[1,2,33] Εἰ δὲ Φοίνικας εἰπὼν ὀνομάζει καὶ Σιδωνίους, τὴν μητρόπολιν
αὐτῶν σχήματι συνήθει χρῆται, ὡς
Τρῶάς τε καὶ Ἕκτορα νηυσὶ πέλασσε·
καί
Οὐ γὰρ ἔτ' οἰνῆος μεγαλήτορος υἱέες ἦσαν,
οὐδ' ἄρ' ἔτ' αὐτὸς ἔην, θάνε δὲ ξανθὸς Μελέαγρος·
καὶ
Ἴδην δ' ἵκανεν - καὶ
Γάργαρον·
καί
Οἳ δ' εὔβοιαν ἔχον - καὶ
Χαλκίδα τ' εἰρέτριάν τε·
καὶ Σαπφώ
Ἤ σε Κύπρος ἢ Πάφος ἢ Πάνορμος.
Καίτοι καὶ ἄλλο τι ἦν τὸ ποιῆσαν, καίπερ ἤδη μνησθέντα τῆς Φοινίκης,
ἰδίως πάλιν καὶ τὴν Σιδῶνα συγκαταλέξαι. πρὸς μὲν γὰρ τὸ τὰ ἐφεξῆς
ἔθνη καταλέξαι ἱκανῶς εἶχεν οὕτως εἰπεῖν,
Κύπρον Φοινίκην τε καὶ Αἰγυπτίους ἐπαληθεὶς
Αἰθίοπάς θ' ἱκόμην·
Ἵνα δ' ἐμφήνῃ καὶ τὴν παρὰ τοῖς Σιδωνίοις ἀποδημίαν τὴν ἐπὶ πλέον
γενομένην, καλῶς εἶχεν εἴτ' ἀναλαβεῖν εἴτε καὶ παραλαβεῖν· ἐμφαίνει
{δὲ} διὰ τῶν ἐπαίνων τῆς παρ' αὐτοῖς εὐτεχνίας {καὶ} τοῦ τὴν Ἑλένην
προεξενῶσθαι τοῖς ἀνθρώποις μετὰ Ἀλεξάνδρου· διόπερ παρὰ τῷ
Ἀλεξάνδρῳ πολλὰ τοιαῦτα ἀποκείμενα λέγει·
Ἔνθ' ἔσαν οἱ πέπλοι παμποίκιλοι, ἔργα γυναικῶν
Σιδονίων, ἃς αὐτὸς Ἀλέξανδρος θεοειδὴς
ἤγαγε Σιδονίηθεν
τὴν ὁδόν, ἣν Ἑλένην περ ἀνήγαγε·
Καὶ παρὰ τῷ Μενελάῳ· λέγει γὰρ πρὸς Τηλέμαχον,
Δώσω τοι κρητῆρα τετυγμένον· ἀργύρεος δὲ
ἐστὶν ἅπας, χρυσῷ δ' ἐπὶ χείλεα κεκράανται.
Ἄργον δ' Ἡφαίστοιο· πόρεν δέ ἑ φαίδιμος ἥρως
Σιδονίων βασιλεύς, ὅθ' ἑὸς δόμος ἀμφεκάλυψε
κεῖσέ με νοστήσαντα.
Δεῖ δὲ δέξασθαι πρὸς ὑπερβολὴν εἰρημένον τὸ Ἡφαίστου ἔργον, ὡς
λέγεται Ἀθηνᾶς ἔργα τὰ καλὰ καὶ Χαρίτων καὶ Μουσῶν. Ἐπεὶ ὅτι γε οἱ
ἄνδρες ἦσαν καλλίτεχνοι, δηλοῖ τὸν κρατῆρα ἐπαινῶν, ὃν ὁ εὔνεως
ἔδωκεν ἀντὶ Λυκάονος· φησὶ γάρ,
Κάλλει ἐνίκα πᾶσαν ἐπ' αἶαν
πολλόν· ἐπεὶ Σιδόνες πολυδαίδαλοι εὖ ἤσκησαν,
Φοίνικες δ' ἄγον ἄνδρες.
| [1,2,33] 33. Si maintenant, après avoir nominé les Phéniciens, Homère mentionne
aussi les Sidoniens, dont la ville était proprement la métropole ou capitale
de la Phénicie, il ne fait en cela. qu'user une fois de plus d'une figure de
mots qui lui était familière, témoin ce vers :
«Il guide jusqu'aux vaisseaux LES TROYENS ET HECTOR;»
et ceux-ci :
«LES FILS du magnanime Oeneus n'étaient plus au nombre des vivants;
lui-même n'existait plus; ET MÉLÉAGRE, le héros à la blonde chevelure,
était mort;» celui-ci encore :
«Il vint jusqu'à l'IDA ET JUSQU'AU GARGARE;»
et ce dernier passage : «Les habitants de L'EUBEE, DE CHALCIS et D'ÉRÉTRIE.»
Sapho, du reste, a dit aussi :
«Soit que tu aies pour patrie CYPRE , PAPHOS, ou PANORME.»
Toutefois, Homère a dû avoir quelque autre raison encore pour que, dans
une énumération générale comme celle-là, et après avoir nommé la
Phénicie, il ait ajouté la mention particulière de Sidon. S'il n'eût voulu
qu'énumérer dans leur ordre les différents pays où Ménélas avait été, il
pouvait se borner à lui faire dire :
«Ayant parcouru tour à tour Cypre, la Phénicie l'Égypte, je passai jusqu en
Éthiopie.»
Mais pour qu'on sût que le séjour du héros chez les Sidoniens avait été
de longue durée, il était bon que leur nom revînt souvent, soit directement
dans les souvenirs de Ménélas, soit indirectement dans les récits du
poète. Et voilà pourquoi celui-ci ne manque pas une occasion de vanter
les richesses et l'industrie des Sidoniens, pourquoi il rappelle l'hospitalité
donnée par eux plus anciennement à Hélène en compagnie de son
ravisseur, pourquoi encore il nous montre les appartements de Pâris tout
remplis de précieux ouvrages sidoniens,
«On y voyait étalés les riches tissus aux mille couleurs, ouvrage des
femmes sidoniennes, que le divin Pâris avait naguère ramenées de Sidon,
sur le même vaisseau qui emportait Hélène;»
et le palais de Ménélas également, car ce héros dit à Télémaque :
«Je veux te donner cette coupe ciselée; elle est d'argent massif, l'or en
couronne les lèvres; c'est l'oeuvre de Vulcain, elle me fut offerte en présent
par l'illustre roi des Sidoniens, lorsque, regagnant ma patrie, je m'arrêtai
sous son toit hospitalier.»
Et nul doute qu'ici l'expression «c'est l'oeuvre de Vulcain» ne doive être
prise dans un sens figuré, comme une hyperbole analogue à ce qu'on dit
tous les jours des belles choses, qu'elles sont l'oeuvre de Minerve,
l'oeuvre des Grâces et des Muses ; c'est qu'en effet les Sidoniens étaient
de très-habiles artistes, le poète le dit formellement dans le passage où il
parle de la beauté du vase qu'Eunée avait donné pour racheter Lycaon :
«Il n'était rien sur la terre qu'il n'effacât par sa beauté : les Sidoniens
avaient mis tout leur art à le décorer et des marchands phéniciens l'avaient
apporté sur leur vaisseau.»
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