| [1,2,15] Καὶ Πολύβιος  δ'  ὀρθῶς ὑπονοεῖ τὰ περὶ τῆς πλάνης·  τὸν γὰρ 
αἰόλον  τὸν προσημαίνοντα τοὺς ἔκπλους ἐν τοῖς κατὰ τὸν πορθμὸν 
τόποις ἀμφιδρόμοις οὖσι καὶ δυσέκπλοις διὰ τὰς παλιρροίας ταμίαν τε 
εἰρῆσθαι τῶν ἀνέμων καὶ βασιλέα νενομίσθαι φησί·  καθάπερ Δαναὸν  
μὲν, τὰ ὑδρεῖα τὰ ἐν Ἄργει  παραδείξαντα,  Ἀτρέα  δὲ, τοῦ ἡλίου τὸν 
ὑπεναντίον τῷ οὐρανῷ δρόμον,  μάντεις τε καὶ ἱεροσκοπουμένους 
ἀποδείκνυσθαι βασιλέας·  τούς θ'  ἱερέας τῶν Αἰγυπτίων  καὶ 
Χαλδαίους  καὶ Μάγους,  σοφίᾳ τινὶ διαφέροντας τῶν ἄλλων 
ἡγεμονίας καὶ τιμῆς τυγχάνειν παρὰ τοῖς πρὸ ἡμῶν,  οὕτω δὲ καὶ τῶν 
θεῶν ἕνα ἕκαστον τῶν χρησίμων τινὸς εὑρετὴν γενόμενον τιμᾶσθαι.  
Ταῦτα δὲ προοικονομησάμενος οὐκ ἐᾷ  τὸν Αἰόλον  ἐν μύθου σχήματι 
ἀκούεσθαι, οὐδ'  ὅλην τὴν Ὀδυσσέως  πλάνην,  ἀλλὰ μικρὰ μὲν 
προσμεμυθεῦσθαι καθάπερ καὶ τῷ Ἰλιακῷ πολέμῳ,  τὸ δ'  ὅλον περὶ 
Σικελίαν  καὶ τῷ ποιητῇ πεποιῆσθαι καὶ τοῖς ἄλλοις συγγραφεῦσιν,  
ὅσοι τὰ περιχώρια λέγουσι τὰ περὶ τὴν Ἰταλίαν  καὶ Σικελίαν.  Οὐκ 
ἐπαινεῖ δὲ οὐδὲ τὴν τοιαύτην τοῦ Ἐρατοσθένους  ἀπόφασιν,  διότι 
φησὶ τότ'  ἂν εὑρεῖν τινα ποῦ Ὀδυσσεὺς  πεπλάνηται,  ὅταν εὕρῃ τὸν 
σκυτέα τὸν συρράψαντα τὸν τῶν ἀνέμων ἀσκόν.  Καὶ τοῦτο δ'  οἰκείως 
εἰρῆσθαι τοῖς συμβαίνουσι περὶ τὸ Σκύλλαιον  καὶ τὴν θήραν τῶν 
γαλεωτῶν τὸ ἐπὶ τῆς Σκύλλης· 
Αὐτοῦ δ'  ἰχθυάᾳ σκόπελον περιμαιμώωσα  
δελφῖνάς τε κύνας τε,  καὶ εἴ ποθι μεῖζον ἕλῃσι  κῆτος. 
