| [1,3,2] Οὐ μόνον δὲ ταῦτ' ἄν τις ἐπισημήναιτο, ἀλλ' ὅτι καὶ περὶ τῶν τόπων 
οὐδὲ καθ' ἑαυτόν πω γνώριμα εἶναί φησι τὰ καθ' ἕκαστα 
ἀκριβολογούμενα, καὶ κελεύσας ἡμῖν μὴ ῥᾳδίως τοῖς τυχοῦσι 
πιστεύειν, καὶ τὰς αἰτίας διὰ μακρῶν ἀποδοὺς δι' ἃς οὐδὲ πιστευτέον, 
οἷον περὶ τῶν κατὰ τὸν Πόντον καὶ τὸν Ἀδρίαν, αὐτὸς ἐπίστευσε τοῖς 
τυχοῦσι. Τοιγάρτοι τὸν μὲν Ἰσσικὸν κόλπον ἐπίστευσεν ἑωθινώτατον 
τῆς καθ' ἡμᾶς θαλάττης σημεῖον, τοῦ κατὰ Διοσκουριάδα τὴν ἐν τῷ 
τοῦ Πόντου μυχῷ σχεδόν τι καὶ τρισχιλίοις σταδίοις ἑωθινωτέρου 
ὄντος καὶ κατ' αὐτὸν ἐκ τοῦ σταδιασμοῦ οὗ φησί· τοῦ τε Ἀδρίου καὶ τὰ 
ἀρκτικὰ καὶ τὰ ἔσχατα διεξιὼν οὐδενὸς ἀπέχεται μυθώδους. 
Πεπίστευκε δὲ καὶ περὶ τῶν ἔξω στηλῶν Ἡρακλείων πολλοῖς 
μυθώδεσι, Κέρνην τε νῆσον καὶ ἄλλους τόπους ὀνομάζων τοὺς 
μηδαμοῦ νυνὶ δεικνυμένους, περὶ ὧν μνησθησόμεθα καὶ ὕστερον. 
Εἰπών τε τοὺς ἀρχαιοτάτους πλεῖν καὶ κατὰ λῃστείαν ἢ ἐμπορίαν, μὴ 
πελαγίζειν δέ, ἀλλὰ παρὰ γῆν, καθάπερ τὸν Ἰάσονα, ὅνπερ καὶ μέχρι 
τῆς Ἀρμενίας καὶ Μηδίας ἐκ τῶν Κόλχων στρατεῦσαι ἀφέντα τὰς 
ναῦς, ὕστερόν φησι τὸ παλαιὸν οὔτε τὸν Εὔξεινον θαρρεῖν τινα πλεῖν 
οὔτε παρὰ Λιβύην καὶ Συρίαν καὶ Κιλικίαν. Εἰ μὲν οὖν τοὺς πάλαι τοὺς 
πρὸ τῆς ἡμετέρας λέγει μνήμης, οὐδὲν ἐμοὶ μέλει περὶ ἐκείνων λέγειν, 
οὔτ' εἰ ἔπλεον, οὔτ' εἰ μή. Εἰ δὲ περὶ τῶν μνημονευομένων, οὐκ ἂν 
ὀκνήσαι τις εἰπεῖν ὡς οἱ παλαιοὶ μακροτέρας ὁδοὺς φανοῦνται καὶ 
κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν τελέσαντες τῶν ὕστερον, εἰ χρὴ 
προσέχειν τοῖς λεγομένοις· οἷον Διόνυσος καὶ Ἡρακλῆς καὶ αὐτὸς ὁ 
Ἰάσων, ἔτι δ' οἱ ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ λεγόμενοι Ὀδυσσεὺς καὶ Μενέλαος. 
Καὶ Θησέα δὲ καὶ Πειρίθουν μακρὰς εἰκός ἐστι στρατείας 
ὑπομείναντας καταλιπεῖν δόξαν περὶ ἑαυτῶν ὡς εἰς Ἅιδου 
καταβάντας, τοὺς δὲ Διοσκούρους ἐπιμελητὰς τῆς θαλάττης λεχθῆναι 
καὶ σωτῆρας τῶν πλεόντων. Ἥ τε Μίνω θαλαττοκρατία θρυλεῖται καὶ 
ἡ Φοινίκων ναυτιλία, οἳ καὶ τὰ ἔξω τῶν Ἡρακλείων στηλῶν ἐπῆλθον 
καὶ πόλεις ἔκτισαν κἀκεῖ καὶ περὶ τὰ μέσα τῆς Λιβύης παραλίας 
μικρὸν τῶν Τρωικῶν ὕστερον. Αἰνείαν δὲ καὶ Ἀντήνορα καὶ Ἐνετοὺς 
καὶ ἁπλῶς τοὺς ἐκ τοῦ Τρωικοῦ πολέμου πλανηθέντας εἰς πᾶσαν τὴν 
οἰκουμένην ἄξιον μὴ τῶν παλαιῶν ἀνθρώπων νομίσαι; Συνέβη γὰρ δὴ 
τοῖς τότε Ἕλλησιν ὁμοίως καὶ τοῖς βαρβάροις διὰ τὸν τῆς στρατείας 
χρόνον ἀποβαλεῖν τά τε ἐν οἴκῳ καὶ τῇ στρατείᾳ πορισθέντα· ὥστε 
μετὰ τὴν τοῦ Ἰλίου καταστροφὴν τούς τε νικήσαντας ἐπὶ λῃστείαν 
τραπέσθαι διὰ τὰς ἀπορίας καὶ πολὺ μᾶλλον τοὺς ἡττηθέντας καὶ 
περιγενομένους ἐκ τοῦ πολέμου. Καὶ δὴ καὶ πόλεις ὑπὸ τούτων 
πλεῖσται κτισθῆναι λέγονται κατὰ πᾶσαν τὴν ἔξω τῆς Ἑλλάδος 
παραλίαν, ἔστι δ' ὅπου καὶ τὴν μεσόγαιαν. 
