[1,2,38] Οὐδ' ὁ Σκήψιος δὲ Δημήτριος εὖ, ἀλλὰ καὶ τῷ Ἀπολλοδώρῳ τῶν
ἁμαρτιῶν ἐνίων αἴτιος ἐκεῖνος κατέστη. Πρὸς γὰρ Νεάνθη τὸν
Κυζικηνὸν φιλοτιμοτέρως ἀντιλέγων εἰπόντα ὅτι οἱ Ἀργοναῦται
πλέοντες εἰς Φᾶσιν τὸν ὑφ' Ὁμήρου καὶ τῶν ἄλλων ὁμολογούμενον
πλοῦν, ἱδρύσαντο τὰ τῆς Ἰδαίας μητρὸς ἱερὰ περὶ Κύζικον, ἀρχὴν φησὶ
μηδ' εἰδέναι τὴν εἰς Φᾶσιν ἀποδημίαν τοῦ Ἰάσονος Ὅμηρον. Τοῦτο δ'
οὐ μόνον τοῖς ὑφ' Ὁμήρου λεγομένοις μάχεται, ἀλλὰ καὶ τοῖς ὑπ'
αὐτοῦ. Φησὶ γὰρ τὸν Ἀχιλλέα Λέσβον μὲν πορθῆσαι καὶ ἄλλα χωρία,
Λήμνου δ' ἀποσχέσθαι καὶ τῶν πλησίον νήσων διὰ τὴν πρὸς Ἰάσονα
καὶ τὸν υἱὸν Εὔνεων συγγένειαν τότε τὴν νῆσον κατέχοντα. Πῶς οὖν ὁ
ποιητὴς τοῦτο μὲν ᾖδει, διότι συγγενεῖς ἢ ὁμοεθνεῖς ἢ γείτονες ἢ
ὁπωσοῦν οἰκεῖοι ὑπῆρχον ὅ τε Ἀχιλλεὺς καὶ ὁ Ἰάσων ( ὅπερ οὐδαμόθεν
ἄλλοθεν, ἀλλ' ἐκ τοῦ Θετταλοὺς ἀμφοτέρους εἶναι συνέβαινε, καὶ τὸν
μὲν Ἰώλκιον, τὸν δ' ἐκ τῆς Φθιώτιδος Ἀχαιίδος ὑπάρχειν), τοῦτο δ'
ἠγνόει, πόθεν ἦλθε τῷ Ἰάσονι, Θετταλῷ καὶ Ἰωλκίῳ ὑπάρχοντι, ἐν μὲν
τῇ πατρίδι μηδεμίαν καταλιπεῖν διαδοχήν, Λήμνου δὲ καταστῆσαι
κύριον τὸν υἱόν; Καὶ Πελίαν μὲν ᾖδει καὶ τὰς Πελιάδας καὶ τὴν
ἀρίστην αὐτῶν καὶ τὸν υἱὸν αὐτῆς
Εὔμηλον, τὸν ὑπ' Ἀδμήτῳ τέκε δῖα γυναικῶν
Ἄλκηστις, Πελίαο θυγα"τρῶν εἶδος ἀρίστη·
τῶν δὲ περὶ τὸν Ἰάσονα συμβάντων καὶ τὴν Ἀργὼ καὶ τοὺς
Ἀργοναύτας, τῶν ὁμολογουμένων παρὰ πᾶσιν, ἀνήκοος ἦν, ἐν δὲ τῷ
ὠκεανῷ τὸν παρ' αἰήτου πλοῦν ἔπλαττεν, ἀρχὴν μηδεμίαν ἐξ ἱστορίας
λαβών;
| [1,2,38] 38. Démétrius de Scepsis n'a pas raison davantage dans ses critiques, et,
qui plus est, on pourrait s'en prendre à lui souvent des erreurs qu'a
commises Apollodore. Ainsi, en voulant réfuter certaine assertion de
Néanthès de Cyzique, qui avait signalé comme un des incidents de la
navigation des Argonautes vers le Phase (navigation attestée et par
Homère et par maint autre écrivain) l'érection de ces temples ou autels de
la Mère Idéenne qui se voient près de Cyzique, Démétrius s'emporte
jusqu'à nier qu'Homère ait même eu connaissance de cette expédition de
Jason vers le Phase. Or, en niant cela, Démétrius fait plus que de
contredire le témoignage formel d'Homère, il se contredit lui-même, car il
a lui-même raconté, {d'après Homère apparemment}, comment Achille,
après avoir dévasté Lesbos et tant d'autres lieux, épargna Lemnos et les
îles voisines, à cause de la parenté qui l'unissait à Jason et au fils de
Jason, Euneôs, alors maître de Lemnos Quoi donc! Le poète aurait su
qu'Achille et Jason étaient parents, compatriotes ou simplement voisins,
qu'en un mot un lien quelconque existait entre eux (lien du reste se
réduisant à ceci, que tous deux se trouvaient être Thessaliens de nation,
mais originaires l'un d'Iolcos, l'autre de la Phthiotide-Achaeide), et il aurait
cependant ignoré comment Jason, bien que Thessalien et natif d'Iolcos,
en était venu à ne laisser de postérité nulle part en Thessalie, notamment
à Iolcos, et avait placé son fils sur le trône de Lemnos! Il aurait connu
Pélias et les Péliades, notamment la plus belle d'entre elles, ainsi que son fils,
«Eumélus, né des amours d'Admète et d'Alceste, d'Alceste, a la plus belle
entre toutes les femmes, comme elle était déjà «la plus belle entre les
filles de Pélias;»
et pas une des aventures, j'entends des aventures authentiques de
Jason, d'Argo et des Argonautes, ne serait par-venue à sa connaissance,
si bien qu'il ne faudrait voir dans la navigation de Jason au sein de
l'Océan, après sa séparation d'avec Aeétès qu'une pure fiction de
l'imagination du poète sans le moindre fondement historique !
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