[1,2,14] Ἐρατοσθένης δὲ Ἡσίοδον μὲν εἰκάζει πεπυσμένον περὶ τῆς
Ὀδυσσέως πλάνης ὅτι κατὰ Σικελίαν καὶ Ἰταλίαν γεγένηται,
πιστεύσαντα τῇ δόξῃ μὴ μόνον τῶν ὑφ' Ὁμήρου λεγομένων
μεμνῆσθαι, ἀλλὰ καὶ αἴτνης καὶ Ὀρτυγίας τοῦ πρὸς Συρακούσαις
νησίου καὶ Τυρρηνῶν· Ὅμηρον δὲ μήτε εἰδέναι ταῦτα, μήτε βούλε
σθαι ἐν γνωρίμοις τόποις ποιεῖν τὴν πλάνην. Πότερον οὖν αἴτνη μὲν
καὶ Τυρρηνία γνώριμα, Σκύλλαιον δὲ καὶ Χάρυβδις καὶ Κίρκαιον καὶ
Σειρηνοῦσσαι οὐ πάνυ; Ἢ καὶ Ἡσιόδῳ μὲν ἔπρεπε μὴ φλυαρεῖν,
ἀλλὰ ταῖς κατεχούσαις δόξαις ἀκολουθεῖν, Ὁμήρῳ δὲ πᾶν, ὅ τι ἂν ἐπ'
ἀκαιρίμαν γλῶσσαν ἴῃ, κελαδεῖν; Χωρὶς γὰρ τῶν λεχθέντων περὶ τοῦ
τρόπου τῆς πρεπούσης Ὁμήρῳ μυθοποιίας, καὶ τὸ πλῆθος τῶν
συγγραφέων τῶν ταὐτὰ θρυλούντων, καὶ τῆς κατὰ τοὺς τόπους
ἐπιχωριαζούσης φήμης διδάσκειν δύναται, διότι ταῦτα οὐ ποιητῶν
πλάσματά ἐστιν οὐδὲ συγγραφέων, ἀλλὰ γεγενημένων ἴχνη καὶ
προσώπων καὶ πράξεων.
| [1,2,14] 14. Tel n'est pas cependant l'avis d'Ératosthène : Hésiode, oui, à l'en
croire, aurait été parfaitement instruit et convaincu de la réalité des
courses d'Ulysse dans les parages de la Sicile et de l'Italie, et la preuve
qu'il en donne, c'est qu'au lieu de s'en tenir à la nomenclature homérique
il a mentionné de plus et l'Etna, et Ortygie, cet îlot situé en avant de
Syracuse, et la Tyrrhénie; mais, pour Homère, Ératosthène ne veut pas
admettre qu'il ait pu connaître, lui aussi, ces noms et qu'il ait jamais eu la
pensée d'assigner des lieux connus pour théâtre aux erreurs du héros-
Eh quoi! Si la Tyrrhénie et l'Etna sont des lieux connus de tous, est-ce
donc que le Scyllæum et Charybde, Circaeum et les Sirénusses soient
des lieux complètement ignorés? Ou bien Ératosthène prétend-il que le
frivole bavardage des poètes était au-dessous de la majesté d'Hésiode, et
qu'il a été réservé à lui seul de suivre toujours les traditions reçues, tan-
dis que le lot d'Homère a été de chanter étourdiment au gré de sa. langue
indiscrète? Mais, indépendamment de ce que nous avons déjà dit du
caractère particulier aux mythes homériques, le grand nombre
d'historiens qui ont célébré les mêmes faits, joint à la persistance des
mêmes traditions dans les localités en question, ne prouve-t-il pas
abondamment que ce ne sont pas là des fictions de poètes ou
d'historiens, mais bien les vestiges réels de personnages et d'événement-
des temps passés?
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