 | [1,3,2] 2. Mais cette critique n'est pas la seule qu'on puisse adresser ici à 
Ératosthène : on peut lui reprocher encore d'avoir, en parlant des 
différentes mers, présenté comme encore inexplorés de son temps des 
parages qui, au contraire, avaient été déjà visités et décrits avec une 
minutieuse exactitude; d'avoir aussi, lui qui nous engage à ne pas 
accepter trop aisément la première autorité venue, et qui nous déduit tout 
au long les motifs d'une pareille défiance en citant comme exemple tout 
ce qui se débite de fables sur le Pont et l'Adriatique, d'avoir, dis-je, plus 
d'une fois lui-même accepté de confiance le témoignage du premier venu. 
N'admet-il pas ainsi, sur la foi d'autrui, que le golfe d'Issus représente le 
point le plus oriental de notre mer, quand Dioscurias, au fond du Pont-Euxin, 
est d'après lui-même, d'après le Stadiasme, qu'il a lui-même 
dressé et calculé, de près de trois mille stades plus avancé vers l'est? Et 
dans sa description de la partie septentrionale ou partie extrême de 
l'Adriatique n'admet-il pas également toutes les fables imaginables? Ne 
se montre-t-il pas tout aussi crédule pour ce qu'on a pu dire de la région 
située au delà des colonnes d'Hercule, signalant dans ces parages 
lointains une île Cerné et mainte autre terre, qui ne se retrouvent plus 
aujourd'hui nulle part, comme on le verra, quand nous en reparlerons 
dans 1a suite? Autre critique : après avoir dit en certain endroit que, dès 
les temps les plus anciens, les hommes naviguaient, soit comme pirates, 
soit comme marchands, non pas il est vrai en pleine mer, mais le long des 
côtes, témoin Jason, que nous voyons à un moment donné quitter ses 
vaisseaux et des rivages de la Colchide s'en aller guerroyer au fond de 
l'Arménie et de la Médie, il nie plus loin que jamais les anciens aient osé 
naviguer dans l'Euxin ni longer les côtes de la Libye, de la Syrie et de la 
Cilicie. Or, si par le nom d'anciens Ératosthène a entendu désigner des 
générations antérieures à tous nos souvenirs, dans ce cas-là vrai-ment je 
me soucie assez peu de savoir si les anciens ont navigué ou non et de 
dire d'une façon plutôt que de l'autre; mais a-t-il voulu parler de 
générations dont nous ayons gardé mémoire chacun alors dira sans 
hésiter que les anciens, tout au contraire, paraissent avoir accompli et par 
terre et par mer de plus longs voyages que les modernes, s'il faut s'en 
rapporter du moins à ce que la tradition nous apprend de Bacchus, 
d'Hercule, de Jason lui-même et aussi des héros qu'Homère a chantés, 
tels qu'Ulysse et Ménélas. Il y a lieu de croire également que Pirithoüs et 
Thésée avaient accompli quelque lointaine et pénible expédition, pour 
que la tradition leur ait attribué l'honneur d'avoir visité l'Hadès ou sombre 
empire, et les Dioscures aussi, pour qu'ils aient mérité d'être appelés les 
Gardiens de la mer et les Sauveurs du marin. Tout le monde connaît en 
outre la thalassocratie de Minos et le grand périple des Phéniciens qui, 
peu de temps après la guerre de Troie, franchirent les colonnes 
d'Hercule, en explorèrent les abords et la côte de Libye jusqu'à moitié 
environ de sa longueur, fondant partout des villes sur leur passage. Et le 
Troyen Énée, et Anténor, et tant d'autres héros que l'issue de la guerre de 
Troie dispersa par toute la terre, peut-on raisonnablement ne pas les 
comprendre au nombre des anciens? Il était arrivé aux Grecs, aussi bien 
qu'aux barbares, par suite de la prolongation des hostilités, de perdre et 
ce qu'ils possédaient chez eux et ce que la guerre elle-même leur avait 
rapporté, si bien qu'a-près la chute d'Ilion les vainqueurs avaient dû par 
dénitivement se tourner vers la piraterie, et plus encore que les 
vainqueurs ceux des vaincus que la guerre avait épargnés. De là le grand 
nombre de villes fondées, dit-on, par ceux-ci sur tout le littoral et parfois 
même dans l'intérieur des terres situées par delà la Grèce.
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