[1,2,13] Ἀλλ' οὐδ' εἰ μὴ συμφωνοῦσιν οἱ τὴν ἱστορίαν τῶν τόπων
παραδιδόντες, εὐθὺς ἐκβάλλειν δεῖ τὴν σύμπασαν ἱστορίαν· ἀλλ'
ἔσθ' ὅτε καὶ πιστοῦσθαι τὸ καθόλου μᾶλλόν ἐστιν. Οἷόν τι λέγω,
ζητουμένου εἰ κατὰ Σικελίαν καὶ Ἰταλίαν ἡ πλάνη γέγονε καὶ εἰ αἱ
Σειρῆνες ἐνταῦθά που λέγονται, ὁ μὲν φήσας ἐν τῇ Πελωριάδι πρὸς
τὸν ἐν ταῖς Σειρηνούσσαις διαφωνεῖ, ἀμφότεροι δὲ πρὸς τὸν περὶ
Σικελίαν καὶ Ἰταλίαν λέγοντα οὐ διαφωνοῦσιν, ἀλλὰ καὶ μείζω
πίστιν παρέχουσιν· ὅτι καίπερ μὴ τὸ αὐτὸ χωρίον φράζοντες ὅμως οὐκ
ἐκβεβήκεσάν γε τοῦ κατὰ τὴν Ἰταλίαν ἢ Σικελίαν. Ἐὰν δὲ προσθῇ τις
ὅτι ἐν Νεαπόλει Παρθενόπης δείκνυται μνῆμα μιᾶς τῶν Σειρήνων,
ἔτι πλείων προσεγένετο πίστις, καίτοι τρίτου τινὸς λεχθέντος τούτου
τοῦ τόπου. Ἀλλ' ὅτι ἐν τούτῳ τῷ κόλπῳ τῷ ὑπὸ Ἐρατοσθένους
λεχθέντι Κυμαίῳ, ὃν ποιοῦσιν αἱ Σειρηνοῦσσαι, καὶ ἡ Νεάπολις
ἵδρυται, βεβαιοτέρως πιστεύομεν τὸ περὶ τούτους τοὺς τόπους
γεγονέναι τὰς Σειρῆνας· οὔτε γὰρ τὸν ποιητὴν ἀκριβῶς ἕκαστα
πυθέσθαι, οὔθ' ἡμεῖς παρ' ἐκείνου ζητοῦμεν τὸ ἀκριβές· οὐ μὴν οὐδ'
οὕτως ἔχομεν ὡς ὑπολαμβάνειν καὶ μηδὲν πεπυσμένον περὶ τῆς
πλάνης, μήθ' ὅπου μήθ' ὅπως γεγένηται, ῥαψῳδεῖν.
| [1,2,13] 13. Ajoutons qu'il ne faut pas, sous prétexte que, dans la description de
certains lieux, différents auteurs ne se seront pas accordés de tout point,
se tant hâter de rejeter comme fausse la description entière : dans
certains cas même, il y aurait là une raison de plus pour croire à
l'exactitude de l'ensemble. Dans le cas présent, notamment, étant
cherché si les erreurs d'Ulysse ont eu réellement pour théâtre les parages
de la Sicile et de l'Italie et si le séjour attribué aux Sirènes s'y trouve
réellement quelque part, celui qui les place sur le Pelorias est loin sans
doute de s'accorder avec celui qui les place aux Sirénusses, mais ni l'un
ni l'autre ne diffèrent d'opinion par rapport à ce troisième qui nous lés
montre dans les parages de la Sicile et de l'Italie : ils rendent même
l'assertion de celui-ci plus probable, par la raison que, sans désigner le
même lieu, ils ne sont pas sortis non plus des parages de la Sicile et de
l'Italie. Que si quelqu'un maintenant ajoute que le tombeau de
Parthénopé, l'une des Sirènes, se voit à Neapolis, cette nouvelle
circonstance ne rend-elle pas la chose encore plus croyable, bien qu'en
nommant Neapolis on ait fait intervenir une troisième localité? Qu'on
rappelle enfin que Neapolis est située précisément dans ce golfe
qu'Ératosthène nomme le golfe Cyméen et qui est formé parles
Sirénusses, et nous voilà persuadé plus fermement encore que ce sont
bien là les lieux qu'habitaient les Sirènes. Assurément nous ne croyons
pas que le poète ait sur chaque détail de ce genre pris des informations
exactes, l'exactitude est même le moindre mérite que nous exigions de lui
, nous ne saurions néanmoins supposer un seul instant qu'il ait pu
composer son poème, sans rien savoir de positif sur les erreurs d Ulysse
et sans rechercher où et comment elles avaient eu lieu.
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