[1,3,1] 1. Οὐδὲ τοῦτ' εὖ Ἐρατοσθένης, ὅτι ἀνδρῶν οὐκ ἐξίων μνήμης ἐπὶ
πλέον μέμνηται, τὰ μὲν ἐλέγχων, τὰ δὲ πιστεύων καὶ μάρτυσι χρώμενος
αὐτοῖς, οἷον Δαμάστῃ καὶ τοιούτοις ἄλλοις. Καὶ γὰρ εἴ τι λέγουσιν
ἀληθές, οὐ μάρτυσί γε ἐκείνοις χρηστέον περὶ αὐτοῦ, οὐδὲ πιστευτέον
διὰ τοῦτο· ἀλλ' ἐπὶ τῶν ἀξιολόγων ἀνδρῶν μόνων τῷ τοιούτῳ τρόπῳ
χρηστέον, οἳ πολλὰ μὲν εἰρήκασιν εὖ, πολλὰ δὲ καὶ παραλελοίπασιν ἢ
οὐχ ἱκανῶς ἐξεῖπον, οὐδὲν δ' ἐψευσμένως. Ὁ δὲ Δαμάστῃ χρώμενος
μάρτυρι οὐδὲν διαφέρει τοῦ καλοῦντος μάρτυρα τὸν Βεργαῖον
Εὐήμερον καὶ τοὺς ἄλλους, οὓς αὐτὸς εἴρηκε διαβάλλων τὴν
φλυαρίαν. Καὶ τούτου δ' ἕνα τῶν λήρων αὐτὸς λέγει, τὸν μὲν Ἀράβιον
κόλπον λίμνην ὑπολαμβάνοντος εἶναι, Διότιμον δὲ τὸν Στρομβίχου
πρεσβείας Ἀθηναίων ἀφηγούμενον διὰ τοῦ Κύδνου ἀναπλεῦσαι ἐκ
τῆς Κιλικίας ἐπὶ τὸν Χοάσπην ποταμόν, ὃς παρὰ τὰ Σοῦσα ῥεῖ, καὶ
ἀφικέσθαι τετταρακοσταῖον εἰς Σοῦσα· ταῦτα δ' αὐτῷ διηγήσασθαι
αὐτὸν τὸν Διότιμον. Εἶτα θαυμάζειν εἰ τὸν εὐφράτην καὶ τὸν Τίγριν ἦν
δυνατὸν διακόψαντα τὸν Κύδνον εἰς τὸν Χοάσπην ἐκβαλεῖν.
| [1,3,1] CHAPITRE III.
1. Un autre tort d'Ératosthène est de citer trop souvent, soit qu'il les
réfute, soit qu'il accepte leur témoignage et qu'il s'en serve, des écrivains
qui ne méritent au fond que l'oubli, un Damaste, par exemple, et ses
pareils, tous gens que, même pour ce qu'il y a de vrai dans leurs livres,
on ne devrait jamais ni citer ni croire. Les seuls témoignages, en effet, qui
puissent faire autorité, sont ceux d'écrivains recommandables,
habituellement exacts, ou qui, s'il leur arrive parfois de passer les choses
sous silence ou d'en parler trop brièvement, ne cherchent du moins
jamais à tromper. Mais le témoignage de Damaste ! Autant vaudrait citer
celui du Bergéen {ou celui du Messénien} Evhémère et de tant
d'autres comme lui, dont Ératosthène tout le premier dénonce et raille le
bavardage frivole. Lui-même nous fait connaître un des sots contes que
ce Damaste a débités, quand il nous le montre faisant un lac du golfe
Arabique, et racontant comme quoi Diotime, fils de Strombichos, à la tête
d'une ambassade athénienne, avait pu, en remontant le Cydnus depuis la
Cilicie jusqu'au Choaspe, fleuve qui passe à Suses, atteindre cette ville
en quarante jours : il tenait le fait soi-disant de Diotime en personne, et là-
dessus il s'extasiait que le Cydnus pût ainsi couper et l'Euphrate et le
Tigre pour aller se jeter dans le Choaspe !
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