[3] (1) Ἐστρατεύσατο δὲ πρώτην στρατείαν ἔτι μειράκιον ὤν, ὅτε Ταρκυνίῳ τῷ
βασιλεύσαντι τῆς Ῥώμης, εἶτ´ ἐκπεσόντι μετὰ πολλὰς μάχας καὶ ἥττας ὥσπερ
ἔσχατον κύβον ἀφιέντι πλεῖστοι μὲν Λατίνων, πολλοὶ δὲ καὶ τῶν ἄλλων
Ἰταλιωτῶν συνεστράτευον καὶ συγκατῆγον ἐπὶ τὴν Ῥώμην, οὐκ ἐκείνῳ
χαριζόμενοι μᾶλλον ἢ φόβῳ τὰ Ῥωμαίων αὐξανόμενα καὶ φθόνῳ
καταβάλλοντες. (2) ἐν ταύτῃ τῇ μάχῃ πολλὰς τροπὰς ἐπ´ ἀμφότερα λαμβανούσῃ
Μάρκιος ἀγωνιζόμενος εὐρώστως, ἐν ὄψει τοῦ δικτάτορος ἄνδρα Ῥωμαῖον
πεσόντα πλησίον ἰδών, οὐκ ἠμέλησεν, ἀλλ´ ἔστη πρὸ αὐτοῦ καὶ τὸν
ἐπιφερόμενον τῶν πολεμίων ἀμυνόμενος ἀπέκτεινεν. (3) ὡς οὖν ἐκράτησεν ὁ
στρατηγός, ἐν πρώτοις ἐκεῖνον ἐστεφάνωσε δρυὸς στεφάνῳ. τοῦτον γὰρ ὁ νόμος
τῷ πολίτην ὑπερασπίσαντι τὸν στέφανον ἀποδέδωκεν, εἴτε δὴ μάλιστα τιμήσας
δι´ Ἀρκάδας τὴν δρῦν, βαλανηφάγους ὑπὸ τοῦ θεοῦ χρησμῷ προσαγορευθέντας,
εἴθ´ ὡς ταχὺ καὶ πανταχοῦ δρυὸς οὖσαν εὐπορίαν στρατευομένοις, εἴτε Διὸς
Πολιέως ἱερὸν ὄντα τὸν τῆς δρυὸς στέφανον οἰόμενος ἐπὶ σωτηρίᾳ πολίτου
δίδοσθαι πρεπόντως. (4) ἔστι δ´ ἡ δρῦς τῶν μὲν ἀγρίων καλλικαρπότατον, τῶν δὲ
τιθασῶν ἰσχυρότατον. ἦν δὲ καὶ σιτίον ἀπ´ αὐτῆς ἡ βάλανος καὶ ποτὸν τὸ
μελίτειον, ὄψον δὲ παρεῖχε τὰ πλεῖστα τῶν νεμομένων τε καὶ πτηνῶν, θήρας
ὄργανον φέρουσα τὸν ἰξόν. (5) ἐν ἐκείνῃ δὲ τῇ μάχῃ καὶ τοὺς Διοσκόρους
ἐπιφανῆναι λέγουσι, καὶ μετὰ τὴν μάχην εὐθὺς ὀφθῆναι ῥεομένοις ἱδρῶτι τοῖς
ἵπποις ἐν ἀγορᾷ τὴν νίκην ἀπαγγέλλοντας, οὗ νῦν ὁ παρὰ τὴν κρήνην νεώς
ἐστιν αὐτοῖς ἱδρυμένος. (6) ὅθεν καὶ τὴν ἡμέραν ἐκείνην ἐπινίκιον, οὖσαν ἐν τῷ
Ἰουλίῳ μηνὶ τὰς εἰδούς, Διοσκόροις ἀνιερώκασι.
| [3] (1) Il fit sa première campagne tout jeune encore, quand
Tarquin, qui avait été roi de Rome et s'en trouva ensuite
banni, après bien des combats et des défaites, jeta en
quelque sorte une dernière fois le dé. La plupart des
Latins, mais aussi nombre d'autres Italiens, s'employaient à
soutenir sa campagne et à le ramener à Rome -- c'était moins
par complaisance pour le personnage que par crainte et par
envie qu'ils tentaient d'abattre la fortune grandissante des
Romains... (2) Au cours de cette bataille, qui tourna bien
des fois d'un côté puis de l'autre, Marcius, qui luttait
avec vigueur sous les yeux du dictateur, vit un Romain
tomber près de lui; loin de le délaisser, il se dressa
devant lui en protecteur et tua l'ennemi qui l'assaillait.
(3) Le commandant, une fois qu'il eût remporté la victoire,
couronna Marcius, parmi les tout premiers, d'une couronne de
chêne -- cette couronne, la loi la décerne à celui qui a
sauvé un concitoyen en le protégeant de son bouclier. (Le
législateur entendait-il ainsi honorer tout particulièrement
le chêne à cause des Arcadiens, dénommés "mangeurs de
glands" suite à l'oracle du dieu? ou avait-il constaté que
les corps expéditionnaires trouvent d'emblée, un peu
partout, quantité de chênes? ou bien croyait-il que, la
couronne de chêne étant consacrée à Zeus Polieus, il était
adéquat de la décerner à l'occasion du sauvetage d'un
citoyen?) (4) Encore, parmi les arbres sauvages, le chêne
est-il celui qui donne les plus beaux fruits, tandis qu'il
est le plus vigoureux des arbres cultivés. Enfin, c'était
lui qui produisait le gland comme nourriture et l'hydromel
comme boisson, et qui, en apportant la glu tirée du gui
comme instrument de chasse, offrait en repas la plupart des
oiseaux. (5) C'est aussi au cours de cette bataille
qu'apparurent, dit-on, les Dioscures qui, aussitôt après,
furent aperçus au forum sur leurs chevaux ruisselants de
sueur: ils annonçaient la victoire, là même où se trouve
aujourd'hui, près de la fontaine, le sanctuaire qui leur est
dédié. (6) Aussi bien est-ce aux Dioscures qu'on a consacré
le jour de cette victoire, c'est-à-dire les ides de juillet.
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