HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre I

Chapitre 2

  par. 10

[1,2,10] Ὡς δ' αὕτως καὶ τοὺς Κόλχους εἰδὼς καὶ τὸν Ἰάσονος πλοῦν τὸν εἰς Αἶαν καὶ τὰ περὶ Κίρκης καὶ Μηδείας μυθευόμενα καὶ ἱστορούμενα περὶ τῆς φαρμακείας καὶ τῆς ἄλλης ὁμοιοτροπίας, συγγενείας τε ἔπλασε τῶν οὕτω διῳκισμένων, τῆς μὲν ἐν τῷ μυχῷ τοῦ Πόντου, τῆς δ' ἐν τῇ Ἰταλίᾳ, καὶ ἐξωκεανισμὸν ἀμφοῖν, τάχα καὶ τοῦ Ἰάσονος μέχρι τῆς Ἰταλίας πλανηθέντος· δείκνυται γάρ τινα καὶ περὶ τὰ Κεραύνια ὄρη καὶ περὶ τὸν Ἀδρίαν καὶ ἐν τῷ Ποσειδωνιάτῃ κόλπῳ καὶ ταῖς πρὸ τῆς Τυρρηνίας νήσοις τῆς τῶν Ἀργοναυτῶν πλάνης (σημεῖα). Προσέδοσαν δέ τι καὶ αἱ Κυάνεαι, ἅσπερ Συμπληγάδας καλοῦσι πέτρας τινές, τραχὺν ποιοῦσαι τὸν διέκπλουν τὸν διὰ τοῦ Βυζαντιακοῦ στόματος· ὥστε παρὰ μὲν τὴν Αἶαν Αἰαίη, παρὰ δὲ τὰς Συμπληγάδας αἱ Πλαγκταὶ, καὶ δι' αὐτῶν πλοῦς τοῦ Ἰάσονος πιθανὸς ἐφάνη· παρὰ δὲ τὴν Σκύλλαν καὶ τὴν Χάρυβδιν διὰ τῶν σκοπέλων πλοῦς. Ἁπλῶς δ' οἱ τότε τὸ πέλαγος τὸ Ποντικὸν ὥσπερ ἄλλον τινὰ ὠκεανὸν ὑπελάμβανον, καὶ τοὺς πλέοντας ἐκεῖσε ὁμοίως ἐκτοπίζειν ἐδόκουν ὥσπερ τοὺς ἔξω στηλῶν ἐπὶ πολὺ προιιόντας· καὶ γὰρ μέγιστον τῶν καθ' ἡμᾶς ἐνομίζετο, καὶ διὰ τοῦτο κατ' ἐξοχὴν ἰδίως πόντον προσηγόρευον, ὡς ποιητὴν Ὅμηρον. Ἴσως οὖν καὶ διὰ τοῦτο μετήνεγκε τὰ ἐκ τοῦ Πόντου πρὸς τὸν ὠκεανὸν ὡς εὐπαράδεκτα διὰ τὴν κατέχουσαν δόξαν. Οἶμαι δὲ καὶ τῶν Σολύμων τὰ ἄκρα τοῦ Ταύρου τὰ περὶ τὴν Λυκίαν ἕως Πισιδίας κατεχόντων τὰ ὑψηλότατα καὶ τὰς ἀπὸ τῆς μεσημβρίας ὑπερβολὰς ἐπιφανεστάτας παρεχόντων τοῖς ἐντὸς τοῦ Ταύρου, καὶ μάλιστα τοῖς περὶ τὸν Πόντον, καθ' ὁμοιότητά τινα καὶ τούτους ἐξωκεανισθῆναι· φησὶ γὰρ ἐπὶ τοῦ πλέοντος ἐν τῇ σχεδίᾳ Τὸν δ' ἐξ αἰθιόπων ἀνιὼν κρείων Ἐνοσίχθων τηλόθεν ἐκ Σολύμων ὀρέων ἴδεν. Τάχα δὲ καὶ τοὺς μονομμάτους Κύκλωπας ἐκ τῆς Σκυθικῆς ἱστορίας μετενήνοχε· τοιούτους γάρ τινας τοὺς Ἀριμασπούς φασιν, οὓς ἐν τοῖς Ἀριμασπείοις ἔπεσιν ἐνδέδωκεν Ἀριστέας Προκοννήσιος. [1,2,10] 10. Il connaissait pareillement et la situation de la Colchide et le fait de la navigation de Jason à Aea, et, en général, tout ce que la fable et l'histoire rapportent des enchantements de Circé et de Médée et de leurs autres traits de ressemblance : à l'aide maintenant de ces données, et sans tenir compte de l'énorme distance qui séparait les deux enchanteresses, puisque l'une habitait au fond du Pont, et l'autre en Italie, il imagina entre elles un lien d'étroite parenté, et osa les transporter toutes deux hors des mers intérieures, en plein Océan. Peut-être bien aussi Jason, dans ses Erreurs, s'était-il écarté jusqu'en Italie ; car on montre aujourd'hui encore aux abords des monts Cérauniens, dans les parages d'Adria, dans le golfe Posidoniate et dans les îles qui bordent la Tyrrhénie, certains vestiges du passage des Argonautes. L'existence des Cyanées, ces roches qu'on nomme quelquefois les Symplégades, et qui rendent si difficile le passage du détroit de Byzance, était une donnée de plus dont Homère sut tirer bon parti. De la sorte, et par suite du rapprochement naturel qu'on établit entre son île d'Aeea et la ville d'Aea, entre ses Planctie et les roches Symplégades, la navigation de Jason à travers les Planctae acquit de la vraisemblance, comme le rapprochement avec ce qu'on savait de Charybde et de Scylla rendit plus vraisemblable l'épisode «du passage d'Ulysse entre les deux rochers.» En somme, on se représentait de son temps la mer Pontique comme un autre Océan, et quiconque naviguait dans ces parages semblait s'être autant écarté que s'il se fût avancé par delà les colonnes d'Hercule ; elle était: réputée, en effet, la plus grande de nos mers et, par excellence, on l'appelait le Pont, le Pont proprement dit, comme on appelle Homère le poète. Il se pourrait même que ce fût là le motif qui engagea Homère à transporter dans l'Océan les scènes dont le Pont avait été le théâtre, ce déplacement lui ayant paru devoir être, en raison de l'opinion régnante, plus aisément accueilli du public. Je croirais volontiers aussi que la position des Solymes aux confins de la Lycie et de la Pisidie, sur les sommets les plus élevés du Taurus, jointe à cette circonstance, que les populations comprises en dedans du Taurus, et surtout les populations du Pont, voyaient en eux les gardiens et les maîtres des principaux passages de cette grande chaîne du côté du midi, est ce qui l'a induit à déplacer de même cette nation et à la transporter sur les bords de l'Océan, situation extrême, analogue jusqu'à un certain point à celle qu'elle occupait réellement. Voici du reste le passage en question , il s'agit d'Ulysse errant sur son frêle esquif : «Cependant le puissant Neptune revient de chez les Éthiopiens; du haut des monts Solymes, il découvre au loin le «héros» Peut-être enfin Homère a-t-il emprunté à l'histoire des Scythes l'idée de son mythe des Cyclopes à un oeil, les Scythes-Arimaspes, qu'Aristée de Proconnèse a le premier fait connaître dans son poème des Arimaspies, passant aussi pour n'avoir qu'un oeil.


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Dernière mise à jour : 14/12/2005