus, c'est de
prétendre attribuer aussi aux eaux, rien qu'aux eaux, la couleur noire des
Ethiopiens et la nature crépue de leurs cheveux, et de faire un reproche à
Théodecte de ce qu'il a, dans les vers suivants, transporté au soleil
lui-même la vertu que lui, Onésicrite, réserve aux eaux :
«Le char du soleil, en passant si près d'eux (Théodecte parle des
Ethiopiens), répand sur leur peau le sombre éclat de la suie, et, par
l'ardeur torride de ses feux, il arrête leur chevelure dans sa croissance
et la fait se replier, s'enrouler sur elle-même».
Non que la critique d'Onésicrite n'offre ici encore quelque chose de
spécieux : il fait remarquer, par exemple, qu'il n'est pas vrai que le
soleil passe plus près des Ethiopiens que des autres peuples de la terre,
que tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il tombe sur eux plus d'aplomb que
sur les autres et les brûle par conséquent davantage, que le poète a donc
eu tort d'appliquer au soleil cette épithète d'agchitermôn, puisque le
soleil est également distant de tous les points de la terre. L'excès de la
chaleur ne saurait être non plus, suivant lui, la cause du phénomène en
question, car l'effet en est inapplicable aux enfants qui sont encore dans
le ventre de leurs mères, et à l'abri par conséquent des rayons du soleil.
Nous donnons néanmoins raison contre lui à ceux qui reconnaissent pour
cause unique du phénomène le soleil et l'intensité de ses feux, laquelle
enlève toute humidité à la surface de la peau. Nous dirons même que, si
les Indiens n'ont point les cheveux crépus, si la couleur de leur peau
n'est pas d'un noir aussi foncé, c'est précisément parce qu'ils respirent
un air encore imprégné de quelque humidité. Que si les enfants,
maintenant, déjà dans le ventre de leurs mères, sont semblables à leurs
parents, la cause en est toute à la vertu transmissive du sperme : les cas
de maladies héréditaires et toutes les autres ressemblances de famille
n'ont point d'autre explication. Quant à dire, enfin, que le soleil est à
égale distance de tous les points de la terre, c'est là une de ces
propositions qui paraissent vraies à ne consulter que les sens, mais qui
n'ont rien de rigoureux aux yeux de la raison. Il semble même qu'au point
de vue de nos sens elle n'offre qu'une apparence trompeuse et n'ait pas
plus de valeur en somme que cette autre proposition que «la terre n'est
qu'un point par rapport à la sphère solaire». Consultons en effet celui de
nos sens à qui nous devons la sensation de la chaleur, il est notoire que
la chaleur ressentie est plus ou moins forte, suivant que l'on est plus ou
moins près du corps qui la donne, mais que dans les deux cas la chaleur ne
saurait être égale ; or Théodecte n'a pas entendu dire autre chose en
disant que le soleil était g-agchitermôn, par rapport aux Ethiopiens, et
Onésicrite s'est trompé en interprétant ce mot autrement.
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