[1,2,11] Δεῖ δὲ ταῦτα προυποθέμενον σκοπεῖν, τί λέγουσιν οἱ φήσαντες
περὶ Σικελίαν ἢ Ἰταλίαν γενέσθαι τῷ Ὀδυσσεῖ τὴν πλάνην καθ'
Ὅμηρον· ἔστι γὰρ ἀμφοτέρως τοῦτο δέξασθαι, καὶ βέλτιον καὶ
χεῖρον. Βέλτιον μέν, ἂν οὕτω δέχηται {τις}, ὅτι πεισθεὶς ἐκεῖ τὴν
πλάνην τῷ Ὀδυσσεῖ γενέσθαι, λαβὼν ἀληθῆ ταύτην τὴν ὑπόθεσιν
ποιητικῶς διεσκεύασε· τοῦτο γὰρ οἰκείως ἂν λέγοιτο περὶ αὐτοῦ· καὶ
οὐ μόνον γε περὶ Ἰταλίαν, ἀλλὰ καὶ μέχρι τῶν ἐσχάτων τῆς Ἰβηρίας
ἐστὶν εὑρεῖν ἴχνη τῆς ἐκείνου πλάνης καὶ ἄλλων πλειόνων. Χεῖρον δέ,
ἐάν τις καὶ τὴν διασκευὴν ὡς ἱστορίαν δέχηται, ἐκείνου ὠκεανὸν καὶ
ᾋδην καὶ Ἡλίου βόας καὶ παρὰ θεαῖς ξενίας καὶ μεταμορφώσεις καὶ
μεγέθη Κυκλώπων καὶ Λαιστρυγόνων καὶ μορφὴν Σκύλλης καὶ
διαστήματα πλοῦ καὶ ἄλλα πλείω τοιαῦτα τερατογραφοῦντος
φανερῶς. Οὔτε δὲ πρὸς τοῦτον ἄξιον ἀντιλέγειν οὕτω φανερῶς
καταψευδόμενον τοῦ ποιητοῦ, καθάπερ οὐδ', εἰ φαίη, τοῦτον τὸν
τρόπον γενέσθαι τὸν εἰς τὴν Ἰθάκην κατάπλουν τοῦ Ὀδυσσέως καὶ
τὴν μνηστηροφονίαν καὶ τὴν ἐπὶ τοῦ ἀγροῦ συστᾶσαν μάχην τοῖς
Ἰθακησίοις πρὸς αὐτόν· οὔτε πρὸς τὸν δεξάμενον οἰκείως
προσπλέκεσθαι δίκαιον.
| [1,2,11] 11. Cela posé, examinons ce que veulent dire ceux qui ont prétendu qu'il
fallait chercher dans les parages de la Sicile ou de l'Italie le théâtre
attribué par Homère aux erreurs d'Ulysse. La chose en effet peut
s'entendre de deux laçons, bien ou mal : bien, si l'on conçoit qu'Homère,
sérieusement convaincu de la réalité des courses d’Ulysse dans ces
parages, a accepté cette donnée comme vraie historiquement, mais l'a
traitée avec la libre imagination d'un poète (et l'on est d'autant plus
autorisé à croire que c'est là ce qu'a fait Homère qu'aujourd'hui encore on
retrouve, non seulement en Italie, mais jusqu'aux derniers confins de
l'Ibérie, les traces du passage d'Ulysse et de celui de maint autre héros);
mal, si l'on veut voir de l'histoire dans de pures fictions, sans reconnaître,
ce qui pourtant saute aux yeux, qu'en parlant comme il fait de l'Océan, de
l'Enfer, des Bœufs du Soleil, du séjour d'Ulysse et des métamorphoses
de ses compagnons dans le palais des déesses, de la stature colossale
des Cyclopes et des Laestrygons, de la figure monstrueuse de Scylla, des
distances énormes parcourue par le vaisseau d'Ulysse et de mainte autre
circonstance analogue, Homère emploie à dessein le merveilleux
poétique. Or, suivant nous, l'homme qui peut méconnaître à ce point les
procédés du poète ne mérite pas même qu'on le réfute, car il n'eût pas
fait pis en affirmant que le retour d'Ulysse dans Ithaque, le massacre des
prétendants et le combat du héros contre les Ithaciens hors de l'enceinte
de la ville se sont réellement passés comme le raconte Homère; et
d'autre part il nous paraît souverainement injuste qu'on vienne chercher
querelle à ceux qui entendent le poète ainsi qu'il faut l'entendre.
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