[1,2,16] Ταῦτα δ' εἰπὼν διηγεῖται τῶν γαλεωτῶν θήραν, ἣ συνίσταται περὶ
τὸ Σκύλλαιον· σκοπὸς γὰρ ἐφέστηκε κοινὸς ὑφορμοῦσιν ἐν δικώποις
σκαφιδίοις πολλοῖς, δύο καθ' ἕκαστον σκαφίδιον· καὶ ὁ μὲν ἐλαύνει,
ὁ δ' ἐπὶ τῆς πρώρας ἕστηκε δόρυ ἔχων, σημήναντος τοῦ σκοποῦ τὴν
ἐπιφάνειαν τοῦ γαλεώτου· φέρεται δὲ τὸ τρίτον μέρος ἔξαλον τὸ
ζῷον. Συνάψαντος δὲ τοῦ σκάφους, ὁ μὲν ἔπληξεν ἐκ χειρός, εἶτ'
ἐξέσπασεν ἐκ τοῦ σώματος τὸ δόρυ χωρὶς τῆς ἐπιδορατίδος·
ἀγκιστρώδης τε γάρ ἐστι καὶ χαλαρῶς ἐνήρμοσται τῷ δόρατι ἐπίτηδες,
καλώδιον δ' ἔχει μακρὸν ἐξημμένον. Τοῦτ' ἐπιχαλῶσι τῷ τρωθέντι
τέως ἕως ἂν κάμῃ σφαδάζον καὶ ὑποφεῦγον· τότε δ' ἕλκουσιν ἐπὶ τὴν
γῆν, ἢ εἰς τὸ σκάφος ἀναλαμβάνουσιν, ἐὰν μὴ μέγα ᾖ τελέως τὸ
σῶμα. Κἂν ἐκπέσῃ δὲ εἰς τὴν θάλατταν τὸ δόρυ, οὐκ ἀπόλωλεν· ἔστι
γὰρ πηκτὸν ἔκ τε δρυὸς καὶ ἐλάτης, ὥστε βαπτιζομένου τοῦ δρυίίνου
βάρει μετέωρον εἶναι τὸ λοιπὸν καὶ εὐανάληπτον. Συμβαίνειν δέ ποτε
καὶ τιτρώσκεσθαι διὰ τοῦ σκαφιδίου τὸν κωπηλάτην διὰ τὸ μέγεθος
τοῦ ξίφους τῶν γαλεωτῶν καὶ τὸ τὴν ἀκμὴν τοῦ ζῴου συαγρώδη εἶναι
καὶ τὴν θήραν. Ἔκ τε δὴ τῶν τοιούτων εἰκάζοι τις ἄν, φησί, περὶ
Σικελίαν γενέσθαι τὴν πλάνην κατὰ τὸν Ὅμηρον, ὅτι τῇ Σκύλλῃ
προσῆψε τὴν τοιαύτην θήραν, ἣ μάλιστ' ἐπιχώριός ἐστι τῷ Σκυλλαίῳ·
καὶ ἐκ τῶν περὶ τῆς Χαρύβδεως λεγομένων ὁμοίων τοῖς τοῦ πορθμοῦ
πάθεσι. Τὸ δέ
Τρὶς μὲν γάρ τ' ἀνίησιν,
ἀντὶ τοῦ δίς, γραφικὸν εἶναι ἁμάρτημα ἢ ἱστορικόν.
| [1,2,16] 16. Polybe ne s'en tient pas là et nous décrit tout au long la pêche des
galéotes, telle qu'elle se fait aux abords du Scyllæum. On place un
homme en vigie, qui doit donner le signal à la fois pour tous les pêcheurs
arrêtés au mouillage et montés sur de petites barques birèmes, deux sur
chaque : tandis que l'un conduit la barque, l'autre, debout sur la proue,
tient en main un harpon. La vigie signale l'apparition du galéote, qui
s'avance d'ordinaire un bon tiers du corps hors de l'eau. La barque le joint
et le pêcheur, une fois à portée de sa proie, la frappe de son harpon, puis
le lui arrache du corps, moins le fer qui est fait en forme de hameçon, et
fixé exprès très mollement à la hampe. On lâche alors à l'animal blessé le
long câble attaché au harpon, jusqu'à ce qu'il se soit épuisé à se débattre
et à fuir; puis on le tire à terre ou bien on le recueille dans la barque, s'il
n'est pas de dimensions énormes. Le harpon tomberait à la mer qu'il ne
serait point perdu pour cela, vu qu'on a soin de le faire de bois de chêne
et de bois de sapin, pour que, si la partie en chêne plonge entraînée par
son poids, le reste demeure hors de l'eau et se laisse aisément
reprendre. Il n'est pas rare que le rameur soit blessé à travers la barque,
tant est longue l'épée des galéotes, tant cette pêche par l'énergique
résistance de l'animal rappelle les dangers de la chasse au sanglier ! «
De tels faits, ajoute Polybe, permettent de conclure, à ce qu'il semble,
que ce sont bien les parages de la Sicile qu'Homère a entendu assigner
pour théâtre aux erreurs d'Ulysse, puisqu'il attribue à Scylla poursuivant
sa proie les habitudes mêmes des pêcheurs du Scyllæum; et la même
conclusion se peut tirer des détails qu'il donne au sujet de Charybde, vu
l'analogie qu'ils présentent avec les phénomènes qu'on observe dans le
détroit. Quant à avoir dans le vers déjà cité, «Trois fois elle le rejette, etc.»
dit trois fois au lieu de deux, ce n'est là, suivant Polybe, qu'une erreur
sans importance soit de copie, soit d'observation.
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