| [1,2,34] Περὶ δὲ τῶν Ἐρεμβῶν πολλὰ μὲν εἴρηται, πιθανώτατοι δ' εἰσὶν οἱ 
νομίζοντες τοὺς Ἄραβας λέγεσθαι. Ζήνων δ' ὁ ἡμέτερος καὶ γράφει 
οὕτως· 
Αἰθίοπάς θ' ἱκόμην καὶ Σιδονίους Ἄραβάς τε. 
Τὴν μὲν οὖν γραφὴν οὐκ ἀνάγκη κινεῖν παλαιὰν οὖσαν· αἰτιᾶσθαι δὲ 
βέλτιον τὴν τοῦ ὀνόματος μετάπτωσιν πολλὴν καὶ ἐπιπολαίαν οὖσαν 
ἐν πᾶσι τοῖς ἔθνεσιν. Ἀμέλει δὲ καὶ ποιοῦσί τινες 
παραγραμματίζοντες. ἄριστα δ' ἂν δόξειεν εἰπεῖν ὁ Ποσειδώνιος 
κἀνταῦθα ἀπὸ τῆς τῶν ἐθνῶν συγγενείας καὶ κοινότητος 
ἐτυμολογῶν. Τὸ γὰρ τῶν Ἀρμενίων ἔθνος καὶ τὸ τῶν Σύρων καὶ 
Ἀράβων πολλὴν ὁμοφυλίαν ἐμφαίνει κατά τε τὴν διάλεκτον καὶ τοὺς 
βίους καὶ τοὺς τῶν σωμάτων χαρακτῆρας, καὶ μάλιστα καθὸ 
πλησιόχωροί εἰσι. Δηλοῖ δ' ἡ Μεσοποταμία ἐκ τῶν τριῶν συνεστῶσα 
τούτων ἐθνῶν· μάλιστα γὰρ ἐν τούτοις ἡ ὁμοιότης διαφαίνεται. Εἰ δέ 
τις παρὰ τὰ κλίματα γίνεται διαφορὰ τοῖς προσβόρροις ἐπὶ πλέον 
πρὸς τοὺς μεσημβρινοὺς καὶ τούτοις πρὸς μέσους τοὺς ὅρους, ἀλλ' 
ἐπικρατεῖ γε τὸ κοινόν. Καὶ οἱ Ἀσσύριοι δὲ καὶ οἱ Ἀριανοὶ 
παραπλησίως πως ἔχουσι καὶ πρὸς τούτους καὶ πρὸς ἀλλήλους. 
Εἰκάζει γε δὴ καὶ τὰς τῶν ἐθνῶν τούτων κατονομασίας ἐμφερεῖς 
ἀλλήλαις εἶναι. τοὺς γὰρ ὑφ' ἡμῶν Σύρους καλουμένους ὑπ' αὐτῶν 
τῶν Σύρων Ἀραμμαίους καλεῖσθαι· τούτῳ δ' ἐοικέναι τοὺς Ἀρμενίους 
καὶ τοὺς Ἄραβας καὶ Ἐρεμβούς, τάχα τῶν πάλαι Ἑλλήνων οὕτω 
καλούντων τοὺς Ἄραβας, ἅμα καὶ τοῦ ἐτύμου συνεργοῦντος πρὸς 
τοῦτο. Ἀπὸ γὰρ τοῦ εἰς τὴν ἔραν ἐμβαίνειν τοὺς Ἐρεμβοὺς 
ἐτυμολογοῦσιν οὕτως οἱ πολλοί, οὓς μεταλαβόντες οἱ ὕστερον ἐπὶ τὸ 
σαφέστερον Τρωγλοδύτας ἐκάλεσαν· οὗτοι δέ εἰσιν Ἀράβων οἱ ἐπὶ 
θάτερον μέρος τοῦ Ἀραβίου κόλπου κεκλιμένοι, τὸ πρὸς Αἰγύπτῳ καὶ 
Αἰθιοπίᾳ. Τούτων δ' εἰκὸς μεμνῆσθαι τὸν ποιητὴν καὶ πρὸς τούτους 
ἀφῖχθαι λέγειν τὸν Μενέλαον, καθ' ὃν τρόπον εἴρηται καὶ πρὸς τοὺς 
Αἰθίοπας· τῇ γὰρ Θηβαίδι καὶ οὗτοι πλησιάζουσιν· ὁμοίως οὐκ 
ἐργασίας οὐδὲ χρηματισμοῦ χάριν τούτων ὀνομαζομένων ( οὐ πολὺ 
γὰρ ἦν τοῦτο), ἀλλὰ τοῦ μήκους τῆς ἀποδημίας καὶ τοῦ ἐνδόξου· 
ἔνδοξον γὰρ τοσοῦτον ἐκτοπίσαι. Τοιοῦτον δὲ καὶ τὸ  
Πολλῶν ἀνθρώπων ἴδεν ἄστεα καὶ νόον ἔγνω· 
καὶ τὸ  
Ἦ γὰρ πολλὰ παθὼν καὶ πόλλ' ἐπαληθεὶς  
ἠγαγόμην. 
