|
[5] οἱ δ´ ἱερεῖς οὕτω δυσχεραίνουσι τὴν τῶν
περιττωμάτων φύσιν, ὥστε μὴ μόνον παραιτεῖσθαι τῶν
ὀσπρίων τὰ πολλὰ καὶ τῶν κρεῶν τὰ μήλεια καὶ ὕεια
πολλὴν ποιοῦντα περίττωσιν, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἅλας τῶν
σιτίων ἐν ταῖς ἁγνείαις ἀφαιρεῖν, ἄλλας τε πλείονας αἰτίας
ἔχοντας καὶ τὸ ποτικωτέρους καὶ βρωτικωτέρους ποιεῖν
ἐπιθήγοντας τὴν ὄρεξιν. τὸ γάρ, ὡς Ἀρισταγόρας
ἔλεγε, διὰ τὸ πηγνυμένοις πολλὰ τῶν μικρῶν ζῴων
ἐναποθνήσκειν ἁλισκόμενα μὴ καθαροὺς λογίζεσθαι τοὺς
ἅλας εὔηθές ἐστι. | λέγονται δὲ καὶ τὸν Ἆπιν ἐκ φρέατος
ἰδίου ποτίζειν, τοῦ δὲ Νείλου παντάπασιν ἀπείργειν, οὐ
μιαρὸν ἡγούμενοι τὸ ὕδωρ διὰ τὸν κροκόδειλον, ὡς ἔνιοι
νομίζουσιν (οὐδὲν γὰρ οὕτως τίμιον Αἰγυπτίοις ὡς ὁ
Νεῖλος)· ἀλλὰ πιαίνειν δοκεῖ καὶ μάλιστα πολυσαρκίαν
ποιεῖν τὸ Νειλῷον ὕδωρ πινόμενον· οὐ βούλονται δὲ τὸν
Ἆπιν οὕτως ἔχειν οὐδ´ ἑαυτούς, ἀλλ´ εὐσταλῆ καὶ κοῦφα
ταῖς ψυχαῖς περικεῖσθαι τὰ σώματα καὶ μὴ πιέζειν
μηδὲ καταθλίβειν ἰσχύοντι τῷ θνητῷ καὶ βαρύνοντι τὸ θεῖον.
| [5] Les prêtres d'Isis ont tant de répugnance pour toute
nature de sécrétions, que non seulement ils s'abstiennent
presque généralement de légumes, ainsi que de la chair des
brebis et de celle des porcs, lesquelles donnent lieu à beaucoup
de résidus, mais qu'encore au temps de leurs dévotions
ils s'interdisent le sel dans les aliments. Entre autres raisons
nombreuses qu'ils en donnent, ils prétendent que le sel, excitant
l'appétit, fait trop manger et trop boire. Car l'opinion
émise par Aristagoras, que le sel est regardé comme
impur parce que quand il se cristallise il y meurt un grand
nombre de petits insectes qui s'y trouvent pris, cette opinion
est une puérilité. On dit aussi que le boeuf Apis se
désaltère à un puits particulier, et qu'on l'écarte soigneusement
du Nil. Ce n'est pas que le séjour du crocodile
dans ses eaux rende le fleuve impur à leurs yeux, comme
le pensent quelques-uns : car on ne sait rien qui soit aussi
vénéré chez les Egyptiens que le Nil; mais ils croient que
son eau engraisse et donne un embonpoint extraordinaire;
et c'est ce qu'ils redoutent pour le boeuf Apis comme pour
eux-mêmes. Ils veulent que le corps, qui sert d'enveloppe
à l'âme, soit leste et dégagé, qu'il ne la surcharge pas, ne
l'écrase pas, enfin que l'élément mortel n'ait aucune
prépondérance par laquelle le principe divin soit étouffé.
| [6] Οἶνον δ´ οἱ μὲν ἐν Ἡλίου πόλει θεραπεύοντες τὸν
θεὸν οὐκ εἰσφέρουσι τὸ παράπαν εἰς τὸ ἱερόν, ὡς οὐ
προσῆκον ὑπηρέτας πίνειν τοῦ κυρίου καὶ βασιλέως ἐφορῶντος·
οἱ δ´ ἄλλοι χρῶνται μὲν ὀλίγῳ δέ. πολλὰς δ´
ἀοίνους ἁγνείας ἔχουσιν, ἐν αἷς φιλοσοφοῦντες καὶ μανθάνοντες
καὶ διδάσκοντες τὰ θεῖα διατελοῦσιν. οἱ δὲ βασιλεῖς
καὶ μετρητὸν ἔπινον ἐκ τῶν ἱερῶν γραμμάτων, ὡς Ἑκαταῖος
ἱστόρηκεν, ἱερεῖς ὄντες· ἤρξαντο δὲ πίνειν
ἀπὸ Ψαμμητίχου, πρότερον δ´ οὐκ ἔπινον οἶνον οὐδ´
ἔσπενδον ὡς φίλιον θεοῖς ἀλλ´ ὡς αἷμα τῶν πολεμησάντων
ποτὲ τοῖς θεοῖς, ἐξ ὧν οἴονται πεσόντων καὶ τῇ γῇ
συμμιγέντων ἀμπέλους γενέσθαι· διὸ καὶ τὸ μεθύειν
ἔκφρονας ποιεῖν καὶ παραπλῆγας, ἅτε δὴ τῶν προγόνων
τοῦ αἵματος ἐμπιπλαμένους. ταῦτα μὲν οὖν Εὔδοξος ἐν
τῇ δευτέρᾳ τῆς περιόδου λέγεσθαί φησιν οὕτως ὑπὸ τῶν ἱερέων.
| [6] Les prêtres du soleil, à Héliopolis, n'apportent jamais
de vin dans le temple. Ils regarderaient comme une inconvenance
de boire pendant le jour sous les regards de leur
seigneur et roi. Les autres prêtres en usent, mais en petite
quantité. Il y a un grand nombre de réunions religieuses où
le vin ne figure pas : ce sont celles où ils s'occupent d'étudier,
d'apprendre eux-mêmes et d'enseigner les vérités divines.
Les rois ne buvaient de vin que dans une proportion
déterminée par leurs saintes écritures, au rapport de l'historien
Hécatée, et parce qu'ils étaient prêtres. Ils commencèrent
à en boire depuis Psamméticus; avant lui ils n'en prenaient
point, et n'en faisaient pas usage non plus pour les
libations. Ce n'est pas qu'ils crussent complaire aux Dieux;
mais dans leur opinion, le sang de ceux qui combattirent
jadis contre les habitants de l'Olympe, et qui, ayant mordu
la poussière, confondirent leurs cadavres avec le sol, ce sang,
disent-ils, a produit les vignes. C'est pourquoi, à les entendre,
l'ivresse rend les buveurs fous et furieux, parce
qu'ils sont gorgés du sang de leurs ancêtres. Ces détails,
Eudoxe, dans le deuxième livre de son Voyage autour de la
terre, déclare qu'ils sont racontés par les prêtres eux-mêmes.
| | |