[1,2,12] Ὁ Ἐρατοσθένης δὲ πρὸς ἀμφοτέρας τὰς ἀποφάσεις ἀπήντηκεν
οὐκ εὖ. Πρὸς μὲν τὴν δευτέραν, ὅτι πειρᾶται διαβάλλειν φανερῶς
ψευδῆ καὶ οὐκ ἄξια λόγου διὰ μακρῶν· πρὸς δὲ τὴν προτέραν,
ποιητήν τε ἅπαντα ἀποφήνας φλύαρον, καὶ μήτε τόπων ἐμπειρίαν
μήτε τεχνῶν πρὸς ἀρετὴν συντείνειν νομίσας· τῶν τε μύθων τῶν μὲν
ἐν τόποις οὐ πεπλασμένοις πεφημισμένων, οἷον ἐν Ἰλίῳ καὶ Ἴδῃ καὶ
Πηλίῳ, τῶν δὲ ἐν πεπλασμένοις, καθάπερ ἐν οἷς αἱ Γοργόνες ἢ ὁ
Γηρυόνης, ταύτης φησὶ τῆς ἰδέας εἶναι καὶ τοὺς κατὰ τὴν Ὀδυσσέως
πλάνην λεγομένους, τοὺς δὲ μὴ πεπλάσθαι λέγοντας ἀλλ'
ὑποκεῖσθαι ἐξ αὐτοῦ τοῦ μὴ συμφωνεῖν ἐλέγχεσθαι ψευδομένους· τὰς
γοῦν Σειρῆνας τοὺς μὲν ἐπὶ τῆς Πελωριάδος καθιδρύειν, τοὺς δὲ ἐπὶ
τῶν Σειρηνουσσῶν πλείους ἢ δισχιλίους διεχουσῶν σταδίους· εἶναι δ'
αὐτὰς σκόπελον τρικόρυφον διείργοντα τὸν Κυμαῖον καὶ
Ποσειδωνιάτην κόλπον. Ἀλλ' οὔθ' ὁ σκόπελος οὗτος ἐστὶ
τρικόρυφος οὔθ' ὅλως κορυφοῦται πρὸς ὕψος, ἀλλ' ἀγκών τις
ἔκκειται μακρὸς καὶ στενὸς ἀπὸ τῶν κατὰ Συρρεντὸν χωρίων ἐπὶ τὸν
κατὰ Καπρίας πορθμόν, ἐπὶ θάτερα μὲν τῆς ὀρεινῆς τὸ τῶν Σειρήνων
ἱερὸν ἔχων, ἐπὶ θάτερα δὲ πρὸς τῷ Ποσειδωνιάτῃ κόλπῳ νησίδια τρία
προκείμενα ἔρημα πετρώδη, ἃ καλοῦσι Σειρῆνας· ἐπ' αὐτῷ δὲ τῷ
πορθμῷ τὸ Ἀθήναιον, ᾧπερ ὁμωνυμεῖ καὶ ὁ ἀγκὼν αὐτός.
| [1,2,12] 12. C'est pourtant là ce que fait Ératosthène en condamnant l'un et l'autre
modes d'interprétation, mais dans les deux cas il a tort: tort dans le
second cas, en ce qu'il prend la peine de réfuter longuement des
mensonges notoires et qui ne méritaient pas même un mot de réfutation ;
tort dans le premier cas en ce qu'il traite toute poésie de bavardage frivole
, qu'il dénie aux connaissances techniques ou géographiques toute
efficacité pour former les âmes à la vertu, et que, distinguant les fables en
deux classes, suivant qu'elles se rattachent à un théâtre réel, comme
Ilion, l'Ida ou le Pélion, ou à un théâtre imaginaire, comme le séjour des
Gorgones ou celui de Géryon, il n'hésite pas à ranger dans cette
deuxième catégorie le théâtre des erreurs d'Ulysse, prenant même à
partie ceux qui le tiennent pour un emplacement réel et nullement fictif, et
concluant de leur désaccord sur tel ou tel point secondaire que ce sont
d'effrontés menteurs c'est ainsi qu'il triomphe de ce qu'on place les
Sirènes tantôt sur le Pelorias, tantôt sur les Sirénusses, à plus de 2000
stades de là, tandis qu'à l'entendre le nom de Sirènes désigne ce rocher à
triple pointe qui sépare le golfe de Cumes du golfe Posidoniate. Mais
d'abord ledit rocher n'a pas trois pointes, il n'offre même pas à
proprement parler de pointe élevée ou de promontoire, car la côte entre
Surrentum et le détroit de Caprées décrit une espèce de coude allongé et
étroit, avec le temple des Sirènes sur l'un des deux versants et au pied de
l'autre versant, c'est-à-dire du versant du golfe Posidoniate, trois îlots
déserts et rocheux, qui sont ce qu'on nomme proprement les Sirènes,
tandis que sur le bord même du détroit s'élève un Athenaeum ou temple
de Minerve qui donne son nom au coude tout entier.
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