 Ἡσίοδος δ' ἐν Καταλόγῳ φησί  
Καὶ κούρην Ἀράβοιο, τὸν Ἑρμάων ἀκάκητα  
γείνατο καὶ Θρονίη, κούρη Βήλοιο ἄνακτος. 
Οὕτω δὲ καὶ Στησίχορος λέγει. Εἰκάζειν οὖν ἐστιν, ὅτι ἀπὸ τούτου καὶ 
ἡ χώρα Ἀραβία ἤδη τότε ὠνομάζετο· κατὰ δὲ τοὺς ἥρωας τυχὸν ἴσως οὔπω. 
 | [1,2,34] 34. Sur les Èrembes maintenant que n'a-t-on point dit ! Mais de toutes les 
opinions émises la plus vraisemblable est celle qui veut que sous ce nom 
le poète ait désigné les Arabes. Zénon, notre Zénon, va plus loin, et 
corrigeant le texte d'Homère il lit le vers ainsi :
«Tour à tour je visitai Éthiopiens, Sidoniens, ARABES {au lieu d'Érembes}»
Il n'est pas nécessaire pourtant de changer cette leçon, qui est 
assurément fort ancienne ; mieux vaut croire que c'est le nom lui-même 
qui a éprouvé quelqu'une de ces altérations si fréquentes, si communes 
dans toutes les langues; et c'est précisément ce que certains 
grammairiens cherchent à mettre en lumière par la comparaison des 
lettres dans l'une et dans l'autre forme. Pour nous, nous serions tenté de 
préférer, comme plus sûr encore, le procédé de Posidonius, qui, même 
dans le cas présent, a cru devoir consulter la parenté et l'affinité 
primordiale des peuples pour retrouver l'étymologie du nom. Il est 
constant, en effet, que les nations arménienne, syrienne, arabe ont entre 
elles beaucoup de cette affinité et comme un air de famille qui se 
manifeste dans leurs langues, leurs genres de vie et leurs caractères 
physiques, là surtout où elles se trouvent être proches voisines, en 
Mésopotamie par exemple, pays dont la population appartient 
précisément à ces trois nations et où naturellement la ressemblance entre 
elles éclate davantage. Car, en admettant même que, par le fait des 
climats ou de la position géographique, il y ait quelque différence sensible 
des populations plus septentrionales aux populations méridionales et des 
unes et des autres aux populations intermédiaires, les caractères 
communs ne laissent pas que de prédominer. Ajoutons que les Assyriens 
et les Ariens offrent avec ces mêmes peuples, aussi bien qu'entre eux, 
une grande ressemblance. Eh bien ! De cette ressemblance entre les 
peuples, Posidonius conclut la ressemblance des noms eux-mêmes. Or, il 
est de fait que les peuples, que nous appelons Syriens, portent en 
syriaque le nom d'Arammæens, et qu'il y a de la ressemblance entre ce 
nom et ceux d'Arméniens, d'Arabes et d'Érembes ce der-nier nom n'étant 
peut-être bien qu'une épithète ou qualification particulière dont se 
servaient les anciens Grecs pour désigner les Arabes comme le sens 
étymologique du mot semblerait le donnera entendre. On s'accorde en 
effet généralement à dériver l'étymologie du mot d'Érembes des mots 
g-eis g-tehn g-eran g-embainein (pénétrer, habiter sous terre). 
Seulement, avec le temps on aura à cette dénomination d'Érembes 
substitué la traduction plus claire de Troglodytes, nom qui désigne, 
comme on sait, la partie de la nation arabe établie sur le côté du golfe 
arabique attenant à l'Égypte et à l'Éthiopie. Ce sont donc ces Arabes, 
suivant toute vraisemblance, que le poète a voulu désigner sous le nom 
d'Érembes et ce qu'il dit du voyage de Ménélas en leur pays doit 
s'entendre sans doute comme ce qu'il dit du voyage d'Éthiopie, car les 
Érembes, ainsi que les Éthiopiens, étaient proches voisins de la 
Thébaïde. Ajoutons qu'en rappelant ce voyage et celui d'Éthiopie le héros 
ne pouvait avoir en vue les avantages commerciaux ou les riches 
présents qu'il en avait retirés (ces profits ayant été apparemment peu de 
chose), mais uniquement la longueur et le prestige même du voyage, car 
c'était alors une gloire réelle d'avoir pénétré aussi loin, témoin ce vers :
«Il a de beaucoup d'hommes visité les cités et observé les moeurs (99);»
et ceux-ci encore :
«Mais j'ai dû beaucoup souffrir et longtemps errer sur mes vaisseaux pour 
rapporter tous ces trésors.»
Hésiode, il est vrai, dans son Catalogue, mentionne une certaine
«Fille d'Arabus, fils lui-même du bienfaisant Hermès et de Thronia, fille du 
roi Belus.»
Stésichore la nomme également, mais s'il est permis d'inférer de ce 
double témoignage que, du temps de ces poètes. la contrée en question 
avait déjà reçu en mémoire d'Arabus le nom d'Arabie, il peut bien se faire 
aussi que du temps des héros il n'en fût pas encore de même.
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