[1,2,39] Ὡς μὲν γὰρ ἅπαντες λέγουσιν, ὅτι ἐξ ἀρχῆς ὁ πλοῦς ἐπὶ Φᾶσιν ἔχει
πιθανόν τι τοῦ Πελίου στείλαντος, καὶ ἡ ἐπάνοδος καὶ ἡ ἐν τῷ
παράπλῳ νήσων ὁσηδὴ ἐπικράτεια καὶ νὴ Δία ἡ ἐπὶ πλέον γενηθεῖσα
πλάνη, καθάπερ καὶ τῷ Ὀδυσσεῖ καὶ τῷ Μενελάῳ, ἐκ τῶν ἔτι νῦν
δεικνυμένων καὶ πεπιστευμένων ἐστὶν ἐκ τῆς Ὁμήρου φωνῆς. Ἥ τε
γὰρ αἶα δείκνυται περὶ Φᾶσιν πόλις· καὶ ὁ Αἰήτης πεπίστευται
βασιλεῦσαι τῆς Κολχίδος, καὶ ἔστι τοῖς ἐκεῖ τοῦτ' ἐπιχώριον τοὔνομα.
Ἥ τε Μήδεια φαρμακὶς ἱστορεῖται, καὶ ὁ πλοῦτος τῆς ἐκεῖ χώρας ἐκ
τῶν χρυσείων καὶ ἀργυρείων καὶ σιδηρείων ( καὶ) δικαίαν τινὰ
ὑπαγορεύει πρόφασιν τῆς στρατείας, καθ' ἣν καὶ Φρίξος πρότερον
ἔστειλε τὸν πλοῦν τοῦτον· καὶ ἔστιν ὑπομνήματα τῆς ἀμφοῖν
στρατείας τό τε Φρίξειον τὸ ἐν τοῖς μεθορίοις τῆς τε Κολχίδος καὶ τῆς
Ἰβηρίας, καὶ τὰ Ἰασόνεια, {ἃ} πολλαχοῦ καὶ τῆς Ἀρμενίας καὶ τῆς
Μηδίας καὶ τῶν πλησιοχώρων αὐταῖς τόπων δείκνυται. Καὶ μὴν καὶ
περὶ Σινώπην καὶ τὴν ταύτης παραλίαν καὶ τὴν Προποντίδα καὶ τὸν
Ἑλλήσποντον μέχρι τῶν κατὰ τὴν Λῆμνον τόπων λέγεται πολλὰ
τεκμήρια τῆς τε Ἰάσονος στρατείας καὶ τῆς Φρίξου· τῆς δ' Ἰάσονος καὶ
τῶν ἐπιδιωξάντων Κόλχων καὶ μέχρι τῆς Κρήτης καὶ τῆς Ἰταλίας καὶ
τοῦ Ἀδρίου, ὧν ἔνια καὶ ὁ Καλλίμαχος ἐπισημαίνεται, τοτὲ μὲν
Αἰγλήτην Ἀνάφην τε Λακωνίδι γείτονα Θήρῃ λέγων
Ἄρχμενος, ὡς ἥρωες ἀπ' αἰήταο Κυταίου,
αὖτις ἐς ἀρχαίην ἔπλεον αἱμονίην·
τοτὲ δὲ περὶ τῶν Κόλχων,
Οἳ μὲν ἐπ' Ἰλλυριοῖο πόρου σχάσσαντες ἐρετμὰ
λᾶα πάρα ξανθῆς Ἁρμονίης ὅφιο ς
ἄστυρον ἐκτίσσαντο, τό κεν φυγάδων τις ἐνίσποι
Γραικός, ἀτὰρ κείνων γλῶσσ' ὀνόμηνε Πόλας.
Τινὲς δὲ καὶ τὸν Ἴστρον ἀναπλεῦσαί φασι μέχρι πολλοῦ τοὺς περὶ τὸν
Ἰάσονα, οἱ δὲ καὶ μέχρι τοῦ Ἀδρίου· οἱ μὲν κατὰ ἄγνοιαν τῶν τό πων,
οἱ δὲ καὶ ποταμὸν Ἴστρον ἐκ τοῦ μεγάλου Ἴστρου τὴν ἀρχὴν ἔχοντα
ἐκβάλλειν εἰς τὸν Ἀδρίαν φασί· τάδε οὐκ ἀπιθάνως οὐδ' ἀπίστως λέγοντες.
| [1,2,39] 39. Non ; et puisque tout le monde convient que la première partie de
l'expédition des Argonautes, leur départ pour le Phase, sur l'ordre de
Pélias, leur retour, leur prise de possession chemin faisant de telle et telle
île, sont des faits dont on peut admettre l'authenticité, nous ne voyons
pas, en vérité, pourquoi la seconde partie de leur voyage, devenu pour
eux comme pour Ulysse et pour Ménélas une suite d'erreurs sans fin,
serait accueillie avec plus d'incrédulité, quand ces erreurs sont attestées
de même et par des monuments encore debout aujourd'hui, et par la
mention formelle d'Homère. La ville d'Aea, par exemple, se voit encore
sur les bords du Phase, personne ne doute qu'Aeétès n'ait réellement
régné en Colchide, son nom même est demeuré pour le pays une sorte
de nom national, on parle toujours de la magicienne Médée, et les
richesses que la Colchide tire actuellement de ses mines d'or, d'argent et
de fer, laissent assez deviner quel a dû être le vrai motif de l'expédition
des Argonautes, le même apparemment qui avait, dès auparavant,
poussé Phrixus vers les rives du Phase. Il existe en outre des monuments
de l'une et de l'autre expédition, témoin ce Phrixeum, qui s'élève sur la
frontière même de la Colchide et de l'Ibérie, et cette foule de Jasonium,
qu'on trouve répandus partout en Arménie, en Médie et dans les pays
environnants. De même, autour de Sinope et sur toute cette côte, dans la
Propontide aussi, dans l'Hellespont, et jusque dans les eaux de Lemnos,
on signale maint vestige du passage de Jason et de celui de Phrixus ; on
retrouve, qui plus est, les traces de Jason et des Colkhes envoyés à sa
poursuite en Crète, en Italie, dans l'Adriatique même, ce que rappelle, en
partie du moins Callimaque, quand il nomme
«Et le temple d'Aeglète et l'île d'Anaphé, proche voisine de Théra, cette
noble fille de Lacédémone», dans l'élégie dont voici le début,
«Je dirai d'abord comment du séjour d'Aeétès le Cyté une troupe de héros
put à travers les mers regagner les rivages de l'antique Haemonie,»
et qu'il ajoute à propos de ces Colkhes ou Colchidiens :
«A peine entrés dans la mer d'Illyrie, ils suspendent le mouvement de
leurs rames; et non loin de la pierre qui recouvre la dépouille de la blonde
Harmonie, ils fondent une humble cité : c'est pour le Grec LA VILLE DES
PROSCRITS, mais, d'un mot de leur langue, ils l'ont nommée POLAE.»
Enfin, suivant certains auteurs, Jason aurait remonté la plus grande partie
du cours de l'Ister; mais d'autres se bornent à le faire pénétrer par cette
voie jusqu'à l'Adriatique, et, si les premiers ont montré qu'ils ignoraient
complètement la géographie de ces contrées, ceux-ci, du moins, en
supposant l'existence d'un second fleuve Ister, qui sorti-rait du grand Ister
pour aller se jeter dans l'Adriatique, n'ont pas avancé quelque chose de
tout à fait invraisemblable et absurde.
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