Τοὺς γὰρ θύννους ἀγεληδὸν φερομένους παρὰ τὴν Ἰταλίαν,  ἐπειδὰν 
ἐμπέσωσι καὶ κωλυθῶσι τῆς Σικελίας  ἅψασθαι,  περιπίπτειν τοῖς 
μείζοσι τῶν ζῴων,  οἷον δελφίνων καὶ κυνῶν καὶ ἄλλων κητωδῶν·  ἐκ 
δὲ τῆς θήρας αὐτῶν πιαίνεσθαι τοὺς γαλεώτας,  οὓς καὶ ξιφίας 
λέγεσθαι καὶ κύνας φησί.  Συμβαίνειν γὰρ ταὐτὸν ἐνθάδε καὶ κατὰ 
τὰς ἀναβάσεις τοῦ Νείλου  καὶ τῶν ἄλλων ὑδάτων,  ὅπερ ἐπὶ πυρὸς 
καὶ ὕλης ἐμπιπραμένης·  ἀθροιζόμενα γὰρ τὰ θηρία φεύγειν τὸ πῦρ ἢ 
τὸ ὕδωρ, καὶ βορὰν γίνεσθαι τοῖς κρείττοσι.
 | [1,2,15] 15. Polybe, qui, lui aussi, a disserté sur le fait des erreurs d'Ulysse, a bien 
mieux su interpréter la pensée d'Homère : «Aeole, nous dit-il, indiquait 
d'une voix prophétique les moyens de franchir les parages du détroit 
rendus si dangereux par le va-et-vient perpétuel des marées, de là ce 
surnom d'arbitre ou de dispensateur des vents, et ce titre de roi que 
l'admiration des peuples lui a décerné. De même Danaüs, pour avoir 
révélé le gisement des sources d'Argos, et Atrée, pour avoir enseigné que 
la révolution du soleil se fait en sens contraire du mouvement du ciel, tous 
deux en raison de cette faculté de prédire l'avenir et d'interpréter la 
volonté des dieux, se sont vus décorer du titre de rois. De même encore, 
maints prêtres égyptiens, chaldéens ou mages, en raison de leur 
supériorité dans telle ou telle branche de la science, ont obtenu de nos 
ancêtres commandements et dignités : de même enfin, chacun de nos 
dieux doit les honneurs qu'on lui rend à ce qu'il est réputé l'inventeur de 
quelqu'un de nos arts utiles.» Cela dit en façon de préambule, Polybe nie 
formellement qu'on puisse entendre dans le sens mythique soit le 
personnage d'Éole, en particulier, soit l'ensemble de l'Odyssée : quelques 
détails fabuleux sans importance ont bien pu, ajoute-t-il, y trouver place, 
comme dans le poème de la guerre d'Ilion, mais pour tout le reste le récit 
que fait le poète des événements, dont les parages de la Sicile ont été le 
théâtre, ne diffère pas de celui des autres historiens, qui ont rapporté les 
traditions des différentes localités de l'Italie et de la Sicile. Polybe 
n'applaudit pas non plus à l'étrange boutade d'Ératosthène s'écriant :
«Le théâtre des erreurs d'Ulysse! Vous le trouverez le jour où vous aurez 
trouvé aussi l'ouvrier corroyeur qui a cousu l'OUTRE DES VENTS.»
Loin de là, il nous montre comment le portrait qu'Homère a fait de Scylla 
s'applique exactement aux circonstances de la pêche des galéotes, telle 
qu'elle se fait autour du Scyllaeum
«Sans cesse bondissant autour de son rocher, le monstre poursuit 
dauphins et chiens marins; et la proie, même plus «grosse, n'échappe 
point à sa rage.»
Effectivement les thons, réunis en troupe, après avoir longé la côte de 
l'Italie, s'engagent dans le détroit , mais écartés de la côte de Sicile {par la 
force des courants}, ils rencontrent des animaux de plus grande taille, tels 
que dauphins, chiens marins et autres cétacés , et deviennent ainsi la 
proie dont s'engraissent les galéotes, que Polybe nous dit s'appeler aussi 
espadons et chiens marins. Car ce qui se produit là, dans le détroit, 
comme aussi dans le Nil et dans les autres fleuves à l'époque des 
grandes crues, ressemble tout à fait à ce qui arrive dans les forêts 
incendiées : les bêtes menacées se rassemblent pour fuir le feu et l'eau 
et deviennent la proie d'animaux plus forts